MADAME BOVARY DELIVEROO ET LA COCAÏNE et le nouvel an
MON RÉVEILLON DELIVEROO BOVARY ET DE LA COCAÏNE
Oh Bonne année Martin.
Alors que t’en a rien à carrer de Martin.
Les huîtres à la limite quand t’es invité tu les défonces toutes.
Je prends le tournant à gauche de Rivoli vers les halles.
Avec mon piaggio.
Tout le monde est pété.
J’aime Paris.
J’arrive en bas de chez mon pote me rappelle plus son nom de famille.
Je l’appelle il est sur répondeur.
Certainement en train d’acheter un mg à un dealer. Je patiente.
Je vois un mec rebeu deliveroo pas net.
Il me regarde inquiet.
Je lui dis t’inquiète mon père est commissaire.
Alors il se rassérène et me dit qu’il doit livrer 4 mg pour la soirée.
Ça s’annonce bien pourtant je déteste le nouvel an.
Je rentre avec lui. Malaise.
On a quoi à dire à un leur’ ?
À part que pendant les trois ans aux services d’un leur’ plus haut gradé il devrait faire belek à pas se faire fouiller (d’où l’astuce ingénieuse du sac deliveroo).
Je sors de mon sac à dos un livre.
C’est Madame Bovary.
Je lis à haute voix le passage chez le marquis d’Yverbonnville.
S’ensuit une discussion le naturalisme à répétition entre Flaubert, Maupassant et le travers du symbolisme qui a fait éclater tout ça avec Huysmans.
Il a de bons arguments.
À un moment je suis à court, je ne sais plus quoi répondre. L’interphone répond enfin.
Je monte avec le leur’ on est un peu coincé dans l’ascenseur, on rit.
Il livre.
Un au revoir à répétition.
Y’a plein de gens. Des mecs et des meufs déjà complétement pétés.
Des mecs qui parlent de Hume et de Kant sur le rebord d’une fenêtre.
Y’en a un un qui dit (visiblement kantien) « mais qu’est ce qui te prouve que le soleil se lèvera demain ?"
L’autre répond « eh bien l’habitude, l’expérience mon pauvre »
Visiblement je vais avoir du mal à « entrer » dans la soirée.
Y’a un cinéaste libanais que j’aime bien qui n’a pas l’air trop pété et plutôt aimable.
Je me dirige vers lui, nous entamons une discussion.
Je m’ennuie.
Il n’est que 22h43 sur mon Huawei.
Je me demande si je ne devrais pas partir aller baiser une meuf dont j’ai le numéro sur mon portable.
Malheur… Elle doit être aussi sous coke et Jack… Ça ne sert à rien.
Je m’emmerde grave tout le monde est pris dans les filets de la mer d’errance.
Je pique une Zubrowka, la mets à côté de Madame Bovary et descends.
Il fait froid.
Je reprends mon piaggio direction maison.
Je gare le bolide et monte les escaliers quatre à quatre, je suis encore sobre.
Je n’ai rien tapé ni bu. Je me verse un verre de vodka dans un shot.
Le bois et regarde par la fenêtre. En bas
Des cailles.
Je commande un mg à mon leur’ première qualité.
M’assieds confortablement dans mon sofa.
Je pense à ma vie. Des images extraites de mon corps se morcellent.
Je ressors Madame Bovary. J’en suis à leur installation dans leur nouveau patelin.
Avec Léon qui kiffe bien Emma mais elle sur sa réserve. Je dévore.
Les pages passent et passent.
La sonnerie, je paye, je tappe un énorme rail. Et continue Flaubert.
Je paye un billet d’avion par internet à une amie mexicaine, une ex que j’ai rencontrée lors d’un voyage là-bas.
Elle a 20 ans. Elle est sucrée, suceuse, belle à tuer. Je l’appelle avant pour être sûr qu’elle vienne.
J’ai un rossignol bleu dans mon cœur, il veut sortir
Malgré la schnouf, malgré la zubrowka, malgré la mexicaine que je sauterai dans trois jours.
J’inhale la fumée d’une cigarette et boit de la vodka et tape.
Mais le rossignol bleu veut sortir.
Je veux pleurer.
Et vous ?
J’ai un rossignol bleu qui veut sortir de mon cœur mais je lui demande s’il veut détruire ma carrière. Comme Bertand Cantat ce con qui a tabassé sa meuf et est allé en zonz.
Je fume beaucoup.
Je bois beaucoup.
Je baise beaucoup.
Mais le rossignol continue à vouloir sortir de mon cœur
Alors je lui dit « ne sois pas triste, ton heure viendra. Pour l’instant laisse la coke augmenter le rythme cardiaque dans les veinules où tu loges et la zubrowka le diminuer »
Il y a un rossignol bleu qui veut sortir de mon cœur
Mais c’est la folie qui le veut.
Il veut sortir à la place de la folie.
Et je n’ai pas de place à part la folie.
Alors je le garde en moi.
Je finis le mg vers 6h j’écris un peu comme ça pour passer le temps.
Je me répète en moi-même « quand même un nouvel an seul avec de la coke et de la zubrowka c’est pas avouable ».
Alors aux différentes personnes qui m’appellent je réponds que je suis à de différentes soirées.
Je pense à Taya la mexicaine, c’est moi qui lui paye son billet d’avion quand même. Elle a intérêt à bien tourner la langue autour du gland comme l’année dernière quand j’étais dans sa chambrette à Mexico.
Je rentre dans la folie. Je me regarde dans la glace. J’ai grossi. J’ai pris le poids de la folie.
Tout à coup je repense à Yonville dans Madame Bovary et me dit que je suis un peu le Charles ventru dont elle veut se débarrasser.
Je ne suis plus avec la mère de mon enfant.
Pour l’instant il passe les fêtes chez elle avec ses grands-parents.
Le matin se lève. Comme quoi…
Il avait bien raison l’empiriste accoudé à la fenêtre de la soirée.
Je me mets sur mon lit, pense à ma fille.
Je m’endors.
Le nouvel an aura eu un accent de musique.
J’aime avicii, rené char, louise bourguoin, heidegger, ciruela, macron, la nuit, le rossignol bleu dans mon cœur, michel denisot, patrice leconte, charles berling, le mec du théâtre du rond-point, la cocaÏne, mon enfant, les curicculum vitae, éluard, la danse contemporaine, la pénétration, bob sinclar, le café, basshunter, mon grand-père, l’existence en général, yvon, normale sup’, youtube, alain badiou, les verres en plastiques, les industrielles, les chiens, le chien de mon ex surtout, la mauvaise compagnie, l’espoir, cézanne, les épluchures, lénine, hartung, les cheminées, les pavillons, emme bovary, les petits déjeuners, swann, les bateaux, surtout celui de franck, ma mère, l’argent, la bagarre, l’oubli, noël, les mauvais livres, les cannes à pêches, les bites, le mexique, mon cousin jérémie, le terme saudade, cy twombly, les marcassins, les petits noirs avec de gros ventres, regarder mon caca quand j’ai fini, l’art contemporain, les fées, le vin, la nuit, me tromper, écrire, avoir peur, sauter, lire, les cactus, la série avec kevin spacey, le romantisme mais pas trop, les couteaux, les filtres, la broussaille, l’idée d’un poème pas encore bien nette, les évidences et bukowski. Et c’est tout.
Poème de merde mais j'le mets quand même pour que vous voyiez bien que je sais aussi faire dans le lyrique
Renonce autant que possible aux fragments de la vie
Unis toi
Toi, tu ne chantes plus comme autrefois
As-tu déjà chanté ?
Et pourtant ton cœur en lui-même accordé au son d’une corde de guitare
N’a pas renoncé à chanter
Puisque tu m’as parlée comme une marée haute et bruyante
Et moi sable gorgé d’eau
Déjà, encore, toujours, à jamais visible dans les lignes de ton océan
Ton angoisse d’aimer est comme la vague et le sable au bord de la mer
Reviendront les nuits qui te tueront
Reviendront aussi les chants les plus beaux
Il n’y a qu’à s’en remettre à son corps
Ton corps chante saudade
Un chant immense enfoui dans une si petite carapace
Et pourtant objet magique et animé pétri dans les rochers portugais
Qui supporte l’amour
Qui supporte cette mécanique des gens qui en prennent plein la gueule
Qui chante le désespoir
Tu vibres et tues ce goût de défaire qu’a Dieu
Tu referas assurément
En toi-même comme en l’autre
Tu déploieras des mondes comme Pessoa
Plus ému, plus proche
Que ton sourire qui sait
Plus tranquilles, plus douces
Que tes mains qui ont portées tant d’objets
Et plus naturelle que l’arbre –
La force rentrée en toi extérieure à toute limite sauf toi
Comme ce que tes filles affirment en existant : ce que tu as
La Lune plaquée contre les muscles
Un son –
Une lumière –
Une vie –
Le voyage d’une nuit
La perfection mal accordée
Un chant plus que chant
Ton chant de l’été.
Tout fut créé, pour Toi la Vérité mourut
De là-haut ton Esprit, l’Abîme, Te masque ;
Ici-bas Tu n’es rien d’autre qu’un fruit
Un fruit souple
Et Ta vérité me plut.
Écrit dans le studio de Sabrina à FRANCFORT SUR LE MAIN
ce meuble, ce lit
cette lampe
je les remarque comme
s’ils étaient pour moi
des preuves allemandes
des évidences particulières
d’un pays particulier
et c’est pourtant
faux et c’est pourtant
rigoureusement en moi
sans preuves, sans assurances
ils sont du quotidien irréductible
à un pays un lieu-dit
des trous vers des noms comme allez, au hasard
antonin, simon
des trou de vers
de l’immesuré, de l’incalculable
du magique en haut en haut
mais les yeux remarques l’apropriété
de ces choses leur vivace et bel aujourd’hui libre
et pourtant il y aurait
il y a
un propriétaire
ce sont des propriétés allemandes
de l’extérieur
de Goethe de Holderlin
De Celan et de Sabrina
j’existe à l’envers
d’abord les choses
puis les preuves des choses.
J'ai avalé mon enfant
J’ai ouvert les yeux dans le noir
Je me suis levé vers 6h30
Il n’y avait rien à dire
Le parfum de la cigarette
L’odeur du café
Il n’y avait rien à dire
J’ai lu l’autobiographie de Hans Hartung
Je n’en avais rien à penser
Je me suis demandé avec qui j’allais fêter le nouvel an
Je ne savais pas
J’ai ouvert la fenêtre en grand comme un toile de Twombly
Il faisait nuit je n’y distinguais presque rien
J’ai ouvert un cours de linguistique
Je ne comprenais rien
Et ça m’a cassé les burnes
Sous un voile de méfiance
J’ai décidé de manger du foie gras
J’ai mangé du foie gras en avance
J’ai écrasé ma cigarette et fini mon café
Et je ne savais pas vraiment quoi en penser
Sinon que le café était fini et la cigarette aussi
Je me suis étiré
J’ai décrit le salon à un ange
J’ai passé le corps au poème
J’ai avalé mon enfant
Et je ne savais pas trop quoi en penser
Je me suis ennuyé
Alors j’ai refait du café
Et j’ai rallumé une cigarette
Tout ça devenait incompréhensible
Je voulais vivre autre chose
Quelque chose de plus simple
De plus fort aussi
Alors j’ai tapé une grosse trace de coke
Et je me suis levé
J’ai descendu l’escalier
Et j’ai profondément respiré l’hiver
Quelque chose arrivait en moi
Je suis allé au bistro boire un allongé
Et j’ai discuté avec le barman
On était content
On a parlé du nouvel an
J’ai trompé un éléphant
J’ai pensé à mon travail sur Hans Hartung
Et ça m’a enjaillé grave
Je suis remonté écrire
Quelque chose de vide arrivait
J’ai caressé mon chat
Il a ronronné
Il m’a pris à la gorge
Je suis trompé sans comprendre pourquoi on tombe
Et à cause de tout ça
Ma bouche s’est ouverte
Et j’ai crié de bonheur
De
bonheur
le piège
comme une animal blessé
au lieu qui allait être celui des révélations
poésie
le premier jet est tout ce que je peux donner
La maladie
la paranoïa est une intensité solitaire . elle noue ses objets dans une machine.
la paranoïa est chose statique et
elle est effet de sens total dans le métal.
le sens total du perceptible n’appartient qu’au malade et,
malade est sourd
malade est muet
malade ment lentement
il y a une histoire vraie dans l’aventure fictionnelle
l’histoire vraie est un amas de signes
l’histoire fictionnelle est leur assemblement rouge
rendre sa liberté au réel sans se cacher de l’expérience des vagues
qui retournent les lieux
comme l’éponge du cerveau
retourne ce qu’il voit plus
ou plutôt ce qu’il
l’entreprise paranoïaque prend tout le temps
dans la multitude il y a de l’anormal
il y a une histoire vraie
trop vrai
la vie écarte bien les jambes
et le labeur des moments inentamés
si lourds
la salle d'attente du docteur harros
je regarde les gens dans la salle d’attente. je lis prigent je lis les visages dans la salle
un mouvement. extrême lenteur fond dans ma gorge. flippé. cette lenteur
rouge et cette vitesse qui veut crier dans le bain.
je suis assis sur le fauteuil. j’épie. je m’arrête pas. une cheminée dans la peau
une région des intensités en moi. l’heure est à moi. l’heure de ma peur. que ça déconne
que l’intensité est non mon point de chaleur. la région concrète c’est que je tremble c’est que je semble. pas être celui. lui celui qui épie la rougeur des visages. les visages dans le mien. je suis assis sur le fauteuill
réfléchi sur la vérité 2017
Où il y a de la vérité, il y a des cadavres. Où il y a de la putréfaction il y a de la vérité
La vérité est un pli, elle n’est pas une feuille dressée, avec ses nervures. non, la vérité c’est le moment d’inattention, le moment où il se passe quelque chose dans l’absence. L’absence est productrice de vérité, elle balance de la vérité lorsque on ne regarde plus. Où nos yeux ne voient pas le corps. Dire la vérité n’a aucun sens. Essayer de dire l’absence c’est essayer de rentrer dans le pli. De l’ouvrir alors qu’il été plié dans un coin du réel.
La poésie c’est l’absence toujours renouvelée, toujours dans le pli qui se forme perpétuellement, être absent,
c’est être réel
Réfléchi sur l’art 2017
En produisant une œuvre d’art l’artiste délimite en quelque sorte sa conscience à la partie de l’œuvre à laquelle il se consacre. Ce n’est qu’en mettant ces limites à sa conscience qu’il est présent au tout de l’œuvre. Le reste est comme un résidu inconscient, j’entends par « reste » la tendance qui fait la totalité de l’œuvre en cours.
Ainsi un cinéaste, dans le dialogue qu’il écrit ne supporte en son conscient seulement le dialogue en lui-même (il le limite à lui-même) et ne porte l’œuvre qu’en réserve supérieure, une idée qui le conduit depuis sa première « intuition » quant à son travail présent (son œuvre en train de se faire)
Je voudrais ajouter que lorsque le peintre figure un visage dans un tableau, il pense un visage, il fait « présence » au visage plus qu’au « tout » du tableau qui est lui-même en ce visage. Il se limite. Et c’est dans cette clôture qu’il retrouve le tout : la pensée-action qui faitle visage retrouve le « tout » dans la limite même. Il s’emploie à l’illimité.
On peut dire de même d’un concept dans un système philosophique.
L’inconscient joue un rôle prédominant en tant qu’il supporte et protège le principe de l’œuvre totale en laissant répit au producteur, un répit diurne si je pourrais dire.