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Prière aux handicapés mentaux exterminés

23 Octobre 2020

 

 

sur ces corps répandus

auxquels le signal de l’envol de la raison

vers elle-même n’a

pas été et jamais plus ne sera entendu

l’horizontale dans la taille

de ces corps imprévus

sur tant de tissus déployés, leurs fatigues

désir de comprendre… comprendre ?

sur cette cour vide où quelques-uns aurait su dans les larmes

cellent qui ne livrent aucun secret ?

je vous promets

à jamais la plante insomnieuse

qui revient en vous par vous

qui tisse un tissu déchirable

se résume à l’étoile froide

où vous voyez le signe du pur maintenant

 

détruits de ne pas avoir accepté

anéantis puisque derrière vos trois vitres

il y en avait une quatrième

mendiants de cette cage de hasard

si dans cette légèreté soudain le poids prenait corps

bien

 

vous avez depuis toujours oublié vos habits

oubliés votre poids de douleur

et si quelque douleur vous ont dépassés

dans cette hauteur plus haute

ou plus basse

sans plafond ni sol qui ne soit le froid

 

lits-horizons vous

verticales sous la nuit

sommés de quitter asile et famille

pour rejoindre le domaine

d’une autre nuit

ou d’un jour écrasant sans comprendre… comprendre ?

je vous dois de vous donner l’heure…

mais

il n’est pas d’heure

pas d’espace

ni corps ni habitat vôtre ni perdition

seulement des morceaux dont vous ignorez le destin

 

langue s’épaissit de vôtre mesure entière

coupé… tranché…

 

Et la nuit toujours maintenant serait-elle soudaine

puisque vous n’avez rien eu

rien reçu

sinon ce pur maintenant hagard

et vos yeux détachent l’invisible

du tout-proche

du contact sur le mur

 

il y a dans votre chant

un partage

une lame qui nous parvient

et ceci dans n’importe quelle circonstance de notre vie

le sourire

le votre

devant les fusils

attachés à votre corps chaud

de ne pas savoir

le froid

vous qui êtes dénudés jusqu’à la moelle

dans les ombres et leurs voiles

 

tout existe à l’entour

et personne pour vous croire

ainsi votre équilibre vous marchez

comme des machines

en votre battement d’instant et de déclin

 

la chambre

vous y pénétrez

vous espérez l’eau

vous souriez entre la lumière et votre image

 

grâce de mains plus présentes

vous avez toujours été plus accueillis

par le sens

que nous

ne nous trompons pas

grâce de votre esprit plus présent

que nos mains sans paumes

vous secouez le monde

 

(si être était l’oubli

de tout ce que nous sommes – en pensant ?).

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