La beauté d'un ciel nuageux de mai
Les nuages sont des nuages
et ces trois personnes n’ont rien à se dire.
Si elles se révèlent être vraies,
ces deux affirmations engagent mon existence en deux voies :
l’inexistence de la beauté et l’existence de l’angoisse.
Car si les nuages ne sont que des nuages alors la beauté n’existe pas.
Puisque la beauté se trouve toujours dans le lieu ouvert par la matière – lieu immatériel d’où une parole peut s’échapper.
Si ces trois personnes n’ont réellement rien à se dire alors l’angoisse existe.
Car l’angoisse se dévoile toujours lorsque l’homme est à découvert,
lorsqu’il n’a pas de toit pour se protéger de la pluie,
lorsqu’il n’a pas comme rempart la parole, l’angoisse provient de cette vulnérabilité,
cette extinction de la parole, ce manque qui donne lieu au non-lieu.
Peut-être est-ce par ce que la beauté n’existe pas que ces trois personnes sont angoissés.
La beauté n’existe que dans la profondeur de la joie,
l’angoisse dans la profondeur de la merde.
Il m’est angoissant de ne voir seulement que des nuages dans le ciel
autant qu’il m’est angoissant de voir ces trois personnes n’avoir rien à se dire
et se forcer à parler pour ne pas laisser les blancs les envahir.
Mon angoisse est celle-là de voir les choses telles qu’elles sont :
des nuages blancs, des gens tendus.
Pourtant de ces deux affirmations je ne peux être sûr de leur vérité :
il y a une hésitation dans mon jugement.
Cette hésitation fait lieu de poème.
Le poème est habité par l’hésitation.
Cependant je choisis de pencher d’un côté,
Le plaisir d’avoir à dire
De la beauté d’un ciel nuageux de mai.