Prière aux handicapés mentaux exterminés
sur ces corps répandus
auxquels le signal de l’envol de la raison
vers elle-même n’a
pas été et jamais plus ne sera entendu
l’horizontale dans la taille
de ces corps imprévus
sur tant de tissus déployés, leurs fatigues
désir de comprendre… comprendre ?
sur cette cour vide où quelques-uns aurait su dans les larmes
cellent qui ne livrent aucun secret ?
je vous promets
à jamais la plante insomnieuse
qui revient en vous par vous
qui tisse un tissu déchirable
se résume à l’étoile froide
où vous voyez le signe du pur maintenant
détruits de ne pas avoir accepté
anéantis puisque derrière vos trois vitres
il y en avait une quatrième
mendiants de cette cage de hasard
si dans cette légèreté soudain le poids prenait corps
bien
vous avez depuis toujours oublié vos habits
oubliés votre poids de douleur
et si quelque douleur vous ont dépassés
dans cette hauteur plus haute
ou plus basse
sans plafond ni sol qui ne soit le froid
lits-horizons vous
verticales sous la nuit
sommés de quitter asile et famille
pour rejoindre le domaine
d’une autre nuit
ou d’un jour écrasant sans comprendre… comprendre ?
je vous dois de vous donner l’heure…
mais
il n’est pas d’heure
pas d’espace
ni corps ni habitat vôtre ni perdition
seulement des morceaux dont vous ignorez le destin
langue s’épaissit de vôtre mesure entière
coupé… tranché…
Et la nuit toujours maintenant serait-elle soudaine
puisque vous n’avez rien eu
rien reçu
sinon ce pur maintenant hagard
et vos yeux détachent l’invisible
du tout-proche
du contact sur le mur
il y a dans votre chant
un partage
une lame qui nous parvient
et ceci dans n’importe quelle circonstance de notre vie
le sourire
le votre
devant les fusils
attachés à votre corps chaud
de ne pas savoir
le froid
vous qui êtes dénudés jusqu’à la moelle
dans les ombres et leurs voiles
tout existe à l’entour
et personne pour vous croire
ainsi votre équilibre vous marchez
comme des machines
en votre battement d’instant et de déclin
la chambre
vous y pénétrez
vous espérez l’eau
vous souriez entre la lumière et votre image
grâce de mains plus présentes
vous avez toujours été plus accueillis
par le sens
que nous
ne nous trompons pas
grâce de votre esprit plus présent
que nos mains sans paumes
vous secouez le monde
(si être était l’oubli
de tout ce que nous sommes – en pensant ?).