Poésie de Blanchot
Poésie de Blanchot
L’effrayant pouvoir du commencement atteint son sommet dans sa disparition et rend l’homme ignorant de son propre devenir. Alors il explique le monde par les Dieux, puis par le Dieu, puis par la Volonté et enfin par la science et l’art. ces dernières sont tout ce qui a plus de douteux. Car science signifie pouvoir infini et art, représentation infinie. Pour la première l’homme est l’étant dans le Réel le plus apte à s’automutiler jusqu’à l’extinction, car si le secret, si secret il y a, doit être appréhendé (et il ne sera jamais que hypothétiquement appréhendé) c’est par la négation de l’homme même que la science prend sa source en cette façon que la science a de produire uniquement et paradoxalement le Néant. Ou plutôt le néant est le commencement de la science comme appropriation de l’innapropriable. Le langage scientifique n’a pas de Dehors, il n’a aucune valeur dialectique. Il se contente d’être le même et le retour du même sur lui. Il croit être surappropriation de l’Être. Hegel puis Marx l’ont dit. L’homme technologique va supprimer son être même dans l’appropriation d’un Dehors impossible, chemin faisant, l’homme se heurte à sa finitude, et toujours têtu dans sa considération de lui-même comme ayant pouvoir sur le Réel (alors que c’est le Réel qui a pouvoir sur lui) va rendre son habitat, sa source de néant, dans la dialectique du savoir va au néant lui-même, Éternel retour qui ne crée aucune valeur et rend l’homme devenu anonyme aux prises avec ce qui a de plus dégoutant et de plus insidieux dans ce qu’il a le pouvoir de rendre conscient. La science est l’ennemi car elle médiatise l’homme du Réel, et rend le Réel encore plus obscur. La connaissance immédiate, la perception pure de toute chose rend infiniment plus compréhensible le Réel que toute construction chimérique de l’homme sur la matière. La Science veut la destruction du Réel car elle ne peut et veut n’avoir aucun rapport avec le Dehors, c’est-à-dire l’Autre, c’est-à-dire Autrui. C’est cette science même qui altère et désengorge le pouvoir de la matière, la beauté et la valeur que donne l’homme à l’amour ou à la mort.
L’art, lui aussi est douteux car comme la Science il ne fait pas de rapport direct avec le Dehors. Ou plutôt c’est le Dehors même qui rentre dans la précipitation créative de l’homme en son origine. Il n’a aucun besoin et ne produit aucun besoin. Il est l’impossible. Il est source d’accoutumance de l’homme à son besoin de se refléter. Le Dehors est son être. Il n’est plus que l’extériorité sans rapport nécessaire de l’homme à lui-même.
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