NULLITÉ
la voix est nulle
au départ tout est nul en nous
on est ramolli dès la naissance
un petit pourtout
puis
du cri du cri cric cric
la voix se nullifie toujours dans
le parlé parlé
dans le sang contaminé
une sorte de langue râpeuse
à la dent carié, d’un juste plomb
puis le pus
la langue nulle lacet autour de toi
elle est une force incontournable
une émission de CO2
elle se sent plus, elle arrête : arrêté essentiel
plus qu’à crever. ensemble.
MODA XL
paris à faim ce soir
la nuit claire
“parfum” - on s’en bat les couilles du symbolisme :
pas parfum : tête de cheval forme une constellation
les enfants qui l’ont abattu sont plus têtus
et le sommeil
boit
le corps retourné des âmes détruites de mes enfants
j’ai l’impression de défier le destin, ou suis-je simplement
en train de l’éviter ?
sèche et méchante :
la faim a faim
comme
toi
peut-être.
une bougie écarlate illumine notre monde comme du pneu qui crisse
dans un parking plein d’amour pour l’obscurité
ou du faux diamant contre les
miroirs
d’une maison close
ce peu d’ombre qui fuit
par le bord effilé de la nuit :
un oiseau peut-être, ou un papillon qui crève
et mes 720 euros de modafinil
c’est tout ce que j’ai
alors je dirai
“se taisait” :
quelqu’un a écrit un poème.
NEVERMORE
murmure perpétuel
de la peine cachée
c’est que tout ça se dresse
dans l’ombre que mon stylo
effraie sur le papier
écrire pour ne plus qu’aucun souffle de ta bouche ne se perde Eva.
tu t’approches et je risque la lecture d’un vers de Valente :
« Dans le gris, l’infime conviction du suicide ».
jamais plus disait-il
et jamais plus il sera
EVA DEVERS
J’ai peut-être trop dis Je dans ma vie. Devrais-je dire nous à présent ?
À PLAT CONTRE LE TELLURIQUE
une pensée nous viole doucement moi et
l’artefact de moi-même dans
un adagio mural
ceux-là donnent les murs de silence
aussi, le temps d’une autre ville
je perds, le signe grandit
l’effet d’une nouvelle langue
qui brise et recolle l’attente
quelque chose n’était plus
le plaisir c’est que je suis le soustrait à ce qui est de moi-même
soustrait au jeu ; l’hypermarché
vend des moments
le signe est dans le souffle de la (m)angue
au milieu il
reste un tronc
qui n’est pas
la novlangue
main d’agneau - poème qui boit
agrégat de signes réels / résistance féroce à la suggestion
il reste le prix de ton regard
À TERRE
je me suis tourné
j’ai souris
elle était là
dans la fragrance d’une plume
qui se détend
et s’allonge
comme les lunes
QUAND FAUT Y ALLER FAIR BANDER LE LE CLITORIS
je voulais l’embrasser
à terre contre terre
moment inaboutit
que de se voir se pencher
sans raison sinon l’expression
du visage malappris
C'EST BAVEUX COMME FUCK OFF
semé avant le matin
la bave des malbaisés
la poitrine comme orifice
poursuite des quartiers
lignes vides
semées avant le soir
où la nuit régule les sauts
des physiciens pour pauvres
TA TRONCHE
j’ai dessiné ta gueule
comme ça
sans même l’avoir prévu ou organisé
dans ma journée
ON ENVIE TOUJOURS LES PRÉFABRIQUÉS
Les yeux gras
Le ventre plat
Les yeux éteints
Le viol dans le ciel
tout ça pour rien
moi aussi j’ai
le droit
moi aussi
j’ai le droit
d’être heureux
moi aussi j’ai à
vivre
moi aussi