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Recueuil : La bouche ouverte

16 Janvier 2019

 

 

1.

 

j’écho le poème

 

                                   puits sans nombres

                                   sinon la profondeur

 

et je suis beau

puisque la révolte consiste à regarder la rose jusqu’à s’en pulvériser les yeux

 

2.

 

sept fois

le dieu au secret blessé

s’est imaginé fini

 

 

Ou

 

 

sept fois

le dieu au secret serré

s’est imaginé fini

 

3.

 

 

je suis assis dans l’ombre

le ciel a des yeux

au plus profond du savoir

 

je suis debout dans la poussière

rien n’arrive

dans ce monde vierge

 

le blanc

reste à vif

 

4.

 

Le soudain.                 À Sabrina

 

La très haute langue de l’insomnie

navigue dans les ports

 

ta peau rauque s’exténue dans ma poésie

et je soulève soudain mon corps

pour te retrouver là

 

                        si peu de vision

                        pour un haut et large mat

 

fuite des intelligences

rivière folle

 

5.

 

je tourne sans relâche

jusqu’à enlacer l’Univers

et ma bouche ouvre le Temps

et mes bras ferment le Temps

 

je tourne sans relâche

            héroïne libidinale

           

 

                        je mange cette prison

                        pour la poser dans mon cœur

 

6.

 

lecture de l’immeuble

 

7.

 

tant de mots pour trembler juste

accent irrévélé

 

8.

 

ma nuque se casse mille morceaux d’amour

l’extension du mot c’est la pointe

la dérive des blocs

 

9.

 

l’image que nous permet de voir l’image qui nous permet tout

dans ce tout cette fenêtre un précipité se dégage : une nouvelle école

de nouveaux parents de nouveaux amours

un gouffre se donne en mes yeux

 

10.

 

Hommage à René Char

 

« Juxtapose à la fatalité la résistance à la fatalité. Tu connaitras d’étranges hauteurs »

 

 

Nul grille ne s’y oppose. mon rire est large comme le monde et mes amis ont des langues industrielles

 

 

11.

 

Le vent commence par souffrir

 

 

 

12.

 

qui peut se dire heureux ou malheureux avant de mourir ?

 

13.

 

le thème

le fenêtre

le contre-jour

 

14.

 

mes haches sont des dents

l’ampoule qui me sert de langue

est une dague

mes haches sont des dents

où poursuivre le poème

est une tentative de souffle

mes haches sont des dents

où poursuivre le poème

est une tentative d’holocauste de la mâchoire

mes dents sont des haches

pour dévorer l’imaginaire

ma poésie reste claire

 

 

15.

 

il a appliqué la peau

elle a collé comme il fallait

le nerf s’est levé, c’était un serpent vide

                                   un espace neuf

 

l’œil plus qu’œil : une once de

violence

 

il a appliqué la peau

et tout s’est raréfié

même l’élan noir

 

16.

 

 

l’étroit désert

des mains seules

parcourues de sables noires

la coïncidence d’un sexe dressé

dans l’espace ouvert

 

une entité utile termine la poussée poétique

et l’action du poème se fait habiter

par un autre mouvement

la bandaison blanche

 

17.

 

une histoire chaude

éclot dans ma main

une histoire japonaise

qui brode et coud

les différentes pulsations

de la membrane de l’œil

plongé dans le chaos sempiternel

de la chaise

 

18.

 

j’appuie sur la veuve

une goutte de plus la traverse

et par ses os je me souviens des

notes de la malheureuse musique

de la perte

 

19.

 

 

en dehors du ciel

un amer rivage

là où point le visage

du sourire, du miel

 

et s’épanouit la poésie

dans la rondeur des années

se scrutent du grand paradis

tous les cadavres terminés

 

20.

 

Personne

 

le travail rend libre : envahit par la pudeur l’être se consume dans un voile de négatif. je cherche un être en moi à pester à prendre et retourner. je cherche à te parler toi qui m’a troué de ton amour. je suis ton mort tout craintif de l’aube. le soleil montera et je me baisserai pour ramasser le galet d’être brûlant. et je ne le jetterai pas, je le laisserai sur le bord de la fenêtre de Personne pour qu’il m’envahisse à son tour. pour qu’il m’en perce les veinules. je resterai attentif.

 

je resterai dans cette salle de cinéma avec toi : nul silence mais ici des phrases

 

                                                                              

 nous serions alors tous les deux des

 animaux blancs ?

 

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