LA MODÉLISATION DU FUTUR PRINTEMPS - Pour Eva
ce soir tu rencontreras mon double
j’évite le silence
il est minutieusement en train de me couper la langue
pourtant
je l’aime bien.
(en dessous de l'épiderme
normalement spongieuse s’allonge
entre les vertèbres
une vitre et du sel machine
/
une mouche se pose contre ta joue droite
et tout reste à faire
surtout
étirer le cercueil)
et de nos doigts de vision
nous faire voyeurs entre-nous-deux
ou
voyants par-cela-qui-est-au-delà-de-nous
c’est selon.
dans quelques minutes je vais me faire des carbonaras
(élargir le cercueil aussi).
L’Opération
L’appartement est ouvert par une opération chirurgicale du coeur
il y a beaucoup de sens et de questions encore non posées
il y a un homme de sens au fond
il y a comme un silence au fond
il y a un enfant quelque part au fond un silence
au fond il y a un secret au fond
au fond l’enfant et l’homme sont indiscernables
quelque part dans L’appartement il y a de la cendre
il y a des petits tas au fond de l’homme et de l’enfant
il y a beaucoup à faire pour le chirurgien
la pluie bat à la fenêtre elle implore
le coeur est soupçonné de complicité avec la pluie
du silence en vient à se couper au fond
du silence devient peu à peu murmure
d’un homme enfant
il y a des canaux par lesquelles il souffle le coeur souffle
sur le secret de l’homme et de l’enfant il souffle
L’appartement est un chemin vers eux et au fond
il y a quelque chose au fond
qui revient
qui se retourne et qui sourit du fond
il y a ce secret et la tombe du secret
et l’âme du secret s’élève du coeur de l’homme et de l’enfant
léger comme une toute petite flamme
Apparaît la source de la douleur
Apparaît le silence encore
quelque chose s’empêche l’empêche au fond
Tout est silence dans l’appartement
à nouveau et au fond
mais l’homme et l’enfant et l’homme dans l’enfant
et l’enfant dans l’homme
savent que le silence n’existe pas
il se retourne
et évite une catastrophe
une attaque
Le coeur le silence l’enfant l’homme le murmure le secret
Le Coeur L’appartement sont saufs.
Trompe de phallopes
J’ai toujours un mot pour ces merveilles que sont les jours femelles
IL L'APPELLE LE VOCIFÉRATEUR DE PATHOS
mais peut-être que je suis quelqu’un
je suis peut-être un poète
puisque je ne laisse pas aller tranquille
ma parole
mes mots
mon amour tout entier
à venir dans le ridicule
que d’écrire des choses qui nous sont propres
je suis peut-être un poète
puisque je ne laisse pas aller sereinement
je signale ma passivité extérieur
en moi, je serais poète ?
une petite intensité
de poésie perpétuelle
alors que je ne suis pas dedans
alors que je suis chaque poème
en même temps
comment écrire autrement
Le signe égal
L’événement de la journée
Un mot de rien
Un mot de si peu de choses
Un mot qu’on enlèvera
Un mot trop sourd
Un mot inaudible
Un mot en retard
Devant moi
Un mot
Expo delacroix 2018
Expo Delacroix au Louvre
Delacroix à Baudelaire «vous me traitez comme on ne traite que les grands morts »
Journal de Delacroix 19 avril 1824 : « La gloire n’est pas un vain mot pour moi. Le bruit des éloges enivre d’un bonheur réel »
ESO
La Grèce sur les ruines 1826
L’hellène
dans un vase brisé
l’empereur moyennant son double
est en lui-même son idée
Lithographie. Macbeth consultant les sourcières 1825
elles voient en son œil un œuf à féconder
une pierre à ramasser
Lithographie. Méphistophélès apparaissant à Faust
et le noyau
jamais, fusse-t-il
plein de plastique
plein de pollen
ne rira dans mon cœur
Mood de l’expo
Et des brosses pleines de poudre de cocaïne
s’agitent dans la main enculante
CROIRE ÇA ET CREVER, PAS JUSTE, PAS NEIGE, PAS REVOIR (Poème : 2017)
ma vie est un coin de terrier
et ceux qui s’en entourent
perdent quelque chose
mais dans cette perte
il y a quelque chose qui
se met en place
qui remplace
qui remplace et saisit
une chose comme
une trainée de lueur
que je soutiens, moi,
là-haut
ma vie n'est pas un dialogue
ma vie on on veut dire quoi là ?
sans yeux ni main
car ceux qui décrètent
me connaître
sont inhumains
puisque jamais j’fête
le couteau le roi
puisque jamais ma tête
perd de vue l’autre tête
celui qui s’entoure
sensible au sensible
ma vie et une bible
ce n’est pas un toit
je dis : je vois
je vois : j’exulte
ceux qui s’entourent
de la pointe héritée
ceux qui s’en entourent
n'en sont pas protégés
sale naturel le conscient s’émeut s’amourache s’étire dans
le cul du soleil absent
terrible plâtre la maman est l’objet vie
le seul idiome vit
scrute le spectre habitant mes mots
je suis une base logistique d’objets qui rendent
raison à X°
terrible potentiel le surmoi se lasse comme le cœur
chance-cœur
terrible marâtre première au concours de bisou
° : potentialité
NO GO ZONE //
La poésie s’occupe de l’art de continuer.
LIT DOUBLE
je préfère l’espace au temps
Mot du matin à Eva
Ma petite souche,
Mouna dort devant moi, quelle fatigue, ta désertification, toi nomade entre le bon et le bonheur formé de parole : cela, ce pur profil c’est cette connaissance et c’est certainement ton nez que j’ai vu de côté en venant te veiller, pur profil qui t’es glissé dans ce monde entre deux sourires toi le nom de ma douceur de ma violence, qui monte dans l’air de l’insomnie et qui n’a pas d’ailes : toi dans moi.
Le canon a besoin de poudre et j’essaye d’en parler ici : rien à dire. Sauf, peut-être, j’y pense en écrivant : la douceur de ta compréhension, je ne la néglige pas, je la vois. Qu’importe la quantité ou les conséquences dans lesquelles on descend avec humour : c’est un bordel pas possible ! Ce qui est ironique là-dedans provient de la jouissance, qui remonte au contraire au principe…tu sais ma mère… et blabla…j’en ai marre et je me gausse…
J’aimerais que tu n’aies pas l’effroi, le sentiment où le coeur ne peut plus procurer la pression nécessaire pour le cerveau pour concevoir pitié ou rancune, colère ou anxiété pour quelqu’un que tu aimes ou simplement le pense (qu’importe il sera toujours temps de lier nos secrets avec le sang). J’en ai brisé… mais quoi ?
C’est dit.
Et toi ma parole, celle dont la parole sera ma pure invention étant la vie-même.
Je pars à l’Orangerie, je serai de retour tôt. Ne t’occupes pas du bazar, je rangerai. J’ai beaucoup travaillé, lu. Et lorsque je t’aurai raconté comme tu me vibres d’ici et là musicienne, si juste, si pertinente, si occupée par la morte érotique que t’échoit, lorsque je t’aurai raconté pourquoi “n’avons pas décidé de lever le bras lorsque nous levons le bras” tu connaîtras, je l’espère d’étranges hauteurs, lorsque j’écoute tes chansons, je comprends ce que veut dire ce syntagme de Demangeot “un jour, buter, sur la profondeur.”
Je m’en vais comme celui qui s’en va, pour revenir aussitôt et t’embrasser dans tes os saillants.
Je t’aime