Poésie de la virulence
Pourquoi s’attacher tant à ce présent
Toutes les portes vers l’ailleurs sont fermées
Nous comptons les jours qui nous séparent
Et les jours qui nous rapprochent
Nous désirons des inventions capables de nous faire fuir d’ici
Ce présent tant toléré si toléré si irréprochable
Pourquoi s’attacher tant à ce présent
Toutes les portes vers l’ailleurs sont fermées
Et si lente et si incertaine sont nos chances de parcourir la carte que signent nos mains
Et notre cerveau et nos dents pour manger
Nous voulons l’autre sans pour autant trop être différents
À deux doigts de l’échéance fatale
La mort est un maître venu du cœur
Pourquoi s’attacher tant à ce présent
Toutes les canettes de vides sont emplies
Et nos corps nous demandent toujours un peu plus de vérité
Et nous voulons nous désirons nous nous attachons
Jusqu’à la rupture jusqu’à ce que quelque chose se casse en deux
Entre l’eau et les pâtes entre la mère et le père
Doublé d’un haïsseur le poète demande
Pourquoi nous attacher tant à ce présent
Puisque nous y retournerons à jamais
Et que ni les fleurs absurdes ni l’amour ni la science
Nous attachent à ce présent tellement haï par le poète
Puisqu’il n’a rien d’autre que l’eau et les pâtes
Que rien ne vient transformer même dans les rêves
En ailleurs dont toutes les porte sont constamment fermées
Je fais pleurer des jeunes filles et moi je ne pleure pas
La mort est un maître venu du cœur
Et si j’écris ceci ce n’est nullement pour le comprimé
Nullement pour rêver
Nullement, car si lent il m’apparaît
Ce présent dont toutes les portes sont fermées
Pourtant il reste des rougeurs sur la peau
Des bleus des piscines des sexes des bêtes de silence
Dont personne n’a jamais vu le poil ou le museau
« Je suis une bête un nègre
Je ne puis donner mes raisons »