Mot du matin à Eva
Ma petite souche,
Mouna dort devant moi, quelle fatigue, ta désertification, toi nomade entre le bon et le bonheur formé de parole : cela, ce pur profil c’est cette connaissance et c’est certainement ton nez que j’ai vu de côté en venant te veiller, pur profil qui t’es glissé dans ce monde entre deux sourires toi le nom de ma douceur de ma violence, qui monte dans l’air de l’insomnie et qui n’a pas d’ailes : toi dans moi.
Le canon a besoin de poudre et j’essaye d’en parler ici : rien à dire. Sauf, peut-être, j’y pense en écrivant : la douceur de ta compréhension, je ne la néglige pas, je la vois. Qu’importe la quantité ou les conséquences dans lesquelles on descend avec humour : c’est un bordel pas possible ! Ce qui est ironique là-dedans provient de la jouissance, qui remonte au contraire au principe…tu sais ma mère… et blabla…j’en ai marre et je me gausse…
J’aimerais que tu n’aies pas l’effroi, le sentiment où le coeur ne peut plus procurer la pression nécessaire pour le cerveau pour concevoir pitié ou rancune, colère ou anxiété pour quelqu’un que tu aimes ou simplement le pense (qu’importe il sera toujours temps de lier nos secrets avec le sang). J’en ai brisé… mais quoi ?
C’est dit.
Et toi ma parole, celle dont la parole sera ma pure invention étant la vie-même.
Je pars à l’Orangerie, je serai de retour tôt. Ne t’occupes pas du bazar, je rangerai. J’ai beaucoup travaillé, lu. Et lorsque je t’aurai raconté comme tu me vibres d’ici et là musicienne, si juste, si pertinente, si occupée par la morte érotique que t’échoit, lorsque je t’aurai raconté pourquoi “n’avons pas décidé de lever le bras lorsque nous levons le bras” tu connaîtras, je l’espère d’étranges hauteurs, lorsque j’écoute tes chansons, je comprends ce que veut dire ce syntagme de Demangeot “un jour, buter, sur la profondeur.”
Je m’en vais comme celui qui s’en va, pour revenir aussitôt et t’embrasser dans tes os saillants.
Je t’aime