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PERSPECTIVES POUR UN TEXTE – MI OCTOBRE 2016

2 Décembre 2018

 

 

 

            Dans le salon d’un mort j’écris. Pour qui ?

Pour le comédien. Le comédien c’est qui ? Peut-être aurais-je le début de la réponse lorsque je me branlerai tout à l’heure.

            Dans ma petite chambre avec mes petits livres et mes petites mortes blanchâtres. Car la jouissance est un oubli de soi, l’objet n’existe pas, il n’existe que lorsqu’il s’absente, disparaît.

            Lorsqu’on lit un bon poème on endure la présence du Sujet qui a dévoilé le poème en le confondant avec un lieu. C’est ce lieu qui est le poème, le Sujet s’efface lorsque le poème arrive à son terme et que nous lecteurs nous éprouvons le désir et l’actons en s’installant dans le poème ; le désir du Sujet disant. Le poème d’Apollinaire n’existe que dans la présence et l’absence d’Apollinaire et de l’absence puis la présence de notre lecture, de notre investissement.

            Le comédien c’est donc celui qui s’installe dans la jouissance en détruisant la Main de Dieu dans l’anecdotique Réel ; la jouissance en faisant disparaître la main de l’artiste.

                                                                       *

 

            Je découvre que je suis jeune, que j’ai beaucoup de choses à endurer pour écrire, pour vivre dans la perpétuel donne artistique. Faire avec le jour. Ne pas s’oublier. En cela, profondément aimer l’existence, la déraison de l’existence, l’arbitraire de l’existence, l’anarchie des débuts.

 

                                                                       *

 

            Place au jour. Il est 17h49. La rue grouille par la fenêtre de la morte. Ils sont là, tous, s’indiquant les chemins, respectant les passages cloutés, arborant fièrement leur minable petite douceur à qui veut le voir. La vie est un calvaire. Ils sont petits du 5ème étage, ridicules, abjects. Faut-il que je les haïsse ? Finalement ils ne sont que des humains. Ce ne sont pas des peintres, des musiciens, des poètes, des scientifiques, des hommes d’états, des conquérants, des animaux.

            Ils sont définitivement humains les fils de putes. En cela ils sont haïssables.

           

                                                                       *

 

            Aujourd’hui la pluie s’est présentée à mes oreilles (encore engourdies par le silence de la nuit) lorsque je me suis réveillé vers midi. Elle crépitait sur ma fenêtre. Puis après 58 cafés je suis allé au cinéma voir Une fille inconnue, je suis parti au bout de quelques minutes tant les Dardenne m’assommaient avec leur réalisme en transit dans leurs colons, toujours minables, toujours proches de l’œil des petits hommes avides de scénographie plate, pas trop compliqué à endurer, à produire encore. Le film était tellement nul. Je suis sorti du cinéma sous la pluie qui avait continué de tomber sur Paris.

 

                                                                       *

           

            Pessoa m’émeut. Son rythme lent, presque pâteux mais tellement sûr de lui, est à chacun de ses poèmes liés à la structure du recueil : pensée de l’étrange inquiétude que procure un rapport au réel, pensée du là.

            Dans la bibliothèque de Marie j’ai trouvé un texte de Philippe Bidaine sur Pessoa. Le livre doit bien avoir 30 ou 40 ans tant il est jauni. Le design graphique, lui aussi jauni, kitsch, fait penser au livre des années 70 ou 80.

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