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Le d4ng3R

3 Mars 2020

Pourquoi ne se dire à soi-même 

que les mots des autres

venus là pour trier les membres acoustico-vocaux

 

je mêle l’insondable d’un torrent où les pieds

s’y 

jettent

et il fait froid

et il fait chaud

et il faut y aller

retourner aux mots

 

peut-être était-ce un poisson

mais nul ne le sait

sauf moi

 

donc je ne dis pas peut-être

mais sûrement qu’un jour 

je me délivrerais

 

du joug des mots

venus des autres

 

avec ma canne

et mon

dentier

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3 Mars 2020

Je sais maintenant ton nom

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3 Mars 2020

J’ai des mots à trier

Des noms à tuer

Des verbes à mordre

Et des pronoms à publier

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Huysmans

3 Mars 2020

 

Je me dois de vous dire
Que je suis un peu malade

Et qu’écrire en ayant un peu mal au ventre

C’est dur

Par ce qu’on pense au mal de ventre

Mais je pense à Des Esseintes

Qui s’est fait arracher la dent

Je ne sais plus s’il écrivait

Mais huysmans oui

Voilà c’était la petite histoire de l’écriture et du mal de ventre

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Au fond du fond

3 Mars 2020

Au fond

On peut pas s’en passer

Du trou

Du beau trou

Du trou rouge sang

Du trou de lumière

On peut pas s’en passer

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Texte sur Baudelaire idéal et Supervielle et son réel

3 Mars 2020

On peut ne pas accepter le monde en tant qu’il est fondé rationnellement. C’est-à-dire par la mathématique ou plutôt l’ontologie des mathématique, la logique. C’est inacceptable. C’est trop évident. Il y a une autre acception du monde.

Pour exemple, la poésie ou l’art en général procède par interférence pour dévoiler une vérité. Une métaphore, qui n’a rien de logique, par exemple la passante évanescente de Baudelaire qui représente la beauté n’est promis à une vérité (émotionnelle, sensitive) qu’à condition que ce même lecteur « accepte » de se faire dévoiler en lui une vérité sur une modalité de l’être, l’étant « Beauté ». Il n’y a pas de logique, il n’y a que l’intention de dérouter la logique, en faire un non-sens (une passante n’est pas la beauté, si une passante était la beauté alors nous n’aurions pas besoin du poème de Baudelaire pour découvrir la Beauté en tant qu’elle serait à chaque coin de rue où passerait une passante). L’intention poétique et son effet forme un tout dans l’émission (le poème) et la réception (la lecture) d’une forme affirmative quant à la vérité de la beauté. Celle-ci se déroule sur la scène de l’analogie, de la métaphore et n’a pas besoin d’une base référentielle logique. Le dire poétique est dit sur l’être (les étants qui le forment) par ce qu’il est écart et fulgurance holistique. Il est auto légitimé par sa simple affirmation. Il y a poésie et donc vérité qu’à condition que l’affirmation soit capable de donner du sens à l’être.

La philosophie, les mathématiques, la logique, ne donne pas de sens à l’être. Elles prennent des parties (les nombres, les hommes, les concepts etc…) pour en construire des systèmes homogènes de compréhension du réel et de son principe, l’être 

La poésie par la précipitation verbale actionne un levier tout autre, un levier holistique, ce qui veut dire que l’ensemble que forme le poème est plus vaste que ses parties (!). Par exemple, la biographie du poète en question, le champ lexical, les figures de style, tout ce qui est la part analytique du littéraire du poème est dépassé mystérieusement par l’affirmation et l’événement hasardeux qui fait que le poème déborde le sens qu’on pourrait lui donner en fonction de sa dissection, de ses parties. Le poème est holiste, le poème accède par le Dire, la transformation du signifiant d’extraction de sa qualité logique au sein du code (la langue). Extraction mystique, inexplicable, mais qui donne sens au réel en tant qu’il le soigne de sa déchéance de n’être que matière ou idée (physique ou philosophique). Le poème élève la conscience à un état de confiance dans l’inexplicable (a priori inquiétant) car cet inexplicable réintègre le spectateur de la forme poétique à un signifiant plus élevé, inexplicablement plus dense, énigmatique et en même temps donne une quasi-certitude quant à la capacité du sujet à accepter le réel en tant qu’il n’a pas de sens.

Ce sens du non-sens du poème parle de choses essentielles parfois par des voies mineures (quotidien, « petits sujets »…) mais reste toujours sur la crête entre deux vides, d’un côté le vain effort logique de la mathématique de rendre le monde intelligible et de l’autre la causalité religieuse d’un principe premier expliquant tous les phénomènes du réel. Le poème est exactement là, par sa qualité à dire l’être par l’objet langage qui se pense toujours au-delà de lui-même. C’est la métaphore : la passante est pensée au-delà de sa simple présence physique par l’articulation au départ raisonnée d’une chaîne de signifiants pour enfin accomplir un retournement holistique de dépassement de la raison des signifiants par l’imaginaire du poète et son génie créatif. Ce retournement, cette punchline infinie rend raison à une vérité qui parle à l’intérieur du lecteur comme une évidence, une réminiscence d’un déjà vu, une explosion de tout rapport logique au monde, une inquiétante étrangeté qui fait naître en lui le désir de s’approprier l’espace que le poème lui a offert pour l’interpréter et devenir à son tour une sorte de poète. Une procédure de vérité s’effectue là, dans cette passation d’espace sémantique (le poète pose, le lecteur investi) et l’Autre n’est plus impossible. Le Réel n’est plus impossible. Il devient jouissance pour le lecteur. Il peut s’y confronter comme un fou se confronte au réel, c’est-à-dire sans intermédiaire. Le réel n’a plus besoin de logique mais d’affirmation sans référence pour être entendu, vu, senti, respirer... Penser.

Il en découle que le poème est appropriation d’une existence puisque cette existence se verra obligé d’affirmer avec le poème la virtualité de toute cause, de toute logique. Cette appropriation n’est pas perverse mais nécessaire. C’est que le poète en sa qualité de mystique, d’interventionniste sur la somme historico-littéraire avoue ne pas savoir tout en sachant tout. Le non-sens du poème est sauvé par l’intervention dans l’Histoire d’une énonciation nouvelle. Par exemple pour en revenir à Baudelaire : que la Beauté existe au-delà de sa participation aux formes mineures et partielles, mais existe dans l’articulation de phénomènes a priori (historiquement donné comme a priori) anecdotiques ou basses et qu’elle se cache dans la vérité de son affirmation elle-même. C’est l’Holisme du poème de Baudelaire. Le Tout dépasse les parties. Il ne sait rien et pourtant sait tout car il a avec lui la volonté que le signifiant lui inflige, volonté de quoi ? Volonté de dire quelque chose d’essentielle dans un monde qui n’a aucune essence. Ni matière, ni idées peuvent être considérés comme essence. C’est précisément l’existence du poète, son affirmation dans l’Histoire par la volonté que lui inflige le symbolique, le signifiant à s’extraire de sa modalité simplement communicative, son existence donc, en jeu, pour donner naissance à de la vérité. L’existence rend compte du sens.

Le poème de Supervielle 

« Ne toucher pas l’épaule du cavalier qui passe

Il se retournerait

Et se serait la nuit

Une nuit sans étoiles

Sans courbes ni nuages

« « Mais que deviendrait le ciel

« « La Lune et son passage ? » 

Il vous faudrait attendre

Qu’un second cavalier

Aussi puissant que l’autre

Consentît à passer »

 

L’analyse du poème importe peu. Ce qui importe c’est l’effet qu’il produit dans son tout. Sans l’altération de l’espace qu’il procure. Le « Cavalier » nous met en position de recul vis-à-vis d’un réel dont on ne devrait pas toucher l’épaule, car il disparaitrait. Le « second Cavalier » c’est l’effet métaphysique du poème. Il englobe, s’il consent, c’est-à-dire si le spectateur consent, il avale le réel, l’être dans sa simple formule de donation, de consentement à donner du sens au réel. Même s’il est reste abstrait. « Mais que deviendrait le ciel ? » : mais que deviendrait le sens ? Le second cavalier c’est à dire le lecteur qui consent à investir l’espace sémantique du poème (le langage du poème) redonne du sens au réel. Sans que nous sachons bien pourquoi, pour qui, et comment ce sens se redistribue dans le système nerveux, perceptif du lecteur.

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RÉFLÉCHI SUR LE LYRISME 

2 Mars 2020

 

La poésie contemporaine s’applique, par divers registres qui vont du néo-formalisme tarkossien à l’expression instantanée du présent qui se meut par et pour la conscience de l’instant ; mais pas du temps, ou en tout cas d’un travail à son encontre d’un Guillevic, à dématérialiser le pathétique du Moi. Le Moi qui se conscientise dans la forme grammaticale et poétique bien connu du Je. On sait que le lyrisme parcourt l’expérience poétique de toute part, dans le temps et dans l’espace du poème. Voyez l’expression, le ton d’un Vigny, d’un Lamartine ou d’un Hugo ; expression qui s’incarne le plus profondément et le plus véritablement (c’est à dire qui en a la conscience et le pouvoir d’accomplir le désir lyrique) dans le romantisme. Les contemporains ne se réclamant pas du lyrisme l’abhorrent par déconstruction plutôt que par instinct de rébellion contre l’ordre établi de la poésie romantique. Pennequin par exemple s’appliquera à utiliser le quelque chose plutôt que l’objet défini et donc perceptible à l’expérience subjective du Je pour et dans le vers. Il faut noter que le lyrisme a généré une immensité de recours au sujet disant : dans le surréalisme Eluard ou le Aragon du Fou d’Elsa applique consciencieusement la dialectique du rapport entre sujet lyrique et objet amoureux, qui ne peut s’exprimer (pour lui) que dans un excèdent du simple poème, c’est à dire la mise en danger de soi dans la première syllabe du syntagme « je suis à toi ».  Pour le surréalisme il ne peut exister que de poésie du Je qui noue l’abstraction de la conscience de son propre poème à la construction consciente et palpable du Moi ivre des méandres du Moi non-encore perçu comme Moi.          

 

Le multiple, le désincarné par une unité qui transcende le foisonnement de point de vue peut s’exprimer dans la poésie symboliste, ainsi, on note qu’un Rimbaud décrit la condition d’un garçon de dix-sept ans, par le on. Il est évident que le on s’inscrit dans une négation du point de vue, et, applique à la forme lyrique sa désincarnation, son diluement dans les multiplicités existentielles que Rimbaud connaît dans sa vie. Je n’est pas on mais il le décrit comme un courant qui passe entre le poète et sa représentation fantasmatique. Il vit dans le fantasme des bocks de limonade, il vit par la désincarnation de son personnage : c’est le le qui précède le vent plutôt que l’absorption poétique de la figure de la brise va sur le je. Le réel est décrit par l’imaginaire : l’irréel. On avance dans la poétisation de l’indéterminé par la subjectivité existentielle du jeune Rimbaud. Pour autant, ce jeune Rimbaud existe, architecte du plan construit pour le lecteur, pour qu’il s’y mêle et qu’il s’identifie au je de Rimbaud. Il désincarne pour s’incarner dans chaque lecteur. Le fictif (du on, du ce) se réalise dans la conversation avec le lecteur qui ne peut plus qu’incarner, vivre le poème, comme s’il était lui-même un jeune garçon de la fin du 19ème siècle, un Rimbaud qui s’évade, qui lutte et cri d’épouvante.

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