La beauté d'un ciel nuageux de mai
Les nuages sont des nuages
et ces trois personnes n’ont rien à se dire.
Si elles se révèlent être vraies,
ces deux affirmations engagent mon existence en deux voies :
l’inexistence de la beauté et l’existence de l’angoisse.
Car si les nuages ne sont que des nuages alors la beauté n’existe pas.
Puisque la beauté se trouve toujours dans le lieu ouvert par la matière – lieu immatériel d’où une parole peut s’échapper.
Si ces trois personnes n’ont réellement rien à se dire alors l’angoisse existe.
Car l’angoisse se dévoile toujours lorsque l’homme est à découvert,
lorsqu’il n’a pas de toit pour se protéger de la pluie,
lorsqu’il n’a pas comme rempart la parole, l’angoisse provient de cette vulnérabilité,
cette extinction de la parole, ce manque qui donne lieu au non-lieu.
Peut-être est-ce par ce que la beauté n’existe pas que ces trois personnes sont angoissés.
La beauté n’existe que dans la profondeur de la joie,
l’angoisse dans la profondeur de la merde.
Il m’est angoissant de ne voir seulement que des nuages dans le ciel
autant qu’il m’est angoissant de voir ces trois personnes n’avoir rien à se dire
et se forcer à parler pour ne pas laisser les blancs les envahir.
Mon angoisse est celle-là de voir les choses telles qu’elles sont :
des nuages blancs, des gens tendus.
Pourtant de ces deux affirmations je ne peux être sûr de leur vérité :
il y a une hésitation dans mon jugement.
Cette hésitation fait lieu de poème.
Le poème est habité par l’hésitation.
Cependant je choisis de pencher d’un côté,
Le plaisir d’avoir à dire
De la beauté d’un ciel nuageux de mai.
Un instant, puis un autre
un instant
puis un autre
et encore un autre
quand cela cessera-t-il ?
penser à ton corps
comme le pinceau pense la couleur
il la brosse sur l’infinité du tableau
un instant… c’est bien Dieu ?
et non, ce n’est que le peintre
qui pense le paysage
comme je te pense langage
la brosse sur tes cheveux bleus
la brosse qui peint le ciel
et le pinceau changeant, presqu’éternel
Ailleurs, nous irons
faire de nos vies des cérémonies bien trop pures
C’est pourquoi chaque mot dit ce qu’il est en plus :
Le dessein moi vers toi et de toi vers moi
bouche pleine de bruit
bouche ouverte et cette insomnie
bouche pleine de nuit
Réfléchi beaux-arts
Sculpture : adoration (des totems à la vierge marie)
Peinture : juste admiration
Giacoco
« Complétement détaché de ce moi auquel cela arrive »
/ Giacometti / 1963
L’un l’autre
Sans fusion
Ni mur
Pourquoi ?
Je le sais et je le nie,
Et niant, je fais totalement, tout le temps avec.`
Le Chien
Le Chien est assis
Il S’est assis
Il a mangé son pâté
Et s’est assis à côté de moi
Je me suis courbé
J’ai prié pour que ses pattes nuisent à la Terre
Entrevu dirigé par un soldat qui se fait devenir dieu
Et je n’ai jamais eu de complexe
A part quand j’avais les pattes de chien sales sur mes oreilles
Alors le docteur me les a enlevées
Il a été un saint ce jour-là
J’ai baisé sa fille
Pour lui prouver mon amour
J’ai construit de la cendre autour du pentacle où je l’ai adoré
Comme le Chien
J’ai mangé du pâté
Me suis retourné vers l’étendue blanche
Et j’ai écrit un poème
Le centre du poème est fume
Le pourtour du poème est fume
Le centre du poème est au centre du Chien
Je n’ai jamais voulu écrire
Mais j’ai écrit pour redevenir le premier Chien
Et la fille du docteur m’a ramené à l’asile
Les grands
Mon cœur bat trop vite – je prends un lexo –
Pourquoi le prendre si c’est pour étouffer ?
Au Peintre je vois un père et sa fille, de l’autre côté ;
Ce gars était au lycée avec moi
Qu’ai-je oublié pour ne pas avoir d’enfant moi ?
Que n’ai-je pas informer de ce qui fait ma jeunesse ?
La maladie ? Les toxiques ? Ou mon visage, tout simplement ?
(Pourquoi me suis-je courbé ? Puisque mon visage s’est tu…
Je dis : si mes os sont blancs, ma chair est fasciste : brune)
Demain ne sera pas – deuxième lexo –
J’ai perdu la partie, lassé de me branler sur xhamster.
J’ai du oublier je pense. Oublier la signifiance des beaux gestes…
Il discute avec sa fille. Elle ne doit pas avoir plus de six ans.
Si je fais un peu d’algèbre, je pense qu’elle naquit alors que ce gars avait 21 ans.
Et moi ? Et lui ? Et elle ?
- troisième lexo –
Publié depuis Overblog
Je trace sur le sol des mots de feu
ma date débile
Croire qu’on m’aime et que j’aime
et que je loue et que je suis
alors que c’est simplement durer.
Cet enfant est un amour
Je me lève, je vais faire le café.
J’attends que le café se finisse pour fumer une cigarette.
Je me branle sur xvideos.
Je relis deux poèmes de Yeats.
Je commence à écrire.
J’arrête d’écrire.
Je mène la vie que je ne veux pas mener.
Je suis saoul du matin 6h.
Je crève l’abcès de ma gencive du bas.
J’attends d’appeler le dentiste pour prendre rendez-vous.
Je me rebranle sur xvideos.
Je vais au supermarché.
Je reviens et j’appelle le dentiste.
Le rendez-vous sera a 15h30 vendredi prochain.
Je me demande si je vais avoir un autre abcès.
Je lis encore un auteur anglophone.
Il dit ne pas vouloir pleurer la mort d’un enfant dans les flammes.
Je crois savoir que son fils est mort en bas-âge.
Je lance la machine à linge.
Je me rassieds à mon bureau.
Je sors un livre de linguistique.
Je le feuillette et me rendors.
Le bruit de la machine à laver me réveille.
Je ne me sens pas bien.
Puis je me sens bien.
Je crois que c’est grâce à Dylan Thomas.
Je me sens bien et ça fait du bien.
Ça faisait trois semaines que je ne me sentais pas bien.
Je commence à tourner en rond.
Le chat ronronne.
Il est 11h.
Je commence à avoir faim.
En préparant à manger je me convainc enfin de finir Joyce.
En préparant le riz je désespère de ne pas être amoureux.
Je vais étendre le linge en chantant Joe Dassin.
Je vais siffler et attendre sur la colline en espérant qu’un jour une fille m’aime à nouveau.
Je me rassieds sur mon bureau.
J’ouvre le livre Pléiade consacré à Pessoa.
Je le referme.
Je commence à avoir envie de boire.
Je caresse mon chat.
Je pense à une fille.
Ma gencive me fait mal.
Je me rebrosse les dents.
Je crois que se brosser les dents soigne les carries.
Je sors faire un tour parc Montsouris.
Je me rappelle de ma mère morte il y a deux ans.
Je ne pleure pas car je suis heureux.
Le parc Montsouris était son parc préféré.
Je remonte dans mon deux pièces.
J’appelle Victor pour le projet de livre.
Il ne me prend pas au sérieux.
Je me convainc qu’il ne sait pas à qui il a à faire.
Je lui re explique que j’aimerais qu’il dessine sur mes poèmes.
Ma mère est dans mon dos.
Il est 17h.
Il y a deux heures j’ai fumé une cigarette en pliant le linge.
J’ouvre encore mon ordinateur.
J’hésite entre me branler et écrire.
J’écris.
Écrire me rend triste.
Je parle tout haut à ma mère.
« Cet enfant est un amour ».
Je viens de le lire.
Il n’y a presque pas de nuages.
La nuit tombe.
Il est 20h et je n’ai toujours pas la certitude que l’enfant de Dylan Thomas est mort en bas-âge.
Je cherche sur Wikipédia.
Aucun enfant n’est mort en bas-âge.
Je commence à être fatigué.
J’attends que maman m’apporte un thé.
Je me remémore ses mots sur la table le matin pour s’excuser ou pour me dire que les choses vont aller mieux.
J’achète le discours d’un fragment amoureux sur Amazon.
Je change les draps et la housse de couette de mon lit.
Je me couche avec Dylan Thomas pour résoudre l’énigme de l’enfant.
Je m’endors.
Je rêve d’un ancien jeux vidéo auquel je jouais.
Papa m’appelle dans la nuit et me réveille.
Il est très ivre.
Je le rassure.
Puis je raccroche le téléphone en le mettant sur silencieux.
La nuit est étoilé.
Je le vois car je suis allé fumer une cigarette au balcon.
Le chat vient se frotter contre moi.
Je crois que j’ai envie de pleurer.
Je commence à pleurer.
J’arrête de pleurer.
J’imagine le monde avant ma naissance.
J’y vois mes parents à mon âge.
Je n’arrive pas à me rendormir.
Je sors.
Il y a un bar ouvert.
J’entre sans l’envie de boire.
Il y a une fille laide au comptoir.
Elle me demande ce qu’il y a écrit sur mes mains.
Je ne réponds rien et commande un verre de vin.
Je me réveille.
Il est 7h du matin.
Je vais faire du café.
J’ai encore un abcès à la gencive.
J’ai mal.
Je vomis dans l’évier
J’écris un poème sans métaphore.
Je fume une cigarette en le relisant.
Je le trouve bon.
Je me trouve rougeaud dans la glace.
J’écris un article pour Transfuge qu’on m’a commandé.
J’essaye de ne pas parler de ma mère.
Je nettoie l’évier.
Je prends une douche.
Je pense au zyklon b.
J’écris le présent poème.
Je me sens fatigué.
J’arrête d’écrire.
Je pense à l’école primaire.
J’ai faim.
Je sens quelqu’un derrière mon dos.
Je me retourne et il n’y a personne.
Je retourne au parc Montsouris.
J’ai mangé un Burger King que je n’ai pas aimé.
Je digère ce que je n’ai pas aimé au parc Montsouris.
Je vais faire les courses.
La file est longue à la caisse.
Je me sens nerveux.
En montant les escalier pour aller à mon appartement je jure car j’ai oublié les croquettes du chat.
Je pose les courses et redescends acheter les croquettes.
Une heure plus tard je suis à mon bureau.
J’ai fini l’article et commence à avoir envie de faire une sieste.
Je fume une cigarette.
J’écris un poème sans métaphore.
Je le relis lentement et le corrige.
Je commence à aller mieux.
Le poème m’y a aidé.
J’entends le bruit de la chasse d’eau cassée.
Je m’endors en me faisant croire que je ne l’ai pas entendu.
Je sens quelqu’un dans l’appartement.
J’ai hérité lorsque ma mère est morte.
Je me cogne la tête contre la table jusqu’à saigner.
Je pleure.
Je commence à crier.
Rien ne va plus.
Au bout d’une vingtaine de minute je me suis calmé et ne comprend pas ce qui m’a pris.
Il est 22h.
Je regarde par la fenêtre du balcon.
La nuit ressemble à celle d’hier.
Je me réveille.
Je me branle.
« Cet enfant est un amour ».