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Poésie, l'Infini Entretien

19 Octobre 2020

 
Nous cherchons à sauver les damnés. Nous trouvons la force reposante de nous exclure d’eux en les sauvant. Ce peut être un puits vide. Un vide de sens. Marx à nommer le damné comme prolétaire. Il y a chez le damné autre chose dont son Autre ne peut le sauver. C’est qu’il est le pouvoir même en puissance, la totalité retrouvée. Le souffrant est celui qui fait que le monde peut changer en son être, en sa structure binaire de classe selon Marx qui pressent que l’abolition de la propriété privé libérerait tous les damnés, les souffrants, les malheureux, en un mot les prolétaires de leur condition et cela vers une utopie d’égalité entre les hommes. Il est nécessaire donc pour un monde donné qu’il y est de la négativité, de l’inégal pour qu’à l’horizon nous puissions inférer une positivité. L’étranger devient le même. Le non-être se retrouve être. Mais il faut noter ceci : si la question d’un monde meilleur est possible c’est qu’en son origine il crée toujours de la négation de lui-même. L’union soviétique l’a montré comme la révolution culturelle chinoise. La négativité a travaillé à réduire le sédiment utopique en le transformant, en une redécouverte incessante du travail du négatif. Le monde sans classe de Marx est un monde virtuel où un autre monde inégal ou liberticide se forme. Ad vitam aeternam le monde virtuel débouche sur un monde réel dont l’origine s’ancre dans un désir d’un nouveau monde virtuel. C’est de la dialectique pure, qui forme une boucle ontologique qui part du non-être à l’être présent pour se synthétiser en désir de non-être à retrouver un être présent. Héraclite que Hegel et Marx lisait avait déjà entrevu cela.
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Le poème peut à ce niveau dialectique nous éclairer. De par son activité immédiate de renouvèlement de la pensée, forant dans le discours dialectique le sens du sens en sa qualité obligée de présence pure à la présence elle-même de tout discours sur l’être en train de se faire. Cette présence immédiate n’est pas une chimère, elle puise son origine dans la contradiction métaphysique que l’art demande à l’homme. Ce questionné de l’art sur l’homme, cette attente de réponse devant le poème demande à l’homme d’investir un espace clair, une ligne fraîche, une oasis où le sens du sens, c’est-à-dire le non-sens pensé comme sens puise en-deçà et au-delà de toute expérience du sens et retrouve son mouvement dans le dialogue incessant de l’homme à lui-même. Dieu est réprouvé et il n’existe que l’homme dans son absurdité absolu c’est à dire de n’avoir aucune base, aucune assise sur le monde de l’être sinon la pensée se pensant elle-même comme une boucle ontologique. Pourtant, en présence du poème, de l’art l’homme malheureux, l’homme absurde, l’homme dans le désert, le vide, le questionnement infiniment renouvelé de l’absurdité que l’homme incarne est appelé par le poème. Il va se confronter non à la logique du maître et de l’esclave, non à la dualité de l’enfer et du paradis (qui conditionnèrent l’espace métaphysique religieux) etc… L’homme va devoir dialoguer avec son origine et sa fin, avec la présence pure et l’absence de sens a priori. Il est dans le corps de l’homme des organes vitaux qui s’excitent nerveusement de par le stimuli du surgissement d’un événement (toujours hasardeux et qui l’oblige à la nécessité du dévoilement d’une signification dont l’homme sera mandaté et obligé de penser). C’est événement qui fait battre le cœur, physiologie atteinte dans sa matière propre, atteinte au bout de ce qu’elle peut supporter au vu de l’abstraction irréalisante de la vue d’un tableau qui frappe l’homme dans sa certitude auprès des vérités qu’il croyait à jamais stables. La sculpture rend compte d’un fait de matière abstraite car retiré du champ de la matière pour atteindre une signification secrète donc abstraite. Obligeant l’homme à chercher, au-delà de toute logique le sens qui le prélève du règne animal, qui l’oblige à se dépasser en se questionnant lui-même sur le non-sens de toute signification. Comme dit plus haut l’homme est au milieu. En deçà il y a la nappe de sens brut, au-delà il y a la signification de sa fin même. Où l’homme doit aller ? Doit diriger son regard vers quelle chose, quelle origine, quelle fin, quel commencement, quelle limite ? En cela l’homme souffrant est l’homme qui est déjà dans une signification ontologique, comme l’homme qui voit la statue qui fait vibrer ses nerfs et son cœur. L’homme malheureux est en état perpétuel de vibration devant cet absurde non-sens de la souffrance. Ici l’enfer des monothéismes peut nous éclairer. L’homme pêchant descend en Enfer, là où toute signification va le border dans une non-signification, un dialogue impossible avec son extériorité, le renvoyant toujours à lui-même dans sa chair suppliciée. Un dialogue impossible. Une pensée de soi sans dialogue est interdite par le fait que l’homme détient sa signification dans l’alternance de la parole proférée et la parole entendue en retour. L’homme dans l’Enfer est un non-homme. Le prolétaire n’a pas de signification puisqu’il souffre de l’absence de langage. D’un point de vue politique il faut donc constituer non une utopie marxienne mais un rapport universel des hommes entre eux pouvant avoir dialogue. Langage et absolu sont synonymes.
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