Réfléchi sur la peinture
Qu’est ce que la peinture. Matière, pure matière. Mais cette matière est sujette à un évènement étrange de percolation entre son inanimée splendeur, sa force brute de ne servir que ses intérêts (prolonger une tige, créer de l’or, polir une pierre etc…) et sa vénérable position vis-à-vis de l’homme de lui être entièrement étrangère en ce qu’elle se donne à comprendre. Comment saisir le sable sans en imbiber le souvenir d’un mot, d’une émotion ou d’un acharnement contre ce qui veut tomber et seulement se fondre dans l’ordre des choses. La matière-peinture elle est tout autre : elle est l’utilisation de cette métaphore de l’homme face au non-sens de son corps (fait de matière), de son aberration face à des lois imposées par le plus grand, l’impensable dessinateur acharné de l’univers face à l’homme qui doit s’y soumettre ; mais à quel point ? Vient le peintre. Il trouve dans la matière l’illusion d’un pur faire, d’une pure écorchure faite aux théorèmes de la natürliche d’une voix et d’un geste qui s’étaient crus plus aptes à (et c’est là que la forme des formes intervient) former un équilibre. En restant simplement sur la théorie : Points, lignes, couleurs de Deleuze on comprend que l’élan créatif indetermine et met en branle à partir du premier geste sur la toile la totalité du monde tel que nous le connaissons dans le temps et l’espace et de par là indique une autre voix, celle du hasard. Car lorsque l’homme intervient, vient au monde, lorsque le réel abuse de lui ,il déclare le hasard, l’événement qu’implique l’apparition du hasard par le point (l’origine, l’atome qui se meut dans la contingence), la ligne (qui exprime l’horizon toujours renouvelé, l’infini) et la couleur (dont la source nous est toujours inconnue). La peinture est donc suspension par la surraparition du hasard de l’avènement de l’homme dans un réel qui le poussait à se réfugier non dans la contemplation mais dans la contagion des mammifères entre eux afin de faire apparaître un équilibre qu’ils croyaient à tort indépassable.