Tension
Tensions entre le point achoppé d’écriture
Et la tentation du sommet
Les nuages
Je vois des nuages passer lentement
C’est peut-être là -
L’inconscient du ciel.
Derrière moi
Derrière moi à peu près 31 ans d’existence
Ça fait beaucoup de nuits
Et cerné
Je suis cerné d’oiseaux morts
Cents nuits ça fait beaucoup
Le fou et l’échelle
Un fou passe
Si il est fou
Il est complétement fou
Il dit j’ai un couteau pour dépecer le langage
Moi
Quel langage ?
SIffler qui veut dire être une bête mourante dans les rues de Londres ?
Ou vraiment en faire les limites au langage ?
Il dit pour que le sens soit sauf
Je suis celui qui prend l’échelle pour atteindre le nuage et jette l’échelle
Un fou est passé
Il a dit qu’il aller dépecer le langage
Je le comprends
C’est tellement chiant le langage
Croire qu’on m’aime
Je trace sur le sol des mots de feu
ma date débile
Croire qu’on m’aime et que j’aime
et que je loue et que je suis
alors que c’est simplement
Notre inquiétude
juste cet art
inquiet
de quoi ?
ni îles ni montagnes
ni rivières ni plaines
Juste une inquiétude
L’amour le matin en hiver
Je feuillette. Je range. Je regarde par la fenêtre. C’est blanc. Je reviens feuilleter. Tsvetaeva. Puis Darwich. J’écris un pastiche de Darwich. Je l’écris. Je le fais. Faire un pastiche. La journée commence bien.
Il y a une relation féconde entre le café et la cigarette qui s’engendre en moi. La dopamine parmi les synapses. Je reviens feuilleter. Je tombe sur la fin d’un poème « Car ce frisson – là – se peut-il / Qu’il ne soit, lui, qu’un rêve ? - / Car, par une délicieuse ironie, / Vous – Vous n’est pas lui ». Je le relis. Je vois à travers et s’engendre une autre relation tout aussi féconde que la première. Le mot, puis la suite de mots m’exaspère doucement, je tombe. J’écris cela. Je le fais. Je suis tombé sur ce poème, sur cette fin de poème. Je m’en souviens. Je le connaissais. C’est une femme qui aime comme dans une tragédie. Mais lui. Le lui générique. Le vous est détestable : vous n’est pas lui. Je le relis. La neige. La énième cigarette de la matinée. Un jour concevable. Blanc. Manteau au dehors de mon corps l’appartement. Et je feuillette, j’avise une sieste pour 15 heure. Vous – Vous n’est pas lui. Je rage d’une délicieuse ironie. J’écume sans jouir. Je projette sur le plafond blanc mon sang. Je l’écris. Je le fais. Je ne suis pas lui. Celui qui ignore. Je suis celui qui dort, nuance qu’en l’ignorance n’est pas de répit. Et pourtant ignorance n’est pas bêtise. La bêtise s’arrête devant l’évidence du poème. L’ignorance le craint. Je relis le pastiche de Darwich. Il est mauvais. Je le savais, ignorant. Y avait-il des yeux me voyant écrire ? Je ne sais pas. Les miens regardent le texte et se détournent, et en moi amertume et dégoût. Pas la couleur, la nuance, rien que la nuance.
Nota bene
Les mots ont la faiblesse de croire qu’ils sont seuls.
Propos taisant
lorsque tu te tais
il n’y a pas d’absent
car au contraire les décors restent
et les estomacs pondent
lorsque tu te tais
une matière suffoque
et ses lignes brûlent
Où toujours est jamais
Ne laisse pas le temps convertir
Les desseins qu’il a pour toi
En autres choses
Que ces mêmes desseins
Accroupis toi laisse planer le temps
Qu’il pèse comme une facture
Affectée à ta mort
Le temps a des desseins qui sont mots
Et c’est dans l’enveloppe du temps
Que nous avons fait avec les mots
Par exemple un proscrit qui ne veut pas
Se convertir en poème et qui oblige :
Toujours
Lui seul nous a engagé dès le premier matin
Et son lieu désenglué de la bouche :
Jamais
Lui seul nous a engagé jusqu’à au dernier soir
Tu ne pourras jamais surprendre le temps
Qui jadis fut toujours
Il est aujourd’hui une grammaire
Oublié : la date
Le temps, le temps, le temps
Est un ami qui a des desseins de maquereaux
Pour ta fleur virginale
Cesse l’écoute
Cesse
Tiens la cause de la vie
À bout de bras
Toi mon enfant
Aujourd’hui
Évapore toi en lui à jamais
Durcit ton armure pour toujours
Comme un autre : ô tâches de hasard
Prévenez moi de l’aurore lorsqu’elle ouvrira les yeux
Chauds de la première naissance
Faites que votre indéterminé soit mon mot : toujours
Et sans glue