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La carte bleue

19 Décembre 2019

« j’écris pour ne pas être fou »

/ Bataille /

 

Il fait signe au serveur de sa main en imitant une sorte de gribouillage dans le vide : il veut la note. Il veut payer et partir. Il est pressé. Le serveur arrive, l’homme sort sa carte bleue, paye et part.

Le poème prend fin. Ou est-ce le début ? Ou encore : a-t-il commencé avec ce mouvement volontaire de gribouillage dans le vide car il savait comment faire avec sa main, le pouce et l’index comme pour tenir un stylo. Est-ce de la littérature que de dire ça ? Que de l’écrire ? Le poser ?

Il aurait écrit un poème dans le vide, dont je suis l’unique témoin sans compter le serveur sous ce soleil qui éclaire de tout son feu la terrasse. 

Il est parti. Il a payé et est parti.

Ce que j’écris ici a été déclenché par le hasard de l’avoir vu s’affairer à quitter le restaurant en payant ce qu’il devait. L’homme, le poème est là, ou autre part. À côté peut-être. Ou dedans.

Le poème de l’événement qu’à involontairement déclenché en moi cet homme je me demande ce que ça peut bien vouloir dire ?

Un poème qui est traversé de soleil, de chaleur, de café, de plats finis ou de plats en passe

d’être finis, une carte bleue, des doigts qui signent le vide.

L’extrême pointe de réel ici là qui me procure ce plaisir que de le décrire.

La vie qui soudain s’élève à la littérature. Dans la droite et juste description sans nombres ou alors avec de faux nombres. La virtualité de n’importe quelle phrase aurait pu décrire ou plutôt absorbé ce pan de réel. Mais j’ai choisi celles-ci.

Est-ce ça être réel ?

 

Ne le dites à personne mais je crois que j’ai écrit

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