Le fascisme à la mode de Rilke
« Il suffit selon moi que l’on pourrait vivre sans écrire pour qu’il soit interdit d’écrire »
Pastiche Guillevic
Où que tu sois
En train d’écrire
Tu n’es pas seul
Jamais sans témoin,
Le sacrifice
Le nom que tu inscrits
Tue la personne
Et de ses cavités anciennes
Reviennent te voir
Où que tu sois
T’exauce
Te rejette
La plaine
S’ouvre ou se ferme
Quand je lis des poètes
Quand je lis Artaud, j’insére dans ma langue des choses. Ces choses c’est genre « la vérité des heures » ou « ça parle de ça »
Artaud j’aimais moyen avant, mais maintenant je me suis soigné. Maintenant je peux lire la maladie. Maintenant « je ne fais plus caca »
Quand je lis Glissant, je m’invite (comme chez Char) sans lui demander, dans sa parole, dans ses mots, ses signes. La parole de Glissant c’est la parole qui permet de s’inviter dans son endroit. Il nous le permet, c’est délicat comme attention, non ?
Quand je lis Prigent, je trouve ça pathétique.
Quand je lis Bonnefoy, je suis sur le qui-vive émotionel. J’attends l’instant où quelque chose va se détacher de l’éxtreme densité de ses vers. Quelque chose qui va tomber comme un pétale dans mon cerveau. Et quand ça se passe, le poème que j’écris me donne un plaisir incommensurable. Bonnefoy il a la faculté, de faire fleurir. Et fleurir, bah c’est très bon.
Quand je lis Hugo, je me fais un peu chier.
Quand je lis Lermontov, c’est la fuite, c’est l’aveu de la défaite face à un génie. Il explore non pas le sens, mais la question du vers et de sa possibilité à extasier (par la forme surtout) le lecteur que je suis.
Quand je lis Oui-oui, je chante un peu et vais me coucher.
Quand je lis Villon, il y a une transmutation, une transformation qui s’opère en moi et me laisse pantois. Je suis toujours dans sa bouche.
Quand je lis rien, je ne comprends pas très bien les mots.
Quand je lis Tarkos, je me dis que quelque chose s’est déroulé et que je n’ai pas eu le temps d’en être le témoin. Je suis un vivant qui lit la mort, la mort tuméreuse. Je pense à son orgueil mais je pense aussi à son génie.
Quand je lis Pennequin je m’expose, dans sa répétition compulsive, à toucher du sens, toucher la chose du sens. Je l’ai souvent copié par ce qu’il a réussit, d’après-moi à former un ensemble, une plateforme qui virevolte, s’agite mais reste toujours stable, et je m’y accroche jusqu’à la fin pour voir la poussée de sens habilement inséré dans des mots et des phrases qui forment un ensemble très cohérent par sa forme.
Quand je lis Noêl je lui pique des trucs, et absorbe le jus de sa typographie.
Publié depuis Overblog
Où est un feu est une tortue. Une tortue terrestre.
Note
Je meurs de la mort la plus horrible, la vie.
Publié depuis Overblog
le piège de l’instant
que l’on que je
abrégeraits
entre épingle et son
détaché maman la terre
est plate maman
on s’est trompé
Le poème inversé
le passé par moi
des yeux pourtant
et des yeux
et cette vitesse
cette folie de ne pouvoir dire
car tout a été dit
et rapidement
suffit-il à moins que
suffit-il d’évoquer l’étonnement
au détour
à moins que
des yeux pourtant
pourtant blessés et devenu déments
par le jeu de langue
suffirait-il
le passé par moi commence l’abord
d’un poème enfin
Où l'on devine le patriotisme
Je sais une langue âgée
De centaine de millénaires
Si ce n’est des milliers de centaines de millénaires
Où les enfants avaient un accent français
Où les adultes avaient la peau noire
Et lisaient un journal nommé Le Monde
Où le président s’appelait Emmanuel Macron
Et dans les villes on y faisaient des manifestations
Je sais une langue que je ne sais plus
Pleine d’Afrique et d’Asie
Et de totem et de poème
Pleine de chemins qui menaient à Paris
Pleine de gens de droite
De gens de gauche
Pleine de gens du centre
Une langue d’un pays avec des frontières
Collés à des pays où l’on parlait d’autres langues qui me sont inconnus
Je sais une langue totale
Avec laquelle des poètes se sont exténués
Je sais une langue d’un pays que je ne connais pas
Une belle langue courbée
Naturellement malade
C’est dire que je sais
Une langue purulente de poésie
Une langue avec des mots tels que
Écrire, raturer et outre
Et je comprends ces mots
Et je les écris
Je sais une langue
La plus grande des langues
Je sais l’éternel, l’immuable
Le véritable et plein
Je crois que je connais le français
Citation
Pour fleurir infini
entre l’os et l’aube
comme les étoiles géantes
/ Zéno Bianu /
Valse à Camille Claudel
des cercles de silence
ouvrent leurs bouches
avant le contact
tu sillonnes
l’espoir
et la valse en ton petit
troupeau
cherchant cette secondes avant
le contact
qui nous mène
à l’éternel
tu ploies le mausolée
ses os son cimetière
mais tu n’es pas
mais tu n’es pas
et tu aimes
n’aimer qu’Auguste
fendant l’aube de la matière
contre lui
avec lui
qu’importe
tu cherches des lieux très purs
et des gondoles
et des courbes pour replacer
le mystère
de toute entreprise où Dieu ordonne
la danse la commémoration
avant le déluge de glaise
Noé avant le déluge de pierre et d’eau
l’or vient
possédée
tu quémandes à la terre des cercles de silences
pour y
approcher le maître de la Valse
allez
tu ris comme le feu crépite
allez
tu as assez de force et de bras pour pétrir deux fois l’infini
allez
entre dans le milieu invisible des choses
allez
jusque dans la mort
tu danses encore…
et puis t’en vas vers le silence.