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Quand je lis des poètes

27 Avril 2018

Quand je lis Artaud, j’insére dans ma langue des choses. Ces choses c’est genre « la vérité des heures » ou « ça parle de ça »

Artaud j’aimais moyen avant, mais maintenant je me suis soigné. Maintenant je peux lire la maladie. Maintenant « je ne fais plus caca »

 

Quand je lis Glissant, je m’invite (comme chez Char) sans lui demander, dans sa parole, dans ses mots, ses signes. La parole de Glissant c’est la parole qui permet de s’inviter dans son endroit. Il nous le permet, c’est délicat comme attention, non ?

 

Quand je lis Prigent, je trouve ça pathétique.

 

Quand je lis Bonnefoy, je suis sur le qui-vive émotionel. J’attends l’instant où quelque chose va se détacher de l’éxtreme densité de ses vers. Quelque chose qui va tomber comme un pétale dans mon cerveau. Et quand ça se passe, le poème que j’écris me donne un plaisir incommensurable. Bonnefoy il a la faculté, de faire fleurir. Et fleurir, bah c’est très bon.

 

Quand je lis Hugo, je me fais un peu chier.

 

Quand je lis Lermontov, c’est la fuite, c’est l’aveu de la défaite face à un génie. Il explore non pas le sens, mais la question du vers et de sa possibilité à extasier (par la forme surtout) le lecteur que je suis.

 

Quand je lis Oui-oui, je chante un peu et vais me coucher.

 

Quand je lis Villon, il y a une transmutation, une transformation qui s’opère en moi et me laisse pantois. Je suis toujours dans sa bouche.

 

Quand je lis rien, je ne comprends pas très bien les mots.

 

Quand je lis Tarkos, je me dis que quelque chose s’est déroulé et que je n’ai pas eu le temps d’en être le témoin. Je suis un vivant qui lit la mort, la mort tuméreuse. Je pense à son orgueil mais je pense aussi à son génie.

 

Quand je lis Pennequin je m’expose, dans sa répétition compulsive, à toucher du sens, toucher la chose du sens. Je l’ai souvent copié par ce qu’il a réussit, d’après-moi à former un ensemble, une plateforme qui virevolte, s’agite mais reste toujours stable, et je m’y accroche jusqu’à la fin pour voir la poussée de sens habilement inséré dans des mots et des phrases qui forment un ensemble très cohérent par sa forme.

 

Quand je lis Noêl je lui pique des trucs, et absorbe le jus de sa typographie.

 

 

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