Poème à mon père
Non insistante reconnaissance du geste d’amour
Plutôt annonce d’une fleur auparavant ployée en son erreur
Car par quels moyens s’ouvrir lorsque tout est intérieur ?
Annonce alors du tournesol se tournant en son secret, au zénith de son cœur,
Terreau qui abrogeât la longue et douloureuse naissance du recueil : fruit tardif, pur secret.
Ainsi soustrait à l’âpre chaleur du Narcisse, le tournesol est préservé dans son secret
En se laissant voir par qui veut lui ajouter sa splendeur en le humant, juste le humant.
Et tu fus une tournoyante abeille humant, le long de mes mots, le souvenir de Marie.
Et tu fus ce que tu es,
Notre père.
Poème possédé à Fanny Metzli-Gadan
poème possédé à Fanny Gadan
tu n’as pas à savoir plus que la stèle
puisque déjà le souvenir
s’est tu en ton regard
seul l’instant – oiseau ou lumière
(charme filtrant ma mort)
me dicte ce poème
en l’écorce du jour, nous allons voir Cézanne –
et le tronc sera la stèle
le tronc de la peinture
tu n’as pas à le savoir, je serai là
comme une feuille, Ô une seule et moi
mort certes et ami
et ami et vivant certes
car notre union ne connaît que ce qui guérit.
Poème à mon psychanalyste
Pour cela il faudrait
Pour cela
Parler
Pour cela il faudrait
Saisir au vol l’image
À la mesure de…
Mais je n’en parlerais pas
Il faudrait
Oui c’est vrai
Il faudrait
Une personne imbibée de silence dans la pièce où nous nous trouvons
Il faudrait ce peu de bruit
Entre votre visage et mon visage
Il faudrait encore
Encore et encore
Il faudrait travailler le silence
Et aussi la flamme
Car vous dire ce poème vaut bien des vies
Un massacre entre mes lèvres je le redis
Pour cela il faudrait
Des certitudes
De loin en loin
Afin que l’ombre de votre bras droit
(Je suppose votre bras droit comme celui de la masturbation)
Afin que cette ombre disparaisse
Qu’il ne reste que le bras nu
Et qu’il se tienne sans que je ne le comprenne ni vous ni moi
Ni la personne silencieuse derrière nous
Et qu’il se tienne ce bras pour nous protéger
De l’ombre de toutes les autres objets
Oui il faudrait cela et cela et cela
Et l’adrénaline
Éclaire ce peu de bruit que je dis
Et ce peu d’agir
Ce peu
J’ai essayé
Mais j’y retourne souvent
Au lieu
Au lieu d’écrire ma sœur la vie
Au lieu où ma sœur la vie s’épuise
Dans ce cabinet sans ombres n’en doutons pas
Oui il faudrait
Une attention abstraite à toute chose
Dans le doute
Nous pourrions envisager le suicide
Nous deux
Pour le monde
Pour mes paroles serrées entre l’enclos de mes dents
Pour leur rendre hommage
Celles-là qui de leur cage n’ont jamais pu s’envoler
Comme une lionne dans une boite
Qui grogne et on en a pitié
La personne nous écoute
Je clos
Par maîtrise du retrait
Par ma langue morte
Le poème est l’élevé
L’imbibé de silence
Je ne suis nullement celui qui te décrira sa route. Ce qu’il a pu faire ou endurer. Qui étaient ses parents et ses amis. Celui qui en parlant ne pense pas mais dévalise. Je ne suis pas celui qui aime déferler dans le sein. Je ne serai pas non plus celui qui te diras comment te tenir droit lorsque le vent souffle. Je suis quelqu’un d’imbibé, imbibé de silence.
L’automne meut ses feuilles
Je meus mes feuilles
Tu mettras tes feuilles
Dans la caisse où il y avait un dieu
Et ça sera bien
Quelque chose courra quelque part
Et ça sera bien
Et tu pourras te dire que tout ça
Ça sera bien
Que ça avance dans le bon sens
Que les feuilles tombent là où il faut
Que le bitume de Paris n’est pas si aride
Qu’il se mouille de l’humidité de l’automne
Quelle est cette musique ?
Vient-elle de ce troquet ? Mais oui !
Je tâtonne, je prends un verre de vin
Je m’enivre
Je vois la rue
je sors
Je rencontre la fille
C’est la fille
C’est elle
Je l’embrasse.
Le peintre de la Nouvelle Ruche
Je marchais vite. Il pleuvait.
J’ai choisi de vous raconter l’histoire.
Alors je la raconte. Hop hop.
Il marchait vite pour prendre le bus qui devrait arriver deux minutes après à l’arrêt de bus de Faidherbe-Chaligny. Il pleuvait dru. Il avait regardé vu l’instant d’avant, en haut, que le bus aller arriver deux minutes plus tard. Ligne 89 : Porte de Bagnolet – Champ de Mars. Le contrôleur « Missieur vous avez pas de ticket ? », lui « Non je ne peux même pas me nourrir ». Le contrôleur le regarda méchamment.
Pris d’un nœud à l’estomac
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Les ponts au sud de l’avenir
maîtrise le retrait
comme on maîtrise l’ire
puisque la colère nous maîtrise
ne maîtrisons rien de mieux
maintenant, pour nulle part
se hâter, vraiment
se hâter…
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La ligne d’un espoir, pourquoi la paix ?
Les dés en formes d’étoiles
Ici – la guerre,
demain, mon sexe
où se retrouver ?
partir – le temps de l’hiver
se désagréger –
encore
Les mots poreux
le matin glacé – le
lit entièrement
recouvert de cendre
Je ne suis plus l’homme
je suis la glace
je ne sais plus vivre
je ne sais plus devenir –
toujours en écho.
L'amour la poésie
c'est croire un peu écrire un poème
c'est voir l'encre sur le cahier un peu
comme un habit qu'on enlève pour
faire l'amour encore un peu comme de l'amour
encore un peu l'amour sur du papier
c'est être amoureux c'est faire l'amour
un peu un tout petit peu
c'est mettre des lettres puis des mots
puis des phrases des habits qu'on se fait
enlever c'est croire un peu
c'est être présent à l'amour
c'est voir comment ça marche tout ça
c'est croire au poème
au moins à lui
J'AI MAL AUX MAINS
J'ai mal aux mains
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il cherche une amoureuse
cela déteint sur la France
il creuse