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26 Février 2019

le souvenir minuit

de l’âme me rend-il 

plus amant

de la nuit ?

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16 Février 2019

juste cet art

inquiet

 

 

de quoi ?

 

ni îles ni montagnes

ni rivières ni plaines

 

Juste une inquiétude

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Le trou, la mort puis Dieu

13 Février 2019

Quelque-soit la façon de faire le trou

L’immonde s’y mêle

L’Odeur de peau brûlé à intérieur de l’appartement

On s’y jette sans s’excuser

On se tue on se recouvre

On se mêle à la mort

 

L’immonde ressort de partout

De toutes les surfaces

On ressuscite sur ce qui était enclos

 

On ne ressuscite pas

On est juste opiniâtre

On coupe les petites gerbes d’herbes

 

Voilà la mort

Seulement elle n’existe pas

à quoi bon en faire cas

 

j’utilise Dieu à la racine

non qu’il soit comme la mort

c’est-à-dire qu’il ne soit rien

 

mais je l’utilise comme trace de morsure dans le nulle part

c’est ça dieu au fond

 

il ne crée pas

il fond dès lors qu’on y pense

dans un lieu non-lieu

 

une suite d’expérience sexuelles

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Ma démence

13 Février 2019

La démence qui me surprend parfois, voile qui me différencie de celui que j’ai été immédiatement avant le choc qui la sous-tend et dont la génération m’est insupportable – à qui ne le serait-elle pas ? – métamorphose du corps en cochon geignant, on pense à l’antique loi des hommes de n’y toucher, de n’en manger à aucun prix sauf pour celui qui est mis à l’index – homme-cochon du péché. Cette transformation puis cette condamnation au lieu des fous vient d’une origine insondable – anthropologique et spirituelle - et pourtant immédiatement reconnaissable pour celui, qui comme moi se surprend à ne plus comprendre le cours des choses et le comportement des hommes autour de lui, je me risquerais même à dire : le comportement des choses mêmes en tant qu’elles existent d’une autre manière que la simple conscience saine ne peut les saisir. Confondant l’esprit et le dehors dans un va et vient frénétique et tortueux ; misère de la confiance mise dans la cervelle, flamme qui vacille mais qui ne s’éteindra jamais. L’identification au dehors par le dedans : une brèche où vient se loger toute l’harmonie contrainte de la pensée et du discours psychotique entendu et compris seulement par celui qui s’installe dans ce monde, hétérogène à la logique et qui est cependant d’une remarquable lucidité sur lui-même : un nouveau monde, à chaque prise de parole apparemment destructrice en son aberration ; fantastique et vénéneuse.

 

Entendement d’un discontinu à l’apparence du sentier perdu de la pensée se pensant, sauf lorsque celle-ci s’entend autrement. D’une façon plus pure que le cogito, d’une façon merveilleuse. Trésor aliénant d’un monde qui est seulement à moi et que je ne peux partager sans le corrompre dans le cri du discours psychotique.

L’écrire est déjà sortir de soi-même. Mais à quel prix, souffrance qui se cogne dans tous les coins de l’esprit qui s’essaye à dire quelque chose qui ne peut être dit, seulement interrogé, laissant la croyance faire ce qu’elle sait faire des hommes : un combat universel contre ce qui est hors de soi.

 

S’y résigner est le point de départ d’une vie sordide de malaise, d’indirection, de stase, bref de la souffrance ne pouvant se nommer sinon en soi-même l’éprouver et l’écrire pour qu’elle fasse date et chemin faisant soit régionalisé dans une partie de la vie psychique et physique. Mourir en riant. Mourir, mais auparavant n’est pas fini l’expérience de la folie, ce n’est pas tout de mourir en elle, c’est se pulvériser dans tous les recoins de la pièce puis voir se ressaisir toutes ces formes monstrueuses de l’espace et du temps : réminiscence infantile du non-comprendre, de l’énergie qui se faufile dans tous le corps pour à la fin construire un sujet pouvant nommer son mal. La démence c’est cette énergie qui reste sans objet à nommer pour se constituer. C’est un faux sujet. Un sujet qui ment. C’est faire l’expérience d’animalité, ni objet ne sentant que pour se perpétuer ni sujet s’étant confirmé en lui de ce qu’il est par rapport à l’autre.

 

C’est l’expérience des limites. Le délire est l’explosion de toute synthèse, de toute structure. Le mal a été fait et le dément doit s’en faire l’absurde réceptacle pour que ceux qui ont fait le mal en soit préserver. Et décharger leur pulsion de mort vers l’espace que le dément ouvre, oracle ou prophète aurait dit Artaud. Je dirais passeur de flamme, car ce qui subsiste dans l’incohérence dont la folie est l’endroit c’est précisément le feu. Feu de la civilisation qui s’engendre dans le discontinu, dans le mensonge, feu, flamme qui vacille et éclaire pour un instant les parts les plus obscures de la nature humaine.

 

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À vous tous

12 Février 2019

Que faites-vous de nos mains ?

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En lisant M.D

12 Février 2019

En lisant M.D

 

 

je lis

                       

 

                                                                                    il y a une danse dans la danse

 

                                                                                    m’absente le ciel m’absente

                                                                                    des fois que il y a la parole

                                                                                    des fois que j’aime improviser un poème (dans la rue                              en allant chez Luca)

 

quelle est cette distinction possible, cette positon probable entre croire la vie et croire la vérité

quelle est-elle ? quelle est la parole qui dans sa factualité s’absente pour revenir

dans le cauchemar ? j’aborde le terrain chimique/ j’arpente par le poème, par les mots, par les voix des journalistes de La Pravda/

 

il reste que

 

                                                                                    il y a une danse dans la danse           

 

 

 

 

allez-y montrez-moi

                                                                                    cette rougeur sur la paume

                                                                                    cette absence dans la parole

                                                                                    cette femme

                                                                                  cette  parole /  absence

                                                                                    cette femme qui n’est plus

                                                                                    qu’un petit tas à côté du mien

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L'homme de merde

9 Février 2019

L’homme de la rue, l’homme faible s’accommode mieux de sa mauvaise conscience que de sa mauvaise réputation. Franchement, et c’est indéniable, l’homme de merde n’a pas de désir sinon une pulsion (de plaisir) de se voir accepté par tel groupe ou telle institution. Il agira en conséquence : il préfèrera se sentir aimer que de s’aimer lui-même. Il est plus facile pour lui de s’arranger avec sa mauvaise conscience, ses contradictions intimes qui, à l’âge propice, c’est-à-dire  lorsqu’il retracera sa vie passée, au bord de son extinction, lui feront sentir un goût amer de s’être donné à tous sinon à lui-même. La liberté réside exactement dans cet écart, s’aimer sans porter le fardeau de la foule c’est avoir vécu une existence honorable, même si elle fut difficile à prétendre agréable. Car ce savoir de droiture d’esprit, certes solitaire transcende le vulgaire et l’ignoble sentiment d’être aimé uniquement pour remplir l’angoisse de ne pas s’aimer, la suffisance d’un homme qui se compromet sans jamais le révéler : être dans le monde par l’autre, sous n’importe quelle modalité, récompense, plaisir complaisance, pitié, bref tout ce qui fait la vie d’une merde qui ne sait pas se reconnaître grand dans son intimité. Les actes les plus grandioses sont ceux qui ont été cachés.

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À Sarah

9 Février 2019

et c’est là précisément

là dans là

le coin du là

ton refus des peuples

 

j’arrache une dent à ton sexe

dans l’angle

des mots crachent éructent jettent du sel

aux yeux de l’assassin

des exactement

des presque-là

rien de sinueux faire sinon toucher l’os derrière ta nuque

ce sens brut de ta nuque un poisson

qui brûle

 

des collages d’aliments dans mon oreille contemporaine

 

ta bouche une table

j’y mets alcool et couverts

puis nous mangeons l’infamie

la pierre

et son espace

 

le boucher a une idée qui lui échappe

alors qu’elle le creuse

le boucher te veut te tease te cogne jusqu’à la juste mesure

 

et l’on sait que l’on accède à l’indépendance par le rythme

 

diriger puis scier construire dans le champ vide

un ciel se vide

descend la violente remarque des mots

 

que je te rends pour que tu me regardes

encore une fois

dans le là de la crevaison de l’être

qui se distribue par son souffle

dans les moments accordés soufflés à l’oreille du boucher

dans l’il y a primordial

le là de toute chose

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Pour Sarah

9 Février 2019

tu fuis, tu veilles

quelque chose comme

une autre fuite en moi

une fuite d’aube ou de midi

j’en sais rien

 

mais ma langue est poétique

 

et quand reparaît

ce travail sur le silence et la flamme

ce travail consciencieux

ce travail des signes qu’on appelle poésie,

mes mains levées et pleines d’ombres

m’excluent dans le hasard que de t’écrire

car ce hasard c’est toi

 

quand reparaît cette extrême limite à moi-même

c’est qu’elle n’est pas sans point de départ

et pourtant nul ne connaît le point de chute

ni moi ni toi ni les images

et c’est tant mieux

sinon il ne resterait que des corps

 

ma langue est poétique

elle te siffle t’attrape

te tue te souffle

 

elle est un cadeau comme un autre

mais dans cette veille

dans cette entente à la fuite de ma langue

où tu fuis toi-même dans le poème

 

nudité jeune cri

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Position poétique

9 Février 2019

j'étudie la position de mes côtes

j'étudie l'ivresse de mes ongles

j'étudie la clarté de l'obscur

j'étudie ta mère la pute

 

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