RÉFLÉCHI SUR LA CRÉATION
L’art propice. C’est quoi l’art propice ? C’est l’art au bon endroit. C’est l’art en bon terrain, les terrains vagues, très vagues. Faut que ça chancèle pour un moment. Puis, devenir dur comme du marbre. Au début ça pousse quelque chose, ça pousse l’endroit, ça commence à habiter l’endroit et l’endroit n’est plus le même.
Mes poèmes c’est des petites maisons, ça s’habite, ça laisse la porte ouverte comme dans la chanson de l’autre connard de Maxime le Forestier. Au départ il y a un endroit, un espace qui espace la personne qui veut lire et la personne qui veut écrire. Mais tout d’un coup, dans un éclair de lucidité il y a quelque chose qui se construit, qui s’élabore dans la construction, et voilà qu’il y a le poème. Voilà qu’il se montre, sale comme toutes les créations artistiques. Et il est propice, il est vrai, il est là, déjà habitué à laisser s’habiter.
Alors quand je dis « j’habite l’absence » il ne faut pas mécomprendre, c’est juste que il y a un moment de justesse, où l’avenir de mon corps se joue (par mes mains en l’occurrence, mais ç’aurait pu être ma voix). Fabriquer un poème c’est habiter l’absence (par ce qu’il n’y a que des terrains vagues). Et dans ce nouvel abris (chaque poème crée sa taule, ses murs, et ses meubles) on perfore l’existant, on se rend à l’absence mains liés. Habiter l’absence c’est dangeureux : on se dit des choses qui font mal, on a peur, tout est couleur et non-couleur, tout est parler et non-parler. Mais ça fait sens, ça se donne et ça habite le vague, pour devenir du concret, du concret qui remplace l’absence qui fait flipper. J’habite l’absence par ce que j’écris.
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Dans l’après-midi du hier, te souviens-tu ? Du hier l’après-midi nue couverte
La parole en carré suivait le delta endormi
et suit encore dans ta parole
l’étoile a brillée nuée corpée
corpée dans la mandorle
que j’avais dans l’implacable
inversion de l’amour
corps d’oiseaux brûlés
Réfléchi sur ma poésie
Est-ce que je puis dire que je fais de l’art brut ?
Si je raconte (mais est-ce raconter ?) que c’est cela, mon art, évidemment je perdrais le contrôle sur l’origine de mes œuvres.
Pourtant, cette perte m’arrangerait puisque je ne connais simplement pas l’origine de mes œuvres. Et lorsqu’on me pose la question du pourquoi, du comment ou du Vers-quoi d’un de mes poèmes ; alors je rougis de honte comme l’homme qui refoule et pourtant pressent comme en profondeur, une intimité qui se révèle : un cachotier d’un secret intime et honteux.
Que faire : dire : je ne sais pas et être applaudit car incompris ou approprié comme une mauvaise nourriture ; dire : je sais et mourir de honte lors de la déclaration de foi.
Il n’y a pas d’issue. Les seules issues sont cette folie dont j’ignore la raison et même le nom, l’autre la honte, la même qui me tue chaque fois qu’un soleil se lève. Rien à faire avec l’Autre : voilà ma réponse.
L'amante
Ce soir je vais t’embrasser, ce soir sera comme le mur, ce soir dans la chaleur de ta bouche il y aura le mur de ma langue. Oui, ce soir sera le premier et je m’invite avec ma langue mon mur dans ce que tu es. Et dans ce que tu es se trouve la palpitation. Tu es comme une cavité qui me fait palpiter lorsque mon mur s’invite en toi. Et tu brises ce mur, ce mur ce n’est plus ma langue, c’est mes mots. Et la bonne palpitation dans cette cavité où je me mets c’est notre rencontre. Et je t’embrasse, et je te lèche. Toi, qui saisis l’instantané de la pluie, qui saisis les paysages et les visages des petites filles, et le nombre d’étoiles dans ton seul nom. Toi qui est mon amante, toi qui est poésie.
Penser
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Je pense dans la chose, la chose est pensée, mais dire que je pense dans la chose ne veut pas dire que la chose est pensée, ça veut juste dire que je pense dans quelque part. Si je dis que je pense dans la chose, je pense à un quelque part, c’est ça, c’est le part, mais c’est quoi le part, je veux dire, c’est le part de la chose ? Ca voudrait dire que je m’invite dans la chose, dans la part de la chose. Je pense dans la chose, ça c’est ce que j’ai envie de me dire, c’est ce que j’ai envie de croire, de bander en me disant que je suis quelqu’un qui pense à l’intérieur d’une chose. La chaleur de la chose, la chose, ça m’invite à être dans sa part, ça m’invite à penser encore plus. (Mais il y a une part en moi qui ne bande pas, qui n’a pas envie de bander tout de suite. Non, il y a une part en moi qui me dit que penser la chose en bandant tout de suite, c’est le mensonge. Et voilà, et si je mentais ? Et si une chose me propose de partir dans la fabulation. Et si je mens, et si je suis dans la chose et sa part de mensonge. Alors qu’avant je voulais juste penser la chose, sans penser à la négation de cette chose. Mais la part de la négation c’est aussi d’être « sans pensée ». Donc maintenant il faut que je me casse d’ici, il faut que je me casse très vite d’ici, de cette pensée de chose, peut-être de sa part (la chose n’est jamais absolue) et me tirer vite, faire un basket de chose-pensée. J’étudie le propos et je me dis que maintenant j’y suis dans cette basket : je pense la négation de la négation. Et si je suis dans la chaleur du positif, du chaud avenant je suis a quelque centaine de mètres et je peux maintenant penser la chose en ayant pris sa part, sans la payer, sans m’être confronté à toute la tradition de ce que veut dire « penser ». Maintenant je peux bander tranquillement, ça va, j’ai absorbé. Ma bite peut gonfler tranquillement, sans avoir à se soucier de la chose de ne pas être dans la chose ou même dans sa part ou je ne sais quoi encore. Alors maintenant, je n’ai plus de doute quant à ma pensée : ma pensée ne mens pas, elle a fait basket au mensonge de la pensée, qu’elle gonflait sournoisement elle-même. Maintenant je n’ai plus de doute. Je peux me dire : je suis dans la chose, la chose m’enserre, la chose m’étreint car penser la chose est = à dire « je ne mens pas sur la chose auquel je pense ». La part du mensonge est la part de la chose. La chose pensée s’invite dans le mensonge et le mensonge s’insinue comme un vers dans la chose). Maintenant, je dis que la chose, c’est quelque chose qui a une part de chaleur. Je ne mens pas, je décris, je parle en décrivant juste, ne vous inquiétez dans ma description la chose s’invite à avoir une part de chaleur. C’est évident, simple, enfantin. Je dis juste que je pense la part de chaleur de la chose, je suis dans la chose, je ne mens pas. Je suis dans la chose, maintenant j’en suis pérsuadé. Il y a persuasion, il y a conviction, je ne peux plus me mentir, je suis dans cette chose, je pense à l’intèrieur de cette chose sans regrets, sans remords. Il n’y a plus que moi et elle.
Si on enlève le risque à la poésie, ça devient de la littérature
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un fanatisme logique
désiré
s’appropriant le gigantesque sillon creusé par ce qu’on appelle
ou par ce qu’on veut appeler
le courant
l’eau qu’on a désiré dans des prières
les mains jointes
creusant la chambre de sacré
négociant la part maudite
avec, et en lui-même il l’oubli,
ce qui se meut démentiellement
ce qui veut se mourir
et pourtant
ses mots font forêt
comme elle pourrait le dire :
une ombre que le nom arbre fait frémir dans le souvenir
je dis désir
on insiste le monde au gens
on prépare consciencieusement des cérémonies
pourtant, et c’est là le drame,
personne ne croit
du glacial
du figé
calme et
furtivement la vie creuse
la vie creuse ce qui ne veut pas
lui veut pourtant
alors je dis :
c’est du perdu à l’instant même où je déclare
que rien n’est perdu
que j’aime ce que j’ai
et que cet amour s’ignore lui-même
le sacré est nettoyé
il ne sert à rien d’avoir des idées à propos de l’amour
il faut être net et nettoyé des images
qui émeuvent
qui trompent
il n’y a pas de vérité
le sens est sale
il le dit
il le dit bien comme il faut
dans le lieu parfait :
le poème
il n’y a rien que du sens
il n’y a plus rien
rien ne lui appartient sinon la sidération
le désir probable du nom
une pierre
un roc
quelque chose de solide
il dit un poème
puis, ensuite, sans se retourner
réserver la part maudite
le tourment
au sans-nom
et c’est lui
et il le sait parfaitement
qu’il est
qu’il envahit
un être en moi
se figurer un nuage est chose facile
la pluie qu’il peut porter,
en revanche,
est invisible
alors on croit
et on pleure pour lui :
on parle pour lui
tout acte est larme
il agis
du point génétique
à même de peser
pesant
ce qui n’a pas de poids
ce qui est un lien qu’on ne soupçonne pas être
précisément ce qui nous lie au rien
qui est tout
au néant qui force
qui nous force à nous maintenir méfiant
avec un père et ses mots
comment ?
par le mot justement
l’angoisse
il n’y a rien que
des poèmes nommant le rien qui est tout
le mythe
il n’y a plus rien que le pommier
et l’absence de pomme
ce trouble
que de ne pas avoir à choisir
rester
se maintenir sans le savoir
rien n’arrive si il choisit
et entreprend de désirer
il ne touche rien
il touche l’autre
dans sa chambre
on lui dit : démence
d’être resté au lieu sûr de l’enfance
une des origines de la mort
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des clés rondes
pour ouvrir
le rond, le cercle à
mille lignes
où chaque ligne est un mot
Tabasser
Tabasser le poème
Puis les sutures
Et le Soleil
Un ami vient, il voit,
constate, incontinent : « des mots de préadultent s’ennuient » - me dit-il
alors je rougis d’avoir reconditionné le plastique
des belles choses