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Articles récents

Sur Cézanne

25 Juillet 2022

« N’est pas fou qui veut ; et même n’est pas incomplet qui feint de l’être » Suarès

 

La demande de Cézanne est un anti-protocole, bienheureuse maladresse de Cézanne, heureux péché qui a sauvé la nature. L’individu aura toujours le dernier mot. Pour ce qui est de l’homme cryptocubique la demande était gigantesque, voir microscopique lorsqu’on pense deux séc à la demande que le silence prévient de quelques pommes amoncelées sur une table. Je veux, je désire. Je désire la foudre patiente du long mot qui s'écartèle dans la plénitude de la couleur apposée ça et là de bleu au contour des fruits qu’une main gaillarde à fait surgir du néant de l'impressionnisme et de ses vagues confusions de l’atmosphère.

De terreur devant Rodin, baisa ses pieds avec son embonpoint et son haleine de peintre fortuné d’un père banquier sentant le saucisson et l’ail provençale. Rodin lui dit tout de go de se redresser, n’est pas accepté dans sa servilité qui veut.

Enfin, que serait la philosophie sans cette nappe de sens brut qui venait percoler le devenir de la philosophie de l’art en ce siècle finissant. 150 poses pour une croûte ? Ou une croûte 150 fois remise sur le canevas ? Scintillement d’une preuve pour l’amour qu’il porte à sa femme ou au loustique Emperaire.

Lieux et destins de l’image, inutilité des voûtes, corridors, espacements, utilité de la matière au lieu et place du motif, genre à étudier : personne n’a gravé dans la conception des sensations organisées mieux que Cézanne la place de la matière. De laquelle aurait pu échapper l’intériorité et des masses et des raideurs dans les lignes et les volumes, réduction du spectre des couleurs pour régner sur la toile avec le moins de contraintes a priori.

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Titre

30 Octobre 2020

L’OPÉRA D’UNE SITUATION

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Un enfer

23 Octobre 2020

Abrégé de milliards de couinements de petites salopes

je le lis dans les draps kune sale peireire

imaginez donc le grand constat à peireire@            moyen de soustraire la vache

                                                                                   au vœu du siel

 

éternuer de sang par les lèvres

vomir de l’intérieur tampax le poix

 

et j’ai des écoutes attentives la nuit le jour le soir l’après)midi(

 

vas

 

tu ne me tueras pas

tu changes le silence

et je change mon silence

et tu changes les mots

et je charge l’absence à être

moyen d’y parvenir à ce petit fruit indiciel

 

kune kune

wazo kune panthère - Ô nuit noire

 

exclamation ciel splendide de milliard d’unités distinctes et j’avale

le sage promontoire de la lune kune salope a fait jouir

voilà la voie lactée                             et je ne mens pas pour des bagages splendides exposés

dans le met de ny

jamais je n’aurais osé me penser poète lorsque j’affrontais la sexualité

pour moi tout déviait vers l’asymptote rythmique

nul condition ou que des conditions de paranoïa

 

puis elles kune ont jouis

j’ai fait jouir

j’ai écris et pénétré

le sens de l’horloge

Orlof

maintenant le sac poubelle est vide

reste les os de la panthère – Ô nuit noire

viens caresser la sole meunière

puisque jesuis jésus

puisque tu es la vierge

le beurre fondu                                                         dans les recoins du film Ratatouille

 

 

maladie de peau nyctasalope je mange mes dents me poussant encore dans les fières gencives

 

nul n’a porté plus haut le drapeau de la pésie

la pésie est une maintenance ordinaire entre le jaillissement du sens et la rétractation du sexe

la pésie est lol

 

maintenant attache moi

et reste tranquille

 

fin moyenne – Ô grand lol accouché

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Prière aux handicapés mentaux exterminés

23 Octobre 2020

 

 

sur ces corps répandus

auxquels le signal de l’envol de la raison

vers elle-même n’a

pas été et jamais plus ne sera entendu

l’horizontale dans la taille

de ces corps imprévus

sur tant de tissus déployés, leurs fatigues

désir de comprendre… comprendre ?

sur cette cour vide où quelques-uns aurait su dans les larmes

cellent qui ne livrent aucun secret ?

je vous promets

à jamais la plante insomnieuse

qui revient en vous par vous

qui tisse un tissu déchirable

se résume à l’étoile froide

où vous voyez le signe du pur maintenant

 

détruits de ne pas avoir accepté

anéantis puisque derrière vos trois vitres

il y en avait une quatrième

mendiants de cette cage de hasard

si dans cette légèreté soudain le poids prenait corps

bien

 

vous avez depuis toujours oublié vos habits

oubliés votre poids de douleur

et si quelque douleur vous ont dépassés

dans cette hauteur plus haute

ou plus basse

sans plafond ni sol qui ne soit le froid

 

lits-horizons vous

verticales sous la nuit

sommés de quitter asile et famille

pour rejoindre le domaine

d’une autre nuit

ou d’un jour écrasant sans comprendre… comprendre ?

je vous dois de vous donner l’heure…

mais

il n’est pas d’heure

pas d’espace

ni corps ni habitat vôtre ni perdition

seulement des morceaux dont vous ignorez le destin

 

langue s’épaissit de vôtre mesure entière

coupé… tranché…

 

Et la nuit toujours maintenant serait-elle soudaine

puisque vous n’avez rien eu

rien reçu

sinon ce pur maintenant hagard

et vos yeux détachent l’invisible

du tout-proche

du contact sur le mur

 

il y a dans votre chant

un partage

une lame qui nous parvient

et ceci dans n’importe quelle circonstance de notre vie

le sourire

le votre

devant les fusils

attachés à votre corps chaud

de ne pas savoir

le froid

vous qui êtes dénudés jusqu’à la moelle

dans les ombres et leurs voiles

 

tout existe à l’entour

et personne pour vous croire

ainsi votre équilibre vous marchez

comme des machines

en votre battement d’instant et de déclin

 

la chambre

vous y pénétrez

vous espérez l’eau

vous souriez entre la lumière et votre image

 

grâce de mains plus présentes

vous avez toujours été plus accueillis

par le sens

que nous

ne nous trompons pas

grâce de votre esprit plus présent

que nos mains sans paumes

vous secouez le monde

 

(si être était l’oubli

de tout ce que nous sommes – en pensant ?).

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À Samy

23 Octobre 2020

tout entier je me renonce ici

l’espace translucide de mon corps métissé – est-il de la vie ou de mon esprit ?

            j’accumule des parties prenantes tout en satiété

            j’élimine les bretons et prend leur poésie Carnac

des dolmens tout entier je me renonce ici

                                   qu’ils érigèrent d’un commun accord avec la voie percée de nuages

            lis mon texte tu en sauras un peu plus

 

des femmes dorment dans la chaleur de la chaleur en elle pénétrée

et miaule l’esprit des branches saillies         tout entier je me renonce ici

 

habitué à des attitudes vivantes

la machine a au moins un problème

celle de faire dériver les corps sous le pont Mirabeau

 

                        la pierre du pont la pierre des dolmens

                                   roc solide où l’on peut couler éteint d’éternité

            peut-être est-ce trop fort ?

 

la phrase accumulée

les digestions de bisons

steppes sol de silence qui effraie                              -          lune où l’heure est poignée de refuge

 

tout entier je me renonce ici

 

nous étions à bord et ils ne savaient pas que l’on était au mois d’octobre

 

il tournait le gouvernail remplit de papier

et le livre clos et le livre clos

heure lointaine qui toujours sur mon chemin – passa le sien

 

                        triste et chaste les femmes mourraient par milliers à bords elles ne savaient pas que l’on était au mois d’octobre

 

tout entier je ne me renonce ici, encore.

 

puis tu te réveilles

 

tout enveloppé aux minutie de ton état tout autre

aux chemises blanches et au coussin

tu risques l’hiver à la saison-méthode

           

            tu recrutes des toreros au sein de l’injustice du régime de l’alcool

            tu t’en remets à eux comme si tu leur ouvrais ta paume

            jamais plus réponse définitive méthode souhaitée

            nous étions une dizaine à bords et ils ne savaient pas qu’on était en octobre

                                   tu choisis le lieu de ta blessure pour la deviner manque innocent

 

oui je viendrai derrière les barreaux pulsionnels et le chaste passa le sien

ainsi parménide ainsi poésie ainsi peu de livres mais grande accoutumance que de cela aussi toi-même tu te repais marque innocente

 

minutie réel prends la gauche puis la droite et va tout droit

tu es ivre en quelque sorte tout mouvement été toile de sang le cœur dicte

exsangue

un chant

et nous pleurons la perte de l’incrée

parmi nos livres nous chantons

et tu m’as dit « mais oui c’est joyce »

 

voilà que des gaz incolores nous inondent le cerveau

mon enfant

et toi de sauver ta peau

 

oui je viendrai aux secousses de la roche blanche et asthmatique

accroche un violent coup de poing dans le ciel

ni amer ni fini

tu                                peux le concevoir comme puissance de la seule rime concise

                                   prémisse

                                   anaphore

                                   métonymie

 

oui je viendrai avec dans les mains ma neige

l’hiver manque

le jour manque

l’alcool manque

la neige le soleil et la nécessité

                        pourvu que tu ne tombes pas dans le cercueil des amérindiens

 

" ces couleurs cèlent

des formes recluses

création docile, résignée"

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La brouette

23 Octobre 2020

la brouette fait un songe et tout ce que j’ai vu

                        m’échappe – Un sens

            subsiste : oublié

 

les cailloux noirs de la plus petite estime de l’auteur que de voler aux autres

brouette                     je dis                           brouette m’échappe

 

            le sens n’a pas les moyens de parvenir à la surface de l’affectif hurlant

brouette                     mal passé par le trou.

 

                        air soufflé alcool justement inaproprié en toute circonstance même l’ombre de mon ombre – Toi, tu ne m’a jamais abandonné ; l’alcool est un phénomène antérieure au sens – avoir un enfant – je ne suis plus sûr de rien

bien

 

la brouette fait un songe remplit de cailloux noir esclaves du temps nocturne

            et de la facilité qu’ont les pédés de demander de l’aide

 

                        m’échappe soigneux privé pour aller en jail non que je sois pédé mais je suis jeune

 

 

            de la plus haute escrime cette quête incessante ressasse les pourtours méditerranéens je feins le retour de Calvi je joue aux échecs je sais y jouer

 

            subsiste le : oublié et tout ce que j’ai vu m’échappe – Un sens

                        subsiste je suis overclean je puise le baiser sévère

 

le brasier flamme occulte

esclave féminin rien n’a d’autre priorités purulentes que d’aller au supermarché je

sens que la

                                   brouette songe les cailloux noirs qu’elle transporte dorment

 

                        ainsi va la nuit courage

 

            limon

            verdure

            juste enfer

            ver sur le lit

            jeté dans le monde

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Anoushka

23 Octobre 2020

Anoushka

 

j’ai oublié les clefs dans la voiture, l’instant sera mon interprète

            je vais m’abonner au magazine le matricule des anges

et l’aurore s’incline sur ma trace

demain je verrai bien s’il y a urgence pour l’anaphore

j’ai les clefs                                                    elles sont dans ma main

et le temps s’est réfuté          je lirai des articles de littérature contemporaine

tout sera tranquille et bien mis

population et trisomie                       quatre arrêtes pour un carré trois pour le triangle

combien pour l’adolescente ? elle ne lira pas.

 

méprise si formidable donc l’anaphore n’est pas insituable dans l’espace précipité

                        du poème

 

je lirai des articles et le temps s’est réfuté

j’ai bien un enfant oui                                   sûr de ça

                                               brève est la couleur à l’aune du regard

 

                                               c’est elle elle ne me lira pas mais j’avais les clefs dans la main

                                               j’ouvre la porte arrière c’est encore un nourrisson

 

            l’instant est mon interprète je lui dit que je l’aime elle n’a que six mois   

 

 

                                   comme un guarani je pose des ponts sur les rivières

afin d’accueillir sa phrase, je la sors de la bagnole je la prends dans mes bras nous montons dans l’ascenseur dont l’annonce du cinquième étage est une probabilité que je ne néglige pas nous arrivons au cinquième étage elle est dans mes bras ronds

 

ma mère est présente à l’intérieur de la méprise formidable si formidable elle dit « bonjour ninoush » nous rentrons

 

je me suis habitué à porter l’eau sur mon dos                     cible silencieuse

les ponts sont construits elle commence à parler                pas d’inquiétude

 

comme un guarani je m’occupe de son arrivée au monde

 

je lui donne le biberon je n’ai pas de problème avec ça ça ne me dérange pas je fais acte de parole en lui bouchant la bouche pour la nourrir

 

elle voit dans l’éclair d’un regard que je ne suis pas quelqu’un d’immédiat

Elle sent l’Enfer

 

                        nous ressortons tous les trois au parc « tout le monde prenait l’air

                                                                                              De trouver ça vivable

                                                                                              Je décidai donc de ne rien dire

                                                                                              J’appris à vivre heureux                                                                                                        parmi les miens

 

 

 

                                                                                   Je ne me connaissais pas d’ennemis »

 

 

brève est sa couleur à l’aune du regard

y repenser déjà dérobe l’instant

elle est blonde blanche petite

 

je prends un coca elle dort dans la poussette

            le problème des clefs n’est plus de mon ressort

tout ce que j’ai vu m’échappe mais un sens

 

il y       a un sens

alors je retourne à l’objet

indiqué plus haut

fille blonde blanche petite

                        m’échappe en dormant je m’endors à mon tour

 

inaugural

et l’espèce humaine a compter il y a six mois une addition

c’est le rêve

                        la couleur sa couleur l’instant sera mon témoin

 

je la regarde je vais m’abonner au matricule des anges

                        elle ne me lira pas

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Baudelaire et Supervielle

19 Octobre 2020

On peut ne pas accepter le monde en tant qu’il est fondé rationnellement. C’est-à-dire par la mathématique ou plutôt l’ontologie des mathématique, la logique. C’est inacceptable. C’est trop évident. Il y a une autre acception du monde.
Pour exemple, la poésie ou l’art en général procède par interférence pour dévoiler une vérité. Une métaphore, qui n’a rien de logique, par exemple la passante évanescente de Baudelaire représentant la beauté n’est promis à une vérité (émotionnelle, sensitive) qu’à condition que ce même lecteur « accepte » de se faire dévoiler en lui une vérité sur une modalité de l’être, l’étant « Beauté ». Il n’y a pas de logique, il n’y a que l’intention de dérouter la logique, en faire un non-sens (une passante n’est pas la beauté, si une passante était la beauté alors nous n’aurions pas besoin du poème de Baudelaire pour découvrir la Beauté en tant qu’elle serait à chaque coin de rue où passerait une passante). L’intention poétique et son effet forme un tout dans l’émission (le poème) et la réception (la lecture) d’une forme affirmative quant à la vérité de la beauté. Celle-ci se déroule sur la scène de l’analogie, de la métaphore et n’a pas besoin d’une base référentielle logique. Le dire poétique est dit sur l’être (les étants qui le forment) par ce qu’il est écart et fulgurance holistique. Il est auto légitimé par sa simple affirmation. Il y a poésie et donc vérité qu’à condition que l’affirmation soit capable de donner du sens à l’être.
La philosophie, les mathématiques, la logique, ne donne pas de sens à l’être. Elles prennent des parties (les nombres, les hommes, les concepts etc…) pour en construire des systèmes homogènes de compréhension du réel et de son principe, l’être
La poésie par la précipitation verbale actionne un levier tout autre, un levier holistique, ce qui veut dire que l’ensemble que forme le poème est plus vaste que ses parties (!). Par exemple, la biographie du poète en question, le champ lexical, les figures de style, tout ce qui est la part analytique du littéraire du poème est dépassé mystérieusement par l’affirmation et l’événement hasardeux qui fait que le poème déborde le sens qu’on pourrait lui donner en fonction de sa dissection, de ses parties. Le poème est holiste, le poème accède par le Dire, la transformation du signifiant d’extraction de sa qualité logique au sein du code (la langue). Extraction mystique, inexplicable, mais qui donne sens au réel en tant qu’il le soigne de sa déchéance de n’être que matière ou idée (sensible ou idéale). Le poème élève la conscience à un état de confiance dans l’inexplicable (a priori inquiétant) car cet inexplicable réintègre le spectateur de la forme poétique à un signifiant plus élevé, inexplicablement plus dense, énigmatique et en même temps donne une quasi-certitude quant à la capacité du sujet à accepter le réel en tant qu’il n’a pas de sens.
Ce sens du non-sens du poème parle de choses essentielles parfois par des voies mineures (quotidien, « petits sujets »…) mais reste toujours sur la crête entre deux vides, d’un côté le vain effort logique de la mathématique de rendre le monde intelligible et de l’autre la causalité religieuse d’un principe premier expliquant tous les phénomènes du réel. Le poème est exactement là, par sa qualité à dire l’être par l’objet langage qui se pense toujours au-delà de lui-même. C’est la métaphore : la passante est pensée au-delà de sa simple présence physique par l’articulation au départ raisonnée d’une chaîne de signifiants pour enfin accomplir un retournement holistique de dépassement de la raison des signifiants par l’imaginaire du poète et son génie créatif. Ce retournement, cette punchline infinie rend raison à une vérité qui parle à l’intérieur du lecteur comme une évidence, une réminiscence d’un déjà vu, une explosion de tout rapport logique au monde, une inquiétante étrangeté qui fait naître en lui le désir de s’approprier l’espace que le poème lui a offert pour l’interpréter et devenir à son tour une sorte de poète. Une procédure de vérité s’effectue là, dans cette passation d’espace sémantique (le poète pose, le lecteur investi) et l’Autre n’est plus impossible. Le Réel n’est plus impossible. Il devient jouissance pour le lecteur. Il peut s’y confronter comme un fou se confronte au réel, c’est-à-dire sans intermédiaire. Le réel n’a plus besoin de logique mais d’affirmation sans référence pour être entendu, vu, senti, respirer... Penser.
Il en découle que le poème est appropriation d’une existence puisque cette existence se verra obligé d’affirmer avec le poème la virtualité de toute cause, de toute logique. Cette appropriation n’est pas perverse mais nécessaire. C’est que le poète en sa qualité de mystique, d’interventionniste sur la somme historico-littéraire avoue ne pas savoir tout en sachant tout. Le non-sens du poème est sauvé par l’intervention dans l’Histoire d’une énonciation nouvelle. Par exemple pour en revenir à Baudelaire : que la Beauté existe au-delà de sa participation aux formes mineures et partielles, mais existe dans l’articulation de phénomènes a priori (historiquement donnés comme a priori) anecdotiques ou basses et qu’elle se cache dans la vérité de son affirmation elle-même. C’est l’Holisme du poème de Baudelaire. Le Tout dépasse les parties. Il ne sait rien et pourtant sait tout car il a avec lui la volonté que le signifiant lui inflige, volonté de quoi ? Volonté de dire quelque chose d’essentielle dans un monde qui n’a aucune essence. Ni matière, ni idées peuvent être considérés comme essence. C’est précisément l’existence du poète, son affirmation dans l’Histoire par la volonté que lui inflige le symbolique, le signifiant à s’extraire de sa modalité simplement communicative, son existence donc, en jeu, pour donner naissance à de la vérité. L’existence rend compte du sens.
Le poème de Supervielle
« Ne toucher pas l’épaule du cavalier qui passe
Il se retournerait
Et se serait la nuit
Une nuit sans étoiles
Sans courbes ni nuages
« « Mais que deviendrait le ciel
« « La Lune et son passage ? »
Il vous faudrait attendre
Qu’un second cavalier
Aussi puissant que l’autre
Consentît à passer »
L’analyse du poème importe peu. Ce qui importe c’est l’effet qu’il produit dans son tout. Sans l’altération de l’espace qu’il procure. Le « Cavalier » nous met en position de recul vis-à-vis d’un réel dont on ne devrait pas toucher l’épaule, car il disparaitrait. Le « second Cavalier » c’est l’effet métaphysique du poème. Il englobe, s’il consent, c’est-à-dire si le spectateur consent, il avale le réel, l’être dans sa simple formule de donation, de consentement à donner du sens au réel. Même s’il est reste abstrait. « Mais que deviendrait le ciel ? » : mais que deviendrait le sens ? Le second cavalier c’est à dire le lecteur qui consent à investir l’espace sémantique du poème (le langage du poème) redonne du sens au réel. Sans que nous sachons bien pourquoi, pour qui, et comment ce sens se redistribue dans le système nerveux, perceptif du lecteur.
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le régime injuste de la poésie

19 Octobre 2020

Seul est le régime injuste de la poésie. Injuste car déplacé, et cela à chaque instant. Pizarnik cherche l’aube, je cherche le mouvement des petits crépuscules ; Allez ! Ce n’est pas la poésie qui rabote, taille la vérité : c’est la vérité qui use de son charme navrant sur la poésie. C’est à posteriori que se trace le champ. Lorsque l’on est heureux de la Fabrique. A chaque instant une césure de l’image, image instantanée, collée et horizon fixe. Alors le mouvement des petits crépuscules sans envergure. La vérité draine le faux, et c’est l’absence des signes et balises qui produit la poésie : elle, doucement, protège le Nom.

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Poésie de Dieu

19 Octobre 2020

 
C’est à l’image que revient le droit d’exercer l’influence du primordiale sur l’expérience de l’humanité.
Le premier artiste, se reflétant dans l’origine (laquelle ne peut se souvenir d’elle-même, son produit l’a effacé dès la première expérience logique ou iconique recouvrant le jeté de l’homme dans le monde) mêle son cœur à son esprit dans une nuit ou un jour propice à l’expérience que de tenir tête à la lumière et son rayonnement, fut-il beau, - il sera toujours ce qui fait l’ombre, l’ombre – mais maintenant approprié dans son négatif : la lumière aveuglant le premier artiste. Il cherche la Parole qui n’a pas besoin du Soleil pour dialoguer avec le Dehors, et tout autour de sa hutte, doit se jeter le hasard. L’homme advient, le hasard avec. Après dans le retournement photographique l’homme ne peint plus, il peint encore, il voit, il désigne le Mal, le Bien, le tabou, l’exception, l’animal comme formes incommensurable à sa destinée absurde.
L’appareil photographique : des couches de sédiments : conscience de l’origine à jamais inconnue à la dernière œuvre de vision d’un esprit enfuit en lui-même par le nihilisme que tout l’Être recompose et désœuvrant le berger le condamne à l’infini. Nulle entreprise comparable n’avait été tentée auparavant, il est le durcissement de la matière et l’évanouissement de la matière. Il se retire dans la nuit englobante et regardant son troupeau se fait le désignateur d’une première ligne continue – sèche – qui se transpose dans toutes choses auparavant polies comme la pierre de la rivière – et désormais polie par la reconnaissance immédiate, dont l’action de cet homme désigné pour la première fois dans le cosmos exceptionnel comme action positive sur la matière sculptant le totem et fuyant en lui le tabou.
L’image contre le tabou. Voilà la première enquête de Dieu à l’égard du commencement, il trouve des preuves, émet des hypothèses et se résout à conclure que l’homme pourrait ne plus croire en lui mais à l’image qu’il se fait de lui. Distinction importante. L’image, l’icône, la représentation, l’immédiat, l’immanence de la conscience pure commence toujours par un coup d’œil allant de la nécessité de l’homme à se répandre comme une bactérie et en lui-même se représentant les étoiles ou de l’arc en ciel comme présente médiate d’un être divin à un être moral. Bœuf et infinité. Nourriture terrestre et nourriture céleste.
Dieu abdique, il se servira de la bêtise de l’homme qui pose les questions primordiales à n’importe quelle image immobile dans la stagnation infernale de l’absence de parole retirée de l’élan du berger étant devenu lui-même Dieu.
Alors il porte un chapeau, la pluie tombe, l’obscurité s’épaissit, l’hiver, le givre glace et empêche la chasse, reste les grottes où la possibilité d’une transcendance païenne inscrite dans le basalte : bœufs, bisons, mammouths et même hommes eux-mêmes représentés comme s’ils leur fallait se retourner pour se voir. Car c’est derrière lui que l’homme comprend, tous les jours, après que le passé, le négatif se soit asséché, l’homme ouvre un Dehors terrifiant sur le futur. Comment comprend l’homme le futur, il ne le comprend, il ne peut que le nommer l’interminable. Il photographie les restes d’un feu, des outils servant à découper la viande, du silex, et la voix extérieure s’emmêle à la voix intérieure. Un souffle glacé parcourt l’ancienne bête devenu saint et homme donc infini, un souffle qui recouvre l’origine de la première image du Réel, de Dieu, de l’Inconscient, de la Puissance et s’éteint dans l’histoire éternelle, retour sur elle-même et feu tout latent porté à son comble lorsque la bête devenue homme s’imagine être resté bête simplement. C’est cela que contient la parole Divine dans l’imagination technologique : c’est que bête tu étais et bête tu seras. Même miroir depuis la nuit des temps, même musique du sable dans la marche avec un bâton dans le désert, même inutilité de la vie sur Terre, même invasion de la vérité et de la valeur, de la science et de la morale, de la bassesse et de la terreur.
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