J'ai avalé mon enfant
J’ai ouvert les yeux dans le noir
Je me suis levé vers 6h30
Il n’y avait rien à dire
Le parfum de la cigarette
L’odeur du café
Il n’y avait rien à dire
J’ai lu l’autobiographie de Hans Hartung
Je n’en avais rien à penser
Je me suis demandé avec qui j’allais fêter le nouvel an
Je ne savais pas
J’ai ouvert la fenêtre en grand comme un toile de Twombly
Il faisait nuit je n’y distinguais presque rien
J’ai ouvert un cours de linguistique
Je ne comprenais rien
Et ça m’a cassé les burnes
Sous un voile de méfiance
J’ai décidé de manger du foie gras
J’ai mangé du foie gras en avance
J’ai écrasé ma cigarette et fini mon café
Et je ne savais pas vraiment quoi en penser
Sinon que le café était fini et la cigarette aussi
Je me suis étiré
J’ai décrit le salon à un ange
J’ai passé le corps au poème
J’ai avalé mon enfant
Et je ne savais pas trop quoi en penser
Je me suis ennuyé
Alors j’ai refait du café
Et j’ai rallumé une cigarette
Tout ça devenait incompréhensible
Je voulais vivre autre chose
Quelque chose de plus simple
De plus fort aussi
Alors j’ai tapé une grosse trace de coke
Et je me suis levé
J’ai descendu l’escalier
Et j’ai profondément respiré l’hiver
Quelque chose arrivait en moi
Je suis allé au bistro boire un allongé
Et j’ai discuté avec le barman
On était content
On a parlé du nouvel an
J’ai trompé un éléphant
J’ai pensé à mon travail sur Hans Hartung
Et ça m’a enjaillé grave
Je suis remonté écrire
Quelque chose de vide arrivait
J’ai caressé mon chat
Il a ronronné
Il m’a pris à la gorge
Je suis trompé sans comprendre pourquoi on tombe
Et à cause de tout ça
Ma bouche s’est ouverte
Et j’ai crié de bonheur
De
bonheur