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le souvenir minuit
de l’âme me rend-il
plus amant
de la nuit ?
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juste cet art
inquiet
de quoi ?
ni îles ni montagnes
ni rivières ni plaines
Juste une inquiétude
Le trou, la mort puis Dieu
Quelque-soit la façon de faire le trou
L’immonde s’y mêle
L’Odeur de peau brûlé à intérieur de l’appartement
On s’y jette sans s’excuser
On se tue on se recouvre
On se mêle à la mort
L’immonde ressort de partout
De toutes les surfaces
On ressuscite sur ce qui était enclos
On ne ressuscite pas
On est juste opiniâtre
On coupe les petites gerbes d’herbes
Voilà la mort
Seulement elle n’existe pas
à quoi bon en faire cas
j’utilise Dieu à la racine
non qu’il soit comme la mort
c’est-à-dire qu’il ne soit rien
mais je l’utilise comme trace de morsure dans le nulle part
c’est ça dieu au fond
il ne crée pas
il fond dès lors qu’on y pense
dans un lieu non-lieu
une suite d’expérience sexuelles
Ma démence
La démence qui me surprend parfois, voile qui me différencie de celui que j’ai été immédiatement avant le choc qui la sous-tend et dont la génération m’est insupportable – à qui ne le serait-elle pas ? – métamorphose du corps en cochon geignant, on pense à l’antique loi des hommes de n’y toucher, de n’en manger à aucun prix sauf pour celui qui est mis à l’index – homme-cochon du péché. Cette transformation puis cette condamnation au lieu des fous vient d’une origine insondable – anthropologique et spirituelle - et pourtant immédiatement reconnaissable pour celui, qui comme moi se surprend à ne plus comprendre le cours des choses et le comportement des hommes autour de lui, je me risquerais même à dire : le comportement des choses mêmes en tant qu’elles existent d’une autre manière que la simple conscience saine ne peut les saisir. Confondant l’esprit et le dehors dans un va et vient frénétique et tortueux ; misère de la confiance mise dans la cervelle, flamme qui vacille mais qui ne s’éteindra jamais. L’identification au dehors par le dedans : une brèche où vient se loger toute l’harmonie contrainte de la pensée et du discours psychotique entendu et compris seulement par celui qui s’installe dans ce monde, hétérogène à la logique et qui est cependant d’une remarquable lucidité sur lui-même : un nouveau monde, à chaque prise de parole apparemment destructrice en son aberration ; fantastique et vénéneuse.
Entendement d’un discontinu à l’apparence du sentier perdu de la pensée se pensant, sauf lorsque celle-ci s’entend autrement. D’une façon plus pure que le cogito, d’une façon merveilleuse. Trésor aliénant d’un monde qui est seulement à moi et que je ne peux partager sans le corrompre dans le cri du discours psychotique.
L’écrire est déjà sortir de soi-même. Mais à quel prix, souffrance qui se cogne dans tous les coins de l’esprit qui s’essaye à dire quelque chose qui ne peut être dit, seulement interrogé, laissant la croyance faire ce qu’elle sait faire des hommes : un combat universel contre ce qui est hors de soi.
S’y résigner est le point de départ d’une vie sordide de malaise, d’indirection, de stase, bref de la souffrance ne pouvant se nommer sinon en soi-même l’éprouver et l’écrire pour qu’elle fasse date et chemin faisant soit régionalisé dans une partie de la vie psychique et physique. Mourir en riant. Mourir, mais auparavant n’est pas fini l’expérience de la folie, ce n’est pas tout de mourir en elle, c’est se pulvériser dans tous les recoins de la pièce puis voir se ressaisir toutes ces formes monstrueuses de l’espace et du temps : réminiscence infantile du non-comprendre, de l’énergie qui se faufile dans tous le corps pour à la fin construire un sujet pouvant nommer son mal. La démence c’est cette énergie qui reste sans objet à nommer pour se constituer. C’est un faux sujet. Un sujet qui ment. C’est faire l’expérience d’animalité, ni objet ne sentant que pour se perpétuer ni sujet s’étant confirmé en lui de ce qu’il est par rapport à l’autre.
C’est l’expérience des limites. Le délire est l’explosion de toute synthèse, de toute structure. Le mal a été fait et le dément doit s’en faire l’absurde réceptacle pour que ceux qui ont fait le mal en soit préserver. Et décharger leur pulsion de mort vers l’espace que le dément ouvre, oracle ou prophète aurait dit Artaud. Je dirais passeur de flamme, car ce qui subsiste dans l’incohérence dont la folie est l’endroit c’est précisément le feu. Feu de la civilisation qui s’engendre dans le discontinu, dans le mensonge, feu, flamme qui vacille et éclaire pour un instant les parts les plus obscures de la nature humaine.
À vous tous
Que faites-vous de nos mains ?
En lisant M.D
En lisant M.D
je lis
il y a une danse dans la danse
m’absente le ciel m’absente
des fois que il y a la parole
des fois que j’aime improviser un poème (dans la rue en allant chez Luca)
quelle est cette distinction possible, cette positon probable entre croire la vie et croire la vérité
quelle est-elle ? quelle est la parole qui dans sa factualité s’absente pour revenir
dans le cauchemar ? j’aborde le terrain chimique/ j’arpente par le poème, par les mots, par les voix des journalistes de La Pravda/
il reste que
il y a une danse dans la danse
allez-y montrez-moi
cette rougeur sur la paume
cette absence dans la parole
cette femme
cette parole / absence
cette femme qui n’est plus
qu’un petit tas à côté du mien
L'homme de merde
L’homme de la rue, l’homme faible s’accommode mieux de sa mauvaise conscience que de sa mauvaise réputation. Franchement, et c’est indéniable, l’homme de merde n’a pas de désir sinon une pulsion (de plaisir) de se voir accepté par tel groupe ou telle institution. Il agira en conséquence : il préfèrera se sentir aimer que de s’aimer lui-même. Il est plus facile pour lui de s’arranger avec sa mauvaise conscience, ses contradictions intimes qui, à l’âge propice, c’est-à-dire lorsqu’il retracera sa vie passée, au bord de son extinction, lui feront sentir un goût amer de s’être donné à tous sinon à lui-même. La liberté réside exactement dans cet écart, s’aimer sans porter le fardeau de la foule c’est avoir vécu une existence honorable, même si elle fut difficile à prétendre agréable. Car ce savoir de droiture d’esprit, certes solitaire transcende le vulgaire et l’ignoble sentiment d’être aimé uniquement pour remplir l’angoisse de ne pas s’aimer, la suffisance d’un homme qui se compromet sans jamais le révéler : être dans le monde par l’autre, sous n’importe quelle modalité, récompense, plaisir complaisance, pitié, bref tout ce qui fait la vie d’une merde qui ne sait pas se reconnaître grand dans son intimité. Les actes les plus grandioses sont ceux qui ont été cachés.
À Sarah
et c’est là précisément
là dans là
le coin du là
ton refus des peuples
j’arrache une dent à ton sexe
dans l’angle
des mots crachent éructent jettent du sel
aux yeux de l’assassin
des exactement
des presque-là
rien de sinueux faire sinon toucher l’os derrière ta nuque
ce sens brut de ta nuque un poisson
qui brûle
des collages d’aliments dans mon oreille contemporaine
ta bouche une table
j’y mets alcool et couverts
puis nous mangeons l’infamie
la pierre
et son espace
le boucher a une idée qui lui échappe
alors qu’elle le creuse
le boucher te veut te tease te cogne jusqu’à la juste mesure
et l’on sait que l’on accède à l’indépendance par le rythme
diriger puis scier construire dans le champ vide
un ciel se vide
descend la violente remarque des mots
que je te rends pour que tu me regardes
encore une fois
dans le là de la crevaison de l’être
qui se distribue par son souffle
dans les moments accordés soufflés à l’oreille du boucher
dans l’il y a primordial
le là de toute chose
Pour Sarah
tu fuis, tu veilles
quelque chose comme
une autre fuite en moi
une fuite d’aube ou de midi
j’en sais rien
mais ma langue est poétique
et quand reparaît
ce travail sur le silence et la flamme
ce travail consciencieux
ce travail des signes qu’on appelle poésie,
mes mains levées et pleines d’ombres
m’excluent dans le hasard que de t’écrire
car ce hasard c’est toi
quand reparaît cette extrême limite à moi-même
c’est qu’elle n’est pas sans point de départ
et pourtant nul ne connaît le point de chute
ni moi ni toi ni les images
et c’est tant mieux
sinon il ne resterait que des corps
ma langue est poétique
elle te siffle t’attrape
te tue te souffle
elle est un cadeau comme un autre
mais dans cette veille
dans cette entente à la fuite de ma langue
où tu fuis toi-même dans le poème
nudité jeune cri
Position poétique
j'étudie la position de mes côtes
j'étudie l'ivresse de mes ongles
j'étudie la clarté de l'obscur
j'étudie ta mère la pute