La danse
Hier les gens dansaient
Ils obéissaient à jésus Jack Lang
Moi
Moi je suis
Resté chez moi
À regarder Pourquoi Israël
Et à lire Celan
Celan
Disait
Danser
Danser
Devant
Le serpent à sonnettes
Ils dansaient
Devaient danser
Obéir
Au serpent
Alors
Je me suis acheter des bières
Je suis descendu acheter des bières en pensant à ça
Ça me trouait un peu le cul
De penser à ma grand-mère morte il y a trois semaines
Elle qui n’avait pas danser
Cachée dans le tableau de l’Auvergne
Mais
D’autres avaient danser
Dans ce qui est ma famille
J’ai bu ma première Leffe
Et je me suis dit que Leffe est allemand
Et j’ai repensé à ces corps dansants
Mais je ne savais plus bien lesquels
Les corps soumis
Ou les corps joyeux ?
Jack Lang
Ou la marque Leffe ?
Allie est revenue
Ivre morte
Et je l’ai filmée
On a pas baisé
On a dansé.
Prière à Anoushka pour ma première fête des pères
Lorsque je prie
À la ligne à l’extérieur du mythe
Je ne répond que : Refus
Puis je pense Radical
Aux yeux bleus d’Anoushka
Et je prie encore, radicalement
Afin que le peintre que l’on nomme orage
Lui dessine
Une bouche
Un nez
Aujourd’hui, dimanche 21 juin il va pleuvoir et elle va pleurer - mais vite - je désire la pulpe de la pensée silencieuse
Je désire la couleur
Afin que ce qui fuit sans lumière
Radicalement
Lui apparaisse
Et que ma petite enfant
Aie le choix
Entre la couleur courbe et son empiètement
Et le dessin errant ligne brutale elle me haïra
D’avoir écrit des choses comme ça
Elle est aveugle
Dans la vie comme dans les images
J’étais parti au café noir du service en terrasse
La laissant brasser dans la piscine ses yeux bleus - on m’a dit qu’elle serait peintre - on nous l’a dit à deux
J’étais parti au café prier avec l’encre
Et quand je suis rentré
Ses mains ne s’agrippant qu’à la lumière
Avaient, sans pinceaux
Colorées sa chambre entière
Ma prière je ne la connais pas
Je sais ap c’est quoi
Ma prière dans cette ligne a l’extérieur du mythe
Je crois savoir que c’est les yeux Anoushka
Puisque en cette prière je me déchire d’écrire
Comme elle avec cris
Non que je sois romantique
(Je les hais)
Mais ma prière ce matin
Au petit jour pour mon enfant
Pénètre ses yeux aveugles
Elle sera peintre qu’on m’a dit
Sauvage
Je touchais ses yeux
Ils brûlaient encore de sa naissance
Anoushka par sa couleur d’un être de deux mois
A prier bien plus que moi
C’est simple elle a trempé une main dans la gouache bleue
Et s’est dessinée ses propres yeux
Je quitte le poème
J’ai fait ma prière à l’extérieur du mythe
Là où Anoushka n’est pas
Elle grandit tellement vite
Et je vous assure qu’elle n’a que deux mois
FONBLAR A NICOMAQUE
Vu
Vu
TROISIEME « TIR AU FUSIL »
Vu
Au Pain Quotidien
Ça lèche
Je lèche le
Canon
Ça lèche
Canon
Canon
La cigarette dans mon poumon
Ca lèche les alvéoles
Aussi loin que les mains
Ancien sur la plate
Au Pain Quotidien
Je me rend petite menotte
Le petit bout de plomb
Te dis
Que tu es belle !
Oublis !
Enfin, enfin, Antonin, regarde-toi. Tu écris ce qui pousse
Tu donnes à manger
A ta coquille pleine
Avec tes petites touches
Minuscules
Le Déclaration Phallique
Je lis phalliquement pour avoir le phallus pour qu’on ne me dise pas chut pour que je ne sois pas du côté de la soumission pour que je ne sois pas du côté de la femme mais de l’homme tel que j’apparais à moi-même je range du plexiglas j’ai des armées de casques de podcasts j’ai une bibliothèque je suis le bibliophile puissant je dis la vérité contre la vérité je m’exprime dans un tremblement de terre je n’achève jamais mes phrases elle sont toutes ouvertes et fermées à la fois mon corps a un sexe je montre ce sexe aux gens de facebook et d’over blog je fais de l’escrime je suis exprimé par ce que je lis ce que j’entends je fais œuvre grande œuvre je m’engage dans la partition de musique dodécaphonique compliqué je parle au-delà je jure je promets je n’admets pas avoir tort je suis une bombe et lorsque j’explose je n’ai plus de salive à mesure que je m’exprime théoriquement bien je n’essaye pas de trouver je trouve je suis une bête qui mange de la viande avec la parole je range les mots en lieu sûr je n’écris pas au tableau je sais déjà je suis en avance sur le temps je ne rigole pas de mes blagues car ce ne sont pas des blagues mais des énoncés vrai ou beau je ne suis pas un transsexuel je ne suis pas une femme je suis en possession de mes moyens je suis nerveux le corps est nerveux mon corps explose de mots jaillit de moi de la lave je suis l’etna en soirée je prends le contrôle du domaine privé au déjeuner je prends le contrôle sur le domaine privé j’insiste mon monde pour être phalliquement doté j’ai un phallus je l’utilise je prends compte de moi dans l’espace je prends ma chair au sérieux j’irrigue mes veines d’art brutal je suis un lutteur je suis un monsieur je suis un poète je sais que je suis un poète puisque c’est moi qui prédis s’il il va y avoir beau temps ou sale temps j’habite la forêt dans les plus hauts arbres je touche avec les mots de nuages je connais le maniement esthétique de la glaise je fais œuvre sculpturale je m’interdits de m’interdire j’éructe de la vérité pour ne pas sombrer dans le chaos de mes pulsions je dois aux dieux d’être ce que je suis je ne suis pas personnel les livres me l’apprennent je suis universel au café à une fête à un dîner le matin le soir le midi je suis le vrai je ne tombe pas je m’exerce à ne pas tomber je ne cache rien je suis tout entier le moyen de parvenir à mes fins je suis pervers je veux avoir raison je ne veux pas être soumis car je serais castré je note ce que dit le monde c’est-à-dire ce que disent les gens autour de moi je me double d’avoir raison mon double est phallique moi je suis la parole qui parle le phallus je ne suis pas angoissé je suis nerveux je suis de la bagarre je m’éternise dans les mots les signes les sons les gestes les feuilles les arbres les nuages je sais que je peux écrire de bons poèmes comme des mauvais mais ça je le sais moins je suis un orage je suis une aurore boréale je suis le commandant en chef je suis le vent qui caresse sous les chemises l’été.
C’est un peu triste tout ça.
Comme une éponge
Le ciel sans nombre
revêt son chaste phallus
dont le bout gore de sperme
pé-
netré par l'aiguille de l'heure
et
au loin
une figue vaginale
L’ÉCRIVAIN TENDU
Je me dois de vous rappeler que je me dois de rappeler que tout d'abord je le rappelle. C'est rappelé. Rappelons-nous. Je vous rappelle. J'appellerais ça d'accord. D'accord le lien est tendu. Je vous rappelle. Quand je vous ai appelé vous vous rappelez. Je me dois de vous faire rappeler le lien tendu. Je me dois de vous rappeler. C'est convenu. Je rappelle et vous me rappelez qu'un lien est tendu. Un lien tendu est convenu est rappelé. Dans un lien qui est le rappel. Je vous rappelle le lien. Rappelez-vous. Tendu vous rappelez. Vous vous rappelez qu'il est un lien. Je me dois de vous rappeler qu'il est tendu. Ainsi vous vous rappelez dans un lien tendu que je vous ai rappelé quelques secondes plutôt. Je me rappelle de ce lien je vous rappelle qu'il est tendu. Je me rappelle de ce lien tendu, vous êtes rappelé par le lien tendu.
Ne jamais lâcher
Cézannu
La bombe à l’intérieur du tableau, prémisse visionnaire d’une conflagration en soi-même peinte et en soi-même profondeur et espace pour la vision qui se voit et qui sent que, bombée, dans son acception étymologique du mot comme convexité plutôt que bruit (la bombe de silence…) accordera à la pomme de Cézanne de n’être plus que la feinte double dimension mais réalité perçue en son cœur comme profondeur. Essayez de voir la différence de calcul entre un horizon et une profondeur, car, il faut le noter, ce qui est large ou grand pour un homme est, en dernière mesure, profondeur et étroitesse pour l’autre ; toute la question est de l’ordre de la perspective : de peinture aussi mais de point de vue pareillement.
Ainsi la pomme sera la dernière chance de Cézanne pour rééduquer par la crémation les musées du monde entier. Il y a d’abord l’espace en deux dimensions qui se laisse entendre comme précarité privilégiée d’un monde qui s’enfuit toujours dans notre monde voyant, sentant et le monde de Cézanne où il est senti par la Sainte-Victoire ou ses natures mortes, il dira « les choses me parlent ».
La perspective traditionnelle creuse une profondeur dans le tableau, la perspective de Cézanne arrondit les volumes jusqu’à leur extrême résistance.
Aussi, je fais bon droit à mon jugement de poète pour donner à Cézanne la marque de celui qui fait ouvrir la phrase en son milieu, le jaillissement résiste, le verbe après le sujet et avant la copule explose dans un frémissement dangereux où l’être résiste et pourtant se bombe, se replie, se déforme comme les tables en ellipses devant le portrait de Geoffroy qui n’est pas plus l’exacte mesure géométrique et cartésienne du monde partes extra partes mais sensation d’un monde perçu par un autre monde, le sujet qui voit le tableau et le sujet, Cézanne qui a toujours déjà vu le tableau comme il n’y a de sens qu’après que les choses soient dites car préalablement elle résiste à la signification. Cézanne peintre de la Parole plutôt que de la Langue.
toucher
Toucher
Et je fais de la poésie qui touche
Le but est de toucher
Qui touche
C’est tellement le but
C’est de toucher
Vraiment
Mais toucher quoi ?
*
Toucher le nerf
De l’animal
*
Toucher la pierre polie
*
Toucher la feuille de papier
D’acide et de menthe
*
Toucher les ronces
Des yeux d’une fille
Et ne pas l’épargner
Après que mon sang ait couler
*
Toucher la sculpture
La caresser épousant
Ses angles ses cavités
Et ses plats
Et que je la sente réelle
*
Toucher les seins d’une actrice porno
*
Toucher la toile d’une l’araignée
La faire venir
Et bouffer l’araignée
*
Toucher les roues d’un Chopper
Et m’appeler Z
*
Toucher un mur
Pour qu’il s’effondre
Dans le creux de mon vœux secret
*
Toucher ma bite
Et bander
*
Toucher le rien
Et que le rien advienne
*
Toucher et toucher et toucher.
Poèmes pour le vin "Jeanne" du pays d'Oc journal La Quilles
1 :
Lorsque je te tiens
Verre
Je te sens
Senti
Et je me sens
Sentant
Puisque ton étoffe me plonge
Dans mon corps
Quelle éphémère
Et pourtant solide
Sensation !
Ensuite
La gorgée
Qui s’enfuit dans ma gorge
M’absorbe moi-même
Dans ce salut à la matière
Certes liquide mais tant elle fond
Me creuse et m’invite
Dans l’englobement de menthe
Et de ton bruit jaunissant
D’un pays de poètes d’Oc
M’inclus à jamais sur ton rivage
Où tu n’es plus vin, Jeanne !
Mais corps agissant !
2.
Suppose
Que le verre se mette
A trembler
Dans la main
D’une Femme
Dont le corps
Est un rocher
Alors
Tu pourras l’embrasser
Comme si le verre
Fut le tient
Et insister un monde
De lumière jaune blonde
Et d’espace au goût
D’un baiser
3.
Faisons, Jeanne
Comme si par hasard
Nous ne nous étions jamais rencontrés
Et
Comme si nous croyions
Nous connaître
Après
Après l’ultime parole
L’ultime gorgée
Embrassons-nous
Comme si nous avions eu l’habitude
De l’avoir toujours fait
L'édredon
Ils sont beaux les pigeons avec une moitié de pate
Ils sont beaux les clodos avec une moitié de pate
Ils sont beaux les soldats avec une moitié de pate
Ils sont beaux les marins avec une moitié de pate
Ils sont beaux les poètes avec une moitié de pate