La fille
Elle était âgée de mot et j’étais âgé de moi.
La douleur
la douleur pointe
en cette commune présence
du vide-masse-sens
il y a pour sûr de la vérité
car la douleur promet
des jours comme des années
le risque est d’en mourir
mille fois
le risque est d’en mourir
en criant en apnée
mon corps ressent
le poids qui l’écrase
comme l’on sent
le bonheur de l’extase
car la douleur promet
des jours pour des années
puisque le bonheur
s’est allumé
puis s’en est allé
laissant place
à ma vérité
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non pas corps entiers mais corps morcelés rendus à leur errance dans la matière
Toute acte est une larme
un fanatisme logique
désiré
s’appropriant le gigantesque sillon creusé par ce qu’on appelle
ou par ce qu’on veut appeler
le courant
l’eau qu’on a désiré dans des prières
les mains jointes
creusant la chambre de sacré
négociant la part maudite
avec, et en lui-même il l’oubli,
ce qui se meut démentiellement
ce qui veut se mourir
et pourtant
ses mots font forêt
comme elle pourrait le dire :
une ombre que le nom arbre fait frémir dans le souvenir
je dis désir
on insiste le monde au gens
on prépare consciencieusement des cérémonies
pourtant, et c’est là le drame,
personne ne croit
du glacial
du figé
calme et
furtivement la vie creuse
la vie creuse ce qui ne veut pas
lui veut pourtant
alors je dis :
c’est du perdu à l’instant même où je déclare
que rien n’est perdu
que j’aime ce que j’ai
et que cet amour s’ignore lui-même
le sacré est nettoyé
il ne sert à rien d’avoir des idées à propos de l’amour
il faut être net et nettoyé des images
qui émeuvent
qui trompent
il n’y a pas de vérité
le sens est sale
il le dit
il le dit bien comme il faut
dans le lieu parfait :
le poème
il n’y a rien que du sens
il n’y a plus rien
rien ne lui appartient sinon la sidération
le désir probable du nom
une pierre
un roc
quelque chose de solide
il dit un poème
puis, ensuite, sans se retourner
réserver la part maudite
le tourment
au sans-nom
et c’est lui
et il le sait parfaitement
qu’il est
qu’il envahit
un être en moi
se figurer un nuage est chose facile
la pluie qu’il peut porter,
en revanche,
est invisible
alors on croit
et on pleure pour lui :
on parle pour lui
tout acte est larme
il agit
du point génétique
à même de peser
pesant
ce qui n’a pas de poids
ce qui est un lien qu’on ne soupçonne pas être
précisément ce qui nous lie au rien
qui est tout
au néant qui force
qui nous force à nous maintenir méfiant
avec un père et ses mots
comment ?
par le mot justement
l’angoisse
il n’y a rien que
des poèmes nommant le rien qui est tout
le mythe
il n’y a plus rien que le pommier
et l’absence de pomme
ce trouble
que de ne pas avoir à choisir
rester
se maintenir sans le savoir
rien n’arrive si il choisit
et entreprend de désirer
il ne touche rien
il touche l’autre
dans sa chambre
on lui dit : démence
d’être resté au lieu sûr de l’enfance
une des origines de la mort
Sarah
je t’aime comme le poème que je cherche
l'ivre
parfait de l’air
comme l’on discute de la peau
je devance d’une seconde l’orage
et les plaques rouges dans le ciel
m’ont déjà demandées comment je faisais
j’ai répondu :
retenir
Réfléchi
Il faut se contenter du langage
le langage c’est assez
les mots c’est assez pour faire bruire le sens
pour le saupoudrer comme on réanime un animal domestique
le hasard = la chance
la poésie = le hasard
le hasard = la chance
-
j’exécute encore
comme l’œil exécute un mouvement
il y a dans le mot azur
la niaiserie mais aussi l’inviolé par le firmament
ils tombent
ils meurent
ces peintures
ils touchent la terre
dégouline sur la paroi des origines
je sens mes mains
j’ai des fusillés
dans mes mains
je les ai appelés
ils tombèrent ensemble le poème et son adieu
au fond de ce que l’on porte aux choses importantes
comme trouver du travail
pourtant le poème
pourtant le malaise de refuser
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quel est ce lieu
où la naissance nous écoute
nous rapatrie à l’extrême possession
cet avoir qui passe du sang au bois
comme les corps d’animaux qui soutiennent l’insuffisance de notre chair
existe-t-il des lieux où l’horizon est une frontière
où l’horizon n’a pas lieu
et nous carnivore d’air
c’est vrai, le blanc suffit.
Pas besoin de contraste sur le sentier représenté en son origine
forclos dans le tableau monumental
des pingouins
de mystères
bonne eau gazeuse engloutie par un dieu
un ministère.
j’en reviens à la terre
encore à toucher les yeux
des seuls virgules
hachant le texte dans une ronde de nuit
la seule qui donne naissance à l’écoute
au premier souffle qui s’écoute
au premier lieu
NOEUD PAP
la subjectivité est un crime qu’il dit
la subjectivité est surtout une geôle pour toi qui me lis
un fasciste du représenté
qui se présente lui-même
dans le mur l’autruche réelle
la subjectivité oui
mais à quel prix ?
La fille parfaite
Je ne sais plus parler
le feu
illustre feu des dents blanches
et du sourire qui boucle
quelle est moche cette puissance
et quelle est vaste !
ne sais plus parler.
Les horizons d’aigles et d’algues
Peut-être qu’un jour je serai dans le puits des puits
dans la tombe
peut-être, oui.