Le bras purulent
je circule
je donne des ordres
ça me tue : l’on ne m’écoute pas
le bras est plein de bleus
au niveau du pli, du creux
une horde de préadultes s’incline finalement
ils obéissent à la chair meurtrie
souder
ma nuit labiale provient de l’injonction à se déshabiller
la horde de préadultes s’exécutent
creux de vie blanc, rose, couleur peau je laisse faire
mis à sac du ciel qui leur tombe dessus en un éclair
des sexes se montrent
tout à l’air normal
je circule devant eux
ils sont en lignes, prêts à n’importe quoi
moi
donnant ça et là des coups de fouet sur leurs sexes
les sexes faibles se rabattent, se recroquevillent
les sexes forts grandissent
je choisis un lieu où les emmener
à l’aube, je les emmènerai dans la tornade rougeâtre
il existe une pipe coloré d’or fou qui nécessite de la solidité pour qui accepte
et ils consentiront
et ils consentiront
je les éduquerai pour ça
ils sont rares ces enfants je le sais
je me le répète pourtant trop de fois dans la nuit
je leur montre mes bleus, encore
afin de bien mettre l’ordre dans le ciel étoilé
ils sentent que le bras n’est pas là pour être nettoyé de sa mémoire
mais pour les intimider, qu’ils aient peur de l’étoile qui n’a pas d’angle
l’angle obtus, lui, est un fait du minéral
qui, dans la fuite des instants après les instants, l’eau coulant sur sa peau,
invente l’or
je ne les invite pas à voir l’or que le minéral suggère dans sa mansuétude
ils seraient interloqués
« existe-t-il des lieux où l’on a pas besoin de l’espace mais seulement de la vue ? »
demandent-ils
je me garde de répondre
le mépris est trop grand
Je reviens à ma garnison, dressée, obéissante à cause de mes pierres folles entre les sillons des cerveaux :
« agitez pour moi l’oriflamme des gens qui souffrent »
- « bien monsieur »
et ils s’exécutent dans la chaleur du bidon ville.
Mon bras purulent toujours.