Réfléchi
Les mots ont la faiblesse de croire qu’ils sont seuls.
L’amour le matin.
Je feuillette. Je range. Je regarde par la fenêtre. C’est blanc. Je reviens feuilleter. Tsvetaeva. Puis Darwich. J’écris un pastiche de Darwich. Je l’écris. Je le fais. Faire un pastiche. La journée commence bien.
Il y a une relation féconde entre le café et la cigarette qui s’engendre en moi. La dopamine parmi les synapses. Je reviens feuilleter. Je tombe sur la fin d’un poème « Car ce frisson – là – se peut-il / Qu’il ne soit, lui, qu’un rêve ? - / Car, par une délicieuse ironie, / Vous – Vous n’est pas lui ». Je le relis. Je vois à travers et s’engendre une autre relation tout aussi féconde que la première. Le mot, puis la suite de mots m’exaspère doucement, je tombe. J’écris cela. Je le fais. Je suis tombé sur ce poème, sur cette fin de poème. Je m’en souviens. Je le connaissais. C’est une femme qui aime comme dans une tragédie. Mais lui. Le lui générique. Le vous est détestable : vous n’est pas lui. Je le relis. La neige. La énième cigarette de la matinée. Un jour concevable. Blanc. Manteau au dehors de mon corps l’appartement. Et je feuillette, j’avise une sieste pour 15 heure. Vous – Vous n’est pas lui. Je rage d’une délicieuse ironie. J’écume sans jouir. Je projette sur le plafond blanc mon sang. Je l’écris. Je le fais. Je ne suis pas lui. Celui qui ignore. Je suis celui qui dort, nuance qu’en l’ignorance n’est pas de répit. Et pourtant ignorance n’est pas bêtise. La bêtise s’arrête devant l’évidence du poème. L’ignorance le craint. Je relis le pastiche de Darwich. Il est mauvais. Je le savais, ignorant. Y avait-il des yeux me voyant écrire ? Je ne sais pas. Les miens regardent le texte et se détournent, et en moi amertume et dégoût. Pas la couleur, la nuance, rien que la nuance.
Le japonais
une histoire chaude
éclot dans ma main
une histoire japonaise
qui brode et coud
les différentes pulsations
de la membrane de l’œil
plongé dans le chaos sempiternel
de la chaise
Publié depuis Overblog
en dehors du ciel
un amer rivage
là où point le visage
du sourire, du miel
et s’épanouit la poésie
dans la rondeur des années
se scrutent du grand paradis
tous les cadavres terminés
L'univers est le produit d'une crise d'hypo-manie
Le démiurge était un peu fatigué, il ne se lavait pas, mangeait peu, ne niquait pas bref il était en petite phase dépressive. Puis il se leva et à la vue d’un nuage, un beau nuage, le seul nuage il kiffa ; vint la phase hypo-maniaque il kiffa ça puis se dit que le nuage devrait se compléter avec d’autres nuages pour qu’ils niquent ensemble. Alors il créa d’autres nuages. Voyant tout le ciel remplit de nuages il trouva cela beau.
Ça montait en lui le plaisir et en même temps ça commençait à perdre le lien avec le réel, avec lui-même. À la vue de tous ces nuages le démiurge exaltait. Il se dît que ces beaux nuages il devait pour être plein de quelque chose pour être utile. Il réfléchissait avec passion et bonheur. Ça montait dans sa tête et la phase maniaque frappa. Il était comme sous coke. Alors pour donner une raison de vivre à ses nuages il créa la Terre pour que les nuages aident à fertiliser la boule. Puis vint le Soleil et puis plein d’autres astres un peu partout, il était ivre de bonheur et il travailla beaucoup. Puis il se reposa. Le monde est le produit d'une crise maniaque
Publié depuis Overblog
Je veux croire, je veux être à genou
je veux que ma vie s’exprime par la vie
je ne veux plus de l’image
je veux une maison cent fenêtres
pour m’évader et m’évader de m’évader
il est probable que le temps
dans cette inconsistance
s’arrête.
que nous soyons obligé de nous renverser au plus profond de l’image
Pastiche Darwich
L'ennui
Je me promène en un ennui cosmique. Rien n’a de valeur. Rien n’advient. Quelque chose pourrait porter de la valeur, de l’intérêt, mais quoi ? La chaise roulante. La table. Drieu. Hoffmann. Kristeva. Pas un livre que je suive. L’ennui de lire. L’ennui. Je me promène dans l’appartement. Les pièces se ressemblent. La chambre, seule, m’apporte le réconfort d’un sommeil qui viendra dans quelques heures. Quelques heures. Mais quoi ? D’ennui ! Je fais vibrer les objets en les laissant mornes, à leur déchéance la plus simple, il vibre de néant. Le néant les engloutit dans un frémissement, frémissement auquel je ne porte aucun intérêt. Rien n’a d’intérêt ou pourrait en avoir. Tout est du rien. Je viens de manger. Voilà. C’est ce que j’ai fait de mieux. J’ai mangé. Et je meurs de faim. J’aimerais lire, étudier, frémir. Je voudrais boire, baiser, tuer. Rien ne supporte mon désir. Si ce n’est les petites touches lumineuses de l’ordinateur. L’ennui est réduit à sa cause. La matière. On s’ennuie dans la matière, l’esprit est ailleurs, parti je ne sais où. Je suis un résidu où se dépose minces pellicules par minces pellicules des doses cruelles du rien vibratoire. Le rien de la matière. Seul le sexe est l’apanage de la matière. Sinon il n’y a qu’ennui pour l’esprit dans la matière. Le café déca sert de soupape de décompression car il s’assimile à trois cigarettes sur les trente de la journée. Il fait agir mon corps mou. Dans cet appartement sordide. Sans amis, sans alcool, sans drogue, sans rien. Je clique encore une fois sur l’onglet youtube où l’on peut écouter du jazz. Puis je me ravise. Non, ça sert à rien. C’est encore trop de fois la même chose. Trop de fois écouté. Je suis éculé. Je m’ennuie. Je m’enivre d’ennui. Quelque chose traverse mon corps comme une flèche. Je regarde par la fenêtre. Je reviens m’asseoir sur le divan. Je croise les pieds. Je vais me refaire du déca.
Publié depuis Overblog
bu tes yeux
bu l’organisme
il allait mourir
n’ai pas vu la vie
bu ce que tu rejettes
bu agenouillé notre objet ton genou
il allait imploser debout
bu ton sexe
bu la poésie ainsi
il fallait faire encore mieux
alors j’ai bu j’ai bu j’ai bu
Ce qui doit s'enterrer
le plomb des ailes enferme la croyance à l’utilité de la poésie de poids