Prière à Anoushka pour ma première fête des pères
Lorsque je prie
À la ligne à l’extérieur du mythe
Je ne répond que : Refus
Puis je pense Radical
Aux yeux bleus d’Anoushka
Et je prie encore, radicalement
Afin que le peintre que l’on nomme orage
Lui dessine
Une bouche
Un nez
Aujourd’hui, dimanche 21 juin il va pleuvoir et elle va pleurer - mais vite - je désire la pulpe de la pensée silencieuse
Je désire la couleur
Afin que ce qui fuit sans lumière
Radicalement
Lui apparaisse
Et que ma petite enfant
Aie le choix
Entre la couleur courbe et son empiètement
Et le dessin errant ligne brutale elle me haïra
D’avoir écrit des choses comme ça
Elle est aveugle
Dans la vie comme dans les images
J’étais parti au café noir du service en terrasse
La laissant brasser dans la piscine ses yeux bleus - on m’a dit qu’elle serait peintre - on nous l’a dit à deux
J’étais parti au café prier avec l’encre
Et quand je suis rentré
Ses mains ne s’agrippant qu’à la lumière
Avaient, sans pinceaux
Colorées sa chambre entière
Ma prière je ne la connais pas
Je sais ap c’est quoi
Ma prière dans cette ligne a l’extérieur du mythe
Je crois savoir que c’est les yeux Anoushka
Puisque en cette prière je me déchire d’écrire
Comme elle avec cris
Non que je sois romantique
(Je les hais)
Mais ma prière ce matin
Au petit jour pour mon enfant
Pénètre ses yeux aveugles
Elle sera peintre qu’on m’a dit
Sauvage
Je touchais ses yeux
Ils brûlaient encore de sa naissance
Anoushka par sa couleur d’un être de deux mois
A prier bien plus que moi
C’est simple elle a trempé une main dans la gouache bleue
Et s’est dessinée ses propres yeux
Je quitte le poème
J’ai fait ma prière à l’extérieur du mythe
Là où Anoushka n’est pas
Elle grandit tellement vite
Et je vous assure qu’elle n’a que deux mois