L’imbibé de silence
Je ne suis nullement celui qui te décrira sa route. Ce qu’il a pu faire ou endurer. Qui étaient ses parents et ses amis. Celui qui en parlant ne pense pas mais dévalise. Je ne suis pas celui qui aime déferler dans le sein. Je ne serai pas non plus celui qui te diras comment te tenir droit lorsque le vent souffle. Je suis quelqu’un d’imbibé, imbibé de silence.
L’automne meut ses feuilles
Je meus mes feuilles
Tu mettras tes feuilles
Dans la caisse où il y avait un dieu
Et ça sera bien
Quelque chose courra quelque part
Et ça sera bien
Et tu pourras te dire que tout ça
Ça sera bien
Que ça avance dans le bon sens
Que les feuilles tombent là où il faut
Que le bitume de Paris n’est pas si aride
Qu’il se mouille de l’humidité de l’automne
Quelle est cette musique ?
Vient-elle de ce troquet ? Mais oui !
Je tâtonne, je prends un verre de vin
Je m’enivre
Je vois la rue
je sors
Je rencontre la fille
C’est la fille
C’est elle
Je l’embrasse.
Le peintre de la Nouvelle Ruche
Je marchais vite. Il pleuvait.
J’ai choisi de vous raconter l’histoire.
Alors je la raconte. Hop hop.
Il marchait vite pour prendre le bus qui devrait arriver deux minutes après à l’arrêt de bus de Faidherbe-Chaligny. Il pleuvait dru. Il avait regardé vu l’instant d’avant, en haut, que le bus aller arriver deux minutes plus tard. Ligne 89 : Porte de Bagnolet – Champ de Mars. Le contrôleur « Missieur vous avez pas de ticket ? », lui « Non je ne peux même pas me nourrir ». Le contrôleur le regarda méchamment.
Pris d’un nœud à l’estomac
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Les ponts au sud de l’avenir
maîtrise le retrait
comme on maîtrise l’ire
puisque la colère nous maîtrise
ne maîtrisons rien de mieux
maintenant, pour nulle part
se hâter, vraiment
se hâter…
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La ligne d’un espoir, pourquoi la paix ?
Les dés en formes d’étoiles
Ici – la guerre,
demain, mon sexe
où se retrouver ?
partir – le temps de l’hiver
se désagréger –
encore
Les mots poreux
le matin glacé – le
lit entièrement
recouvert de cendre
Je ne suis plus l’homme
je suis la glace
je ne sais plus vivre
je ne sais plus devenir –
toujours en écho.
L'amour la poésie
c'est croire un peu écrire un poème
c'est voir l'encre sur le cahier un peu
comme un habit qu'on enlève pour
faire l'amour encore un peu comme de l'amour
encore un peu l'amour sur du papier
c'est être amoureux c'est faire l'amour
un peu un tout petit peu
c'est mettre des lettres puis des mots
puis des phrases des habits qu'on se fait
enlever c'est croire un peu
c'est être présent à l'amour
c'est voir comment ça marche tout ça
c'est croire au poème
au moins à lui
J'AI MAL AUX MAINS
J'ai mal aux mains
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il cherche une amoureuse
cela déteint sur la France
il creuse
Réfléchi
Je suis une bête, un nègre. Je ne puis m’exprimer, je ne peux vous donner mes raisons.
Le premier étage d’un immeuble de la rue des Grands Augustins
Une grande tour mais plutôt un point de vue ouvrant sur de
Grandes espérances : remplir par les mots
Les béants possibles de l’instant.
Une vision :
La fenêtre ouverte sur le passé,
Différents temps surpris par un futur qui n’est pas encore né : gît le prof de fac
À quelques mètres seulement.
Où, vitres closes, il écrit patiemment
Sur ce qui ressemble être un bureau, étroit, disposé entre le canapé
Et le mobilier de la cuisine.
Car je sais qu’à l’intérieur c’est comble, les copies des élèves lui imposent
Cette altérité qui jamais ne se rend : son fils et dans la salle de bain à droite
En caleçon ; jamais les lunettes du prof et le corps du fils
Ne seront des objets inclus en ce qui va de mon être.
Jamais.
Pourtant jamais ne périra en moi
Le goût d’être un autre.
Jamais car ces deux êtres sûrement purs en tous les cas par hypothèse
Me rendent à cette vision, ce flash
De l’autre que je ne fus jamais.
Celui-là qui s’imbibait de la nuit, prodige de la démence,
Influençant les différents temps,
Incomparables parmi les incomparables, l’autre que je connaissais
Et qui ne m’a pas laissé vivre.
Pourtant il est là, sur les grands murs blancs de cette cour. Son ombre
Le trahit.
Il est ici allongé sur le canapé non loin du prof de fac,
Désirant un père, désirant un petit-frère.
Désirant à jamais.
C’est là qu’est la beauté de la situation.
D’avoir aperçu, dans cette vulnérabilité et dans l’impermanence
De ma raison
Le paysage paisible d’une rassurante immanence
Embrasant d’un trait de feu ma mémoire :
Le souvenir de mon père, de Diego ;
De Marie et moi, enfant ivre,
Enfant heureux,
Enfant que je fus.
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parfait de l’air
comme l’on discute de la peau
je devance d’une seconde l’orage
et les plaques rouges dans le ciel
m’ont déjà demander comment je faisais
j’ai répondu :
retenir