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ÉBAUCHE PROSE POÉTIQUE « LES FRONTIÈRES DE L’INNOCENCE »

10 Août 2018

 

Si un génie, en rêve comme à l’éveil te proposait argent et pouvoir en échange de la mort d’un enfant d’un pays lointain du tien. Que ferais-tu ?

Tu accepterais et ta vie matérielle ne serait plus un problème. Plus de taudis à Porte de la Chapelle, plus de soupe populaire, plus de prostituées avec des mst.

Accepter, et après ? Après, au ciel de la taïga comme dans une tombe que les vents de sable caressent, un corps qui fut libre de rire ou de se donner la mort. Un corps qui fut doué de mobilité d’aller là où il le désirait, un corps humain, un corps d’enfant, un corps libre figé désormais dans le souvenir de ses proches, immobile dans le minuit perpétuel de sa tombe.

Accepter et le vin hors de prix que tu offrirais à qui veut aurait le goût, je le suppose, aigre du sang des enfant. Les truffes ne seraient plus synonymes de rareté, elles deviendraient abondance comme le homard et ses pinces qui servaient autrefois. Le luxe, les femmes tant désirées. Absorbées goulûment par ton appétit féroce d’ancien abonné au néant maintenant fait de tout.

Pourtant rare aussi serait le répit de ton âme car accepter et ce serait le songe qui frigorifie ; non le songe du brigand qui ordonne son crime d’après des règles qu’ordonne sa vie morale, ni du fou qui tue par absence aux règles en leur généralité ; non, ce serait le songe de quelqu’un qui a tué vraiment. Qui a sciemment, et c’est dire, renoncer à sa parole comme sa vie. Tuer d’un coup sec, d’une simple réponse positive à ce génie pour avoir une vie plus douce, mais tes rêves seraient à jamais envahit du doute et du chagrin.

Et chaque soir avant le repos mérité d’une vie d’abondance tu reconnaîtrais dans les étoiles leurs yeux qui te prendraient en pitié.

On dit que les étoiles sont déjà mortes lorsqu’on voit leur lumière.

Accepter et ce serait ta mort, tu fuirais un monde d’où par ta faute un nom ne se prononce plus.

Alors, et je n’en doute pas, tu accrocherais une corde à un lustre d’un de tes somptueux palais, t’y accrocherais et ferait tomber le fauteuil qui te maintenait en équilibre ; entre folie et désespoir.

Quelques secondes après le génie te ramèneraient à la vie et gagerait une nouvelle promesse : celle de l’Amour. Ébahi de n’avoir vu ni dieu ni enfer, avec peine tu scruterais les yeux du génie et crierais un « oui » sonore, de peur de n’être qu’en un monde de passage, un chemin où il faut trouver des réponses aux questions que l’on se pose.

Tu reviendrais à la vie et tomberais amoureux. l’Amour, enfin.

Ton premier enfant naîtrait puis un second, enfin une famille réunit autour de toi d’un amour infini, d’une tendresse inégalable. Autour de toi, chef de famille riche et attentionné dans un pays léger et en temps de paix. Tu aimerais et tu serais aimé.

Au crépuscule de ta vie, sur ton lit, du poids tout pesant de la mort prochaine, celle que l’on sent dans le ventre et dans les muscles ; à bout, tu te demanderais encore une fois si tout cela a vraiment eu lieu.

Dans la pénombre de ta chambre, la nuit, lorsque toute personne rêverait, une question remuerait comme un couteau dans les viscères de ton ventre. Cela reviendrait.

Quelle est la frontière entre l’innocence et la culpabilité ?

Le petit corps que tu avais oublié reviendrait nager à la surface de ta pensée.

Tu chercherais autour de toi l’éclairage, la douceur. Mais nulle lumière.

Tu crierais que tu as aimé, donné à tout et à tous. Enfin, dans un dernier râle tu appellerais le génie d’apparaître et de ne pas t’abandonner. Sans un bruit un écran de fumée se ferait devant toi et de celui-ci se détacherait quelques lignes, puis plus précisément un visage d’enfant.

Tu pleurerais, seul. Puis avant de lâcher ton dernier souffle tu remarquerais que les lignes du visage en face de toi te remémoreraient un autre visage, celui d’un de tes arrière-petits-fils. Tu fermerais doucement les paupières et soufflerait son nom.

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