Nourrir par maman
je découvre aux yeux avides de magie
une signature
que je connais bien
fulminante et enfant
qu’une lacération secrète
et d’une obscurité des choses la signature
est similitude des dents
et de la chair
les yeux avides de magie
gagnerait à lire le jet de poère
se faisant augmentation
le jet est saumon canadien
la rivière est vie
invisible est désormais résolue
l’image magique petit
stickers dragons
se retire
les yeux avides
portent désormais leur regard
vers d’autres yeux – enfin.
Rapport sur l’angoisse et la beauté
Les nuages sont des nuages
et ces trois personnes n’ont rien à se dire.
Si elles se révèlent être vraies,
ces deux affirmations engagent mon existence en deux voies :
l’inexistence de la beauté et l’existence de l’angoisse.
Si les nuages ne sont que des nuages alors la beauté n’existe pas.
Car la beauté se trouve toujours dans le lieu ouvert par la matière –
lieu immatériel d’où une parole peut s’échapper.
Si ces trois personnes n’ont réellement rien à se dire alors l’angoisse existe.
Car l’angoisse se dévoile toujours lorsque l’homme est à découvert,
lorsqu’il n’a pas de toit pour se protéger de la pluie,
lorsqu’il n’a pas comme rempart la parole, l’angoisse provient de cette vulnérabilité,
cette extinction de la parole, ce manque qui donne lieu au non-lieu.
Peut-être est-ce par ce que la beauté n’existe pas que ces trois personnes sont angoissés.
La beauté n’existe que dans la profondeur de la joie,
l’angoisse dans la profondeur de la merde.
Il m’est angoissant de ne voire seulement que des nuages dans le ciel
autant qu’il m’est angoissant de voir ces trois personnes n’avoir rien à se dire
et se forcer à parler pour ne pas laisser les blancs les envahir.
Mon angoisse est celle-là de voir les choses telles qu’elles sont :
des nuages blancs, des gens tendus.
Pourtant de ces deux affirmations je ne peux être sûr de leur vérité :
il y a une hésitation dans mon jugement.
Cette hésitation fait lieu de poème.
Le poème est habité par l’hésitation.
Cependant je choisis de pencher d’un côté,
Le plaisir d’avoir à dire
De la beauté du ciel de mai.
Le milieu
La pierre est au milieu de la forêt
de toutes façons
tout est toujours au milieu
de tout
À quoi bon se décentrer
À quoi bon essayer de se mettre de côté
même l’immense mer qui recèle des milliards de choses
est elle-même son propre centre
le buraliste lui, est heureux
il est centré sur lui-même
Seul le poète dévie,
d’une façon infinitésimale
la Centralité
en ça sa parole est vaine
car à côté
et pourtant nécessaire
car à côté
il ne se fait pas happer par l’infini
et l’égoïsme qui peut en découler
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un instant
puis un autre
et encore un autre
quand cela cessera-t-il ?
penser à ton corps
comme le pinceau pense la couleur
il la brosse sur l’infinité du tableau
un instant… c’est bien Dieu ?
et non, ce n’est que le peintre
qui pense le paysage
comme je te pense langage
la brosse sur tes cheveux bleus
la brosse qui peint le ciel
et le pinceau changeant, presqu’éternel
Ailleurs, nous irons
faire de nos vies des cérémonies bien trop pures
C’est pourquoi chaque mot dit ce qu’il est en plus :
Le dessein moi vers toi et de toi vers moi
bouche pleine de bruit
bouche ouverte et cette insomnie
bouche pleine de nuit
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« Les chiens sont comme la mort, ils veulent des os »
/ Pizarnik /
Chloé la débile
Chloé c’est mon espèce de référent débile. Lorsque je pense quelque chose je me force à me figurer toujours un argument de Chloé, levé par le sens commun et médiocre, la généralité floue qui pèse et amoindri.