Les gestes
j’assiste la nuit
sur leurs genoux la bouche qui
se dilate
pour me dire combien
il y aurait d’engeance passable
dans la construction sans trous
de la question poétique
une idée serait de
Je suis la nuit
de ma chambre
la lucarne est une
canine noire
et ma peau brûle
en assistant
les serviteurs nombreux des langues
enfouis dans le noir
La dent naturelle
ses seins
une trompe
ma main
la pompe
un cristal blanc
qu’est l’aujourd’hui
l’œil violent
cils-symphonie
j’ai marché vers le préau loin
/Vu/ les canines des lycanthropes
un carnage se déploie dans leurs seins
l’hôpital congestionne la finitude et le bruit dans un seul syntagme :
les écailles
Quelqu’un tout contre
le sourire
un œil
et s’enracinent
encore
malgré le son
malgré tout ce qui décide
malgré tout ce qui fait jurisprudence
sur mon corps entier
ils s’évitent
et produisent
des déserts de pieds
Les photos
On regarde des photos comme preuves d’un passage. Un passé qui ressurgit lorsqu’on décide de sortir le carton. C’est simple. C’est simplex, on se voit. Et on regarde les différentes photos plus ou moins vite. On s’attarde sur quelques-unes. On passe sur d’autres moins intéressantes. On sourit. Puis on ne sourit plus. Tout dépend des protagonistes. Ou des lieux. Les photos sont diverses. Il y a un tournage. Il y a nous avec nos parents, nos amis, les maisons à la campagnes, les jouets, l’enfance. Puis on tombe sur quelque chose qui rebute. On ne sait pas pourquoi. On sent un danger. Un frère. Une petite enfance qui est là. On est nerveux. On palpite. Quelque chose ne va pas. D’un seul coup mon petit frère est là, dans une implosion à l’intérieur de moi. Il est directement là, non pas dans le souvenir mais dans un présent que nous contemplons. Ce passé d’avant les luttes. Je vois avant la maladie. Et on voit la femme. Qui n’existe plus. Qui est dans un cimetière. L’écho de son abandon dans le cœur.
Diego a un large sourire. Je le porte. Il ne doit pas avoir plus de 3 ans. Il est un peu gros. Des cheveux bouclés. Il est en avance au rendez-vous. Il est déjà là. Il attends au café des années plus tard. Il n’est plus le même. Il pleure devant la tombe. Une autre photo dissimule autre chose. Mais on ne sait quoi. Diego et Marie souffle sur le même gâteau. Est-ce l’anniversaire de l’un ou de l’autre ? Je ne sais pas. Je suis là à quelques mètres. Attendant patiemment et sans douleur la secousse qui viendra des années plus tard regardant la photo découverte dans le carton. Je suis face à l’abîme du présent. Un présent paradoxal. Un abîme entre le présent de cette photo où je me vois être grand-frère. Et le présent plus proche. Où je suis un autre grand-frère. Plus soucieux. Plus maladroit.
Diego est en avance au café. Il me sourit. Il a 4 ans. Il joue avec moi. La mère m’a collé des photos de nous dans un album à part. Je lui montre. Il rit. Je me protège de son rire. Je ris aussi. Je pleure. Il y en avait une qui devait disparaître. Ce fut-elle. Je ne comprendrais jamais. Lorsque la mienne disparaîtra ce sera à son tour de rire. De me faire rire. Nous serons un peu plus âgé que sur ces photos. Qu’aujourd’hui. Tout à coup l’expérience de ce passé vécu comme un présent me ranime. Je suis son grand-frère. Je suis celui à qui il ouvrait avec impatience la porte. Je serai à jamais ce grand-frère du 22 rue Dussoubs. Lorsque nous avions l’âge, inconscient de l’enfance et de l’adolescence, de dormir à deux dans la même chambre. Je suis celui qu’il regardait jouer sur l’ordinateur pour s’endormir et auquel je jetais parfois des regards pour voir s’il s’était réellement endormi. Les temps sont chiffrés. C’est ma parole qui vole parmi les âges et les photos. J’aime mon petit frère. Je l’aime énormément. Je le sais. J’en suis sûr
Un point avant l’exclamation
L’oiseau vole
Le ver rampe
Le loup dévore
L’homme songe
L’alcool oui, l’oiseau mourra un jour
Vents rien
Forêt
De lits
Où s’accumulent sous la soupape
Le délire à la noyade
Torsionner tripoter calcul
De robe moulante
Corps de grand-mère
Seul le lieu a eu lieu
Presqu’pourquoi
Rien à dire rien à dire
Mac mac mac
Russie tibère
Et l’acharnement des couples fabuleux
M’enfuis
Reste là toi ta gueule
La forêt de lits
Anoushka dort dort
Tu seras là demain
Et tu étais là hier
Musique baisse un temps dans l’artère
Masque de la vis
Dont on ne sait s’il est à l’endroit
Dans tous les cas prends le
Comme un vase de rose
un cactus
Rassieds toi Antonin
Les bâtiments forment une constellation
L’éclat est une bête
Ne dis pas l’éclat
Ne dis rien
L’aspect néonirique
Se perd dans le sac
Micropucelle
Jouets hybrides
La femme fente
L’homme reins
Micropédé
Au fond du puits l’été
Lecture non
Attente dans le vol effilé du jour
Ça oui
Avec de l’alcool
L’oiseau mourra un jour
Poêle à frire
- Fruits et légumes
- Pomme de terre et maïs
- Céréales complètes
- Légumineuses
- Poissons blancs et fruits de mer
- Jambon de dinde
- Lait écrémé et de soja
- Bouillons de légumes
- Yaourts 0%
Avec Nathalie
Je bois moins mais j’étais mal à l’aise avec nathalie, je ne savais pas quoi dire, ou regarder, répondre, les gestes, tout était extrêmement désagréable
Le dessin avant platanes cinq
L’esquisse d’un dessin
Revient à dire
J’étale
Ventriloque
De ma fenêtre
beaucoup de poètes auraient choses à dire et ensuite écrire
moi je ne vois rien
je n’ai rien à dire et encore moins à écrire
il me semble impossible d’écrire sur rien
alors je ferme la fenêtre
même si l’air est suffoquant à l’intérieur,
chez moi
je m’assieds, fume une cigarette
la Lune en mémoire
rien à dire
par-dessus l’épaule
une ombre
je me retourne brusquement
mais rien n’a bougé
encore une chose que je tairais
encore
de la salive
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