Écrit sur oeuvre. L’Haridon, Côtes de Belleville (Bretagne)
Il faut toujours prévoir d’où vient la lumière avant d’affirmer une quelconque réalité nouvelle. La lumière, lorsqu’on connaît son origine, guide la voix de l’artiste. Si il ne prend pas garde à sa provenance elle peut aveugler son désir.
Le critérium
Pourquoi ce frottement de la mine du critérium m’insupporte ?
Il faut à chaque fois le tourner de 180 degrés pour retrouver le crissement de l’arrête.
Je préfère inciser qu’aplanir les vers.
Je préfère sentir le mouvement qui tranche les mots que leur compression d’un trait grossi sur la feuille.
Quel antique sentiment psychologique que l’impression d’injecter, de piquer, plutôt que de couvrir une peau, en l’occurrence ici, une feuille, de sa main ou de son crayon.
Quel plaisir de percer à jour par le mouvement de la main incisant une feuille de papier pour la marquer du mot.
Je préfère piquer jusqu’au sang l’amante que d’écrire des vers gros comme le monde.
Aveu
Les poètes sont des philosophes ratés
Entendu au café de Château Du Loir
« Tu pourrais me rapporter le carnet de commande steuplait »
Le steuplait vient comme un poème enveloppant l’amour quotidien d’une femme dans le commerce et le commerce de son couple
Réfléchi
C’est les mots qui déplacent les choses et non le contraire.
Réfléchi
Lorsque je travaille, j’étudie. J’ai le sentiment que les failles essentielles de la poésie me permettent, en y plongeant mon corps, de sauver mon esprit.
Écrit sur oeuvre : Lhermitte – Les Halles – 1895
Fraicheur de l’esquisse préservant la virtuosité
des expressions
la foule cependant laisse sur sa faim
Au fond, Saint Eustache, l’église me rappelle des moments antiques.
Mule inutile que j’étais à porter du vide.
Sans titre
suer intelligemment
veut dire être smart ?
puisqu’il faut croire comme tout le monde
à un lieu
une surface
j’éructe du savoir
du liquide profond
qui meut vos mémoires :
« est-il un homme ?
« est-il un arbre ?
« ou même, sa racine ? En lui-même sa racine, ses pieds ?
« non il vomit des petites filles... "
j’ai trahi le monde
j’insiste ton oeil
il vit décapité sa tête est le soleil
/ Apollinaire /
C.Colomb
cap sans le compas
colomb
pour le voyageur sans possible
en lui sans accès
sans dire
sans limite
son cœur résout la mer fendue
jamais
toujours
il vit
À ma mère. Janvier 2018
Ne touche pas les morts
Même s’ils pleurent
Ils sont inconsolables
Et tu le sais bien
*
Les feuilles sont tombées
Lorsque je suis né
Restaient deux marronniers fragiles
Et je vous aimais sans le soupçonner
Vous souteniez un monde
Le monde peut-être
*
Tu avais l’âge que j’ai aujourd’hui
Tu étais ceinte d’une couronne d’or
Et armée d’un majestueux glaive
*
Pourtant tes feuilles manquaient
Les marrons pourrissaient par terre
Comme ceux des allées de Sainte-Anne
Il n’y a pas d’image pour décrire
Il n’y a pas de mot pour penser l’origine
Et je jette un caillou dans le puits
Et attends désespérément le bruit qu’il pourrait provoquer
*
Dans les années et les secondes
Tu m’as donné ton glaive
J’ai écrit
Aussi, tu m’as donné la couronne lumineuse d’un grand-père
Et de son obscur et pourtant pénétrant souvenir
Peut-être sans le faire exprès
Mais l’acte, par un heureux hasard a été commis
Et ceci est indescriptible
*
Tu m’as appris à faire ce qui comptait pour moi
Et voilà le printemps
Comme un poème qui connaît le silence des choses
*
Lorsque je mourrai
Le vent sifflera encore
*
À ta mort je coudrai l’étrangeté de
Ce qui participe à moi
En moi
Et au silence
*
Quelque chose comme un bruit
Un bruit de caillou qui tombe dans l’eau
Se fera finalement entendre
Il sera l’heure pour moi d’imaginer des transparences
Pour y voir plus clair
Pour t’aimer comme on aime un caillou
Un nuage
Avant d’aimer la vérité
*
Quelqu’un a fait sonner un mot
Trop tard peut-être
Mais le bruit fut exact sans nul doute.