l'ivre
parfait de l’air
comme l’on discute de la peau
je devance d’une seconde l’orage
et les plaques rouges dans le ciel
m’ont déjà demandées comment je faisais
j’ai répondu :
retenir
Réfléchi
Il faut se contenter du langage
le langage c’est assez
les mots c’est assez pour faire bruire le sens
pour le saupoudrer comme on réanime un animal domestique
le hasard = la chance
la poésie = le hasard
le hasard = la chance
-
j’exécute encore
comme l’œil exécute un mouvement
il y a dans le mot azur
la niaiserie mais aussi l’inviolé par le firmament
ils tombent
ils meurent
ces peintures
ils touchent la terre
dégouline sur la paroi des origines
je sens mes mains
j’ai des fusillés
dans mes mains
je les ai appelés
ils tombèrent ensemble le poème et son adieu
au fond de ce que l’on porte aux choses importantes
comme trouver du travail
pourtant le poème
pourtant le malaise de refuser
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quel est ce lieu
où la naissance nous écoute
nous rapatrie à l’extrême possession
cet avoir qui passe du sang au bois
comme les corps d’animaux qui soutiennent l’insuffisance de notre chair
existe-t-il des lieux où l’horizon est une frontière
où l’horizon n’a pas lieu
et nous carnivore d’air
c’est vrai, le blanc suffit.
Pas besoin de contraste sur le sentier représenté en son origine
forclos dans le tableau monumental
des pingouins
de mystères
bonne eau gazeuse engloutie par un dieu
un ministère.
j’en reviens à la terre
encore à toucher les yeux
des seuls virgules
hachant le texte dans une ronde de nuit
la seule qui donne naissance à l’écoute
au premier souffle qui s’écoute
au premier lieu
NOEUD PAP
la subjectivité est un crime qu’il dit
la subjectivité est surtout une geôle pour toi qui me lis
un fasciste du représenté
qui se présente lui-même
dans le mur l’autruche réelle
la subjectivité oui
mais à quel prix ?
La fille parfaite
Je ne sais plus parler
le feu
illustre feu des dents blanches
et du sourire qui boucle
quelle est moche cette puissance
et quelle est vaste !
ne sais plus parler.
Les horizons d’aigles et d’algues
Peut-être qu’un jour je serai dans le puits des puits
dans la tombe
peut-être, oui.
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Le Monde signe ma vie,
à reculons
j’habite le lieu du conflit
Dans mes viscères,
quelque chose a une bouche
et parle en roulant plusieurs fois la langue :
Qui es-tu ? Que détiens-tu ?
Je détiens dans ma paume le visage antisémite, et son herbe est grasse
Je retiens dans ma gorge le vomi du dîner sanglant et tribale
Je maintiens l’eau du mur dans mes yeux anéantis
Une moto s’incline dans mon dos, fait son bruit et me nargue dans mon sang.
Où vas-tu ? Qu’espères-tu ?
Je vais vers le champ raser l’éventualité de la haine
Je mets les casques barbares dans le Mont-Blanc en feu
Je sais qui je suis et tu ne le sais pas,
je suis parole entière et schizophrène
je suis la nuit du Monde et l’éclatement
je suis la pluie arabe et le canon juif
A peu près Apopo
le corps hélas n’a pas l’éternité
il a la fonction de jouir
mais il n’a pas l’amour
THEATRE, POESIE, IMAGES
le maître, dis :
tu n’as pas ?
où se rencontrer pour répondre –
Dans la plus grande lueur de vérité. Il lui
parle de médica
ments, de rendez-vous
avec ce que je veux,
ça ressemble à de la soupe
Je crache pas, j’invente
le maître, dis :
tu veux pas m’acheter ce que je veux
faire un mouve
ment de bras. accompagner les ondulations
sortir un peu du
peu.
Un tutu pédophile / Dis, hé, dis ; tu veux pas me rens’
saignée de cheveux le petit pied en pointe
une photo du pied de France
dans le salon où imaginer est mentir.
quelque chose se prive de l’espace qu’il avait acquit par la violence
pas
la viol’
ence. Non, je vous en supplie.
Ca shlingue dans l’estuaire. C’est un drame qui va nouer la corde
à des dents.
C’est le maître
qui ne veut plus apprendre à
celui qui sait encore
un peu
plus.
Il fait sombre, le plateau est par terre. Un sein se forme dans une connexion quelconque
Il fait sombre le maître n’a plus d’oreille. Une muqueuse se décompose
dans l’histoire d’une folie
la fleur recouverte
peut-être par la foi
la croyance
peut-être par le poème
Alors, dans l’espace balayé par le radar
un tutu, il dit.
RÉFLÉCHI CHIANT : LYRISME ET FICTION
La poésie contemporaine s’applique, par divers registres qui vont du néo-formalisme tarkossien à l’expression instantanée du présent qui se meut par et pour la conscience de l’instant ; mais pas du temps, ou en tout cas d’un travail à son encontre d’un Guillevic, à dématérialiser le pathétique du Moi. Le Moi qui se conscientise dans la forme grammaticale et poétique bien connu du Je. On sait que le lyrisme parcourt l’expérience poétique de toute part, dans le temps et dans l’espace du poème. Voyez l’expression, le ton d’un Vigny, d’un Lamartine ou d’un Hugo ; expression qui s’incarne le plus profondément et le plus véritablement (c’est à dire qui en a la conscience et le pouvoir d’accomplir le désir lyrique) dans le romantisme. Les contemporains ne se réclamant pas du lyrisme l’abhorrent par déconstruction plutôt que par instinct de rébellion contre l’ordre établi de la poésie romantique. Pennequin par exemple s’appliquera à utiliser le quelque chose plutôt que l’objet défini et donc perceptible à l’expérience subjective du Je pour et dans le vers. Il faut noter que le lyrisme a généré une immensité de recours au sujet disant : dans le surréalisme Eluard ou le Aragon du Fou d’Elsa applique consciencieusement la dialectique du rapport entre sujet lyrique et objet amoureux, qui ne peut s’exprimer (pour lui) que dans un excèdent du simple poème, c’est à dire la mise en danger de soi dans la première syllabe du syntagme « je suis à toi ». Pour le surréalisme il ne peut exister que de poésie du Je qui noue l’abstraction de la conscience de son propre poème à la construction consciente et palpable du Moi ivre des méandres du Moi non-encore perçu comme Moi.
Le multiple, le désincarné par une unité qui transcende le foisonnement de point de vue peut s’exprimer dans la poésie symboliste, ainsi, on note qu’un Rimbaud décrit la condition d’un garçon de dix-sept ans, par le on. Il est évident que le on s’inscrit dans une négation du point de vue, et, applique à la forme lyrique sa désincarnation, son dilluement dans la multiplicité existentielles que Rimbaud connaît dans sa vie. Je n’est pas on mais il le décrit comme un courant qui passe entre le poète et sa représentation fantasmatique. Il vit dans le fantasme des bocks de limonade, il vit par la désincarnation de son personnage : c’est le le qui précède le vent plutôt que l’absorption poétique de la figure de la brise va sur le je. Le réel est décrit par l’imaginaire : l’irréel. On avance dans la poétisation de l’indéterminé par la subjectivité existentielle du jeune Rimbaud. Pour autant, ce jeune Rimbaud existe, architecte du plan construit pour le lecteur, pour qu’il s’y mêle et qu’il s’identifie au je de Rimbaud. Il désincarne pour s’incarner dans chaque lecteur. Le fictif (du on, du ce) se réalise dans la conversation avec le lecteur qui ne peut plus qu’incarner, vivre le poème, comme s’il était lui-même un jeune garçon du 19ème siècle, un Rimbaud qui s’évade, qui lutte et cri d’épouvante.
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Le regard s’abîme
dans le ciel sans cicatrices
Les mêmes personnages attendent
le répit d’un nuage
Bruit d’hiver, large cerceuil ;
gisant
le ciel se laisse écouter
Un rayon raciste
emmêle l’or
à une statue :
elle produit des Feuillet d’Hypnos ;
Et elle me voit,
regarder
abîmé par la pluie :
l’alcool