La tarte aux pommes
«ohlala il ne fallait pas »
c’est ce que
nous a dit
la voisine
lorsqu’on a ramené une tarte aux pommes
pour le dessert
je me demande
« il fallait quoi alors ?
des rillettes,
des poils de pubis,
une tête d’homme arraché au tronc,
une brebis perdue ? »
non
il fallait bien une tarte aux pommes
alors pourquoi nous dire
« il ne fallait pas »
?
Le sac poubelle
Le mythe animal percuté par le langage
Je dis langue
Je dis
Jeudi il y aura Allie qui reviendra de Austin Texas
Je dis le commencement du nerveux
Je dis pourriture à l’intérieur de la forme pourriture
Ce qui revient à exclure la forme
Je ne suis pas ce gros fils de, de, de Aristote
Je dis toison de sanglier
Sur masque de la sexualité
Langage est une fente
Comme John Fante
Je dis que j’aime bien John Fante
Exploration du siècle de Baudelaire
Scène parfaite pour les menstruations romantiques
Jeudi a dit l’ivresse alors qu’on était en pleine semaine
Et le spleen du lever ou la go est partie
Je me penche au-dessus du puits
Se reflètent des étoiles
Et puisqu’il y a des étoiles
Il y a des mots
Et surtout Nuit c’est Nuit qu’on voir les constellations
C’est Soleil qui aveugle
Je commence à trouver le CNRS
Donc mythe animal bien carbonisé fouetté démembré
Par Jacques Attali
Et par Mehdi
Le mot = le mot
Un point et c’est tout
Non c’est pas tout je dis réguler est Académie
Yourcenar n’a pas le poing levé
Encore moins Valéry
L’Académie c’est notoire
Pouvoir du code de la langue de l’idiolecte de l’idiome va te faire mettre j’ai pas d’autres synonymes
Il faut bruler Valéry Giscard d’Estaing
(précision imposée par le scripteur : plus haut je parlais de Paul et non pas de Giscard)
Faut honorer quand même
Livre toi aux mains des habiles logos
Naomi Klein a écrit de ça il y a une vingtaine d’année No Logo
Et je sais pas si j’assume de porter des sacs poubelles dans la rue
Pourquoi ?
Je sais toujours pas
Et ça
Depuis ma majorité.
Brûle
La maison brûle
L’homme brûle dans la maison
Le chien brûle
Les enfants et la femme brûlent
Le jardin brûle les fontaines brûlent
Le temps brûle passé et futur brûlent
La duplicité brûle
La canette brûle
Le matin brûle
Pourquoi regarder sans cesse là où il n’y a rien à voir
Une voix
J’arrache la table et le stylo, la feuille -
Mes jambes et mes mains, mes yeux -
En les disant je me troue.
C’est ma parole, le corps de ma pensée, l’étoffe, la tessiture la matière
De mon esprit.
Je me troue comme une toiture d’une cabane de Soukkot -
à la lumière du soleil je brûle en parlant.
C’est un seul mot inintelligible et clair qui dure avant et après
Ma voix n’est pas l’ombre des objets
Le mot vite est crié puis immédiatement -
Il n’y a plus de vitesse que le présupposé de la vitesse.
Je démembre la terre et ses os, racines sobres contre à compter
Combien le temps est enclos dans les choses -
Et non les chevaux qui se lèchent interminablement le dos l’un de l’autre.
J’aère le salon puis immédiatement une odeur faible, esquinte l’air -
Du salon où -
Non.
Il n’y a rien à dire sinon porté pâle et haut, troquer, ma parole
La parole n’est pas à marchander, elle se colle amour dit l’autre lune à l’autre lune de la « Lune » fléchir grésiller déterrer amener réenterrer, le pain à la main,
La bouche ouverte la parole m’est apparu un jour comme un trou dans le monde
Fait par ma bouche humaine -
Et la pensée d’abord comme un creux, comme un coup de vide porté dans la matière.
Il n’existe pas de choses et la parole ne double pas un monde.
Anoushka ou comment elle m’est venue
Venue à ce point que -
Venue danse
Dans la phrase -
Un pas de deux
Anoushka -
Pour eux,
Anoushka -
Et,
En pure réalité -
Dans les larmes et l’amertume
D’une danse coupée -
Comme du papier.
Le ventre
Se dégonfle puis -
Se regonfle
La sordide exigence du multiple
Je n’en veux pas -
Disait la pensée.
Mais pensée n’est pas danse -
Et multipliée,
La pensée est consolatrice -
Pour elle -
Sans doute.
Note 2018
Dans la poésie ancienne le « tu » désignait la muse ou la bien-aimée pour qui était dit le poème ou adressé le poème.
Au XIXème le « tu » désignait l’auteur lui-même.
Pour Celan ce « tu » fût adressé à sa mère.
Aujourd’hui il désigne qui ? ce tu ?
Note
La sculpture est spatiale, la poésie temporelle
Note sur la respiration
le poéme refuse
(à moins que ce soit moi ?)
à laisser passer
par le trou que construit le langage
construit par le langage
tout ce qui faisait respiration
PENSÉE DE LA VIRULENCE
ce sol est friable
dans l’espoir de me remplir j’attends
le temps soutenu des rois
le temps qui se congestionne facilement
pour devenir désert de poésie
l’enfant de mes tristesses
toujours présent, il n’y aura pas d’achèvement
il est né sur le carrelage
il demeurera un écart entre le désir et la déception
dans les plis
un statut noir
Bongo