Austin
À la terrasse d’un café à Austin (à mon sens plutôt banlieue d’Austin puisque je vois passer des voitures vrombissantes).
Voitures après voitures la vie se manque -
Je bois un café lolé à plat de couture,
Les gens entrent dans le café, il ne fait pas beau, les nuages sont aussi bas
Que des nuages qui sont bas -
Les arbres ressemblent à des arbres européens et le café à le même goût.
Alors comment sentir ce parfum texan ?
Peut-être dans cette citrouille posée là pour Halloween,
Peut-être dans la masse graisseuse autour de l’abdomen de la femme qui vient de sortir ?
Ou dans mon cœur loin de la station de métro poisseuse Pyrénées… ?
Je suis assis beaucoup, je fume, personne ne fume, je ne bois pas.
Les aliens sont pas loins, dans leurs berlines et leur astéroïdes.
Rien ne se passe, tout passe : dans un mois je serai chez moi.
Et je ne déteste pas l’étrangeté de cette situation. Les sillons des vers écrits sous le ciel raffermit d’hydrocarbure et d’une peur lointaine de ne pas participer à cette année, époque, régime, planète…
Ô je te sens plurielle Alejandra, entre mes jolis yeux et la chatte de ta mère. Entre mon membre privé et le cœur de ton pays où tu es venue à l’existence et dont le sol entre ces maisons indistinctes t’as permis de marcher pour la première fois.
Les lois ne sont pas les mêmes mais le ciel ne diffère pas de Paris. Chaque atome a fait le tour de la Terre : le monde est unique et se résume à une rondeur un peu écrasée, presque de la purée parfois.
Mes veines sont collées à mes muscles. Et mes clavicules sont des ponts sous lesquelles coulent nos sangs mêlés. Je ne vais rien comprendre à la soirée. Il n’y a pas d’astuce, il faudra attendre une dizaine de jours pour que mon cerveau comprenne à peu près de quoi il est question dans ce nouveau pays. Ce pays qui n’as pas un jour. Ce pays qui hurle et qui rit. Comme un enfant à l’approche d’un événement important.
Nous avons fait le tour du pâté de maisons à 7 heure du matin, nous étions imbriqués dans les rues pareilles à des squelettes que parcourt l'ineffectivité de l’espace