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À ma mère. Janvier 2018

29 Janvier 2018

Ne touche pas les morts

Même s’ils pleurent

Ils sont inconsolables

Et tu le sais bien

 

*

 

Les feuilles sont tombées

Lorsque je suis né

Restaient deux marronniers fragiles

Et je vous aimais sans le soupçonner

Vous souteniez un monde

Le monde peut-être

 

*

 

Tu avais l’âge que j’ai aujourd’hui

Tu étais ceinte d’une couronne d’or

Et armée d’un majestueux glaive

 

*

 

Pourtant tes feuilles manquaient

Les marrons pourrissaient par terre

Comme ceux des allées de Sainte-Anne

 

Il n’y a pas d’image pour décrire

Il n’y a pas de mot pour penser l’origine

Et je jette un caillou dans le puits

Et attends désespérément le bruit qu’il pourrait provoquer

 

*

Dans les années et les secondes

Tu m’as donné ton glaive

J’ai écrit

Aussi, tu m’as donné la couronne lumineuse d’un grand-père

Et de son obscur et pourtant pénétrant souvenir

Peut-être sans le faire exprès

Mais l’acte, par un heureux hasard a été commis

Et ceci est indescriptible

 

*

 

Tu m’as appris à faire ce qui comptait pour moi

Et voilà le printemps

Comme un poème qui connaît le silence des choses

 

*

 

Lorsque je mourrai

Le vent sifflera encore

 

*

À ta mort je coudrai l’étrangeté de

 Ce qui participe à moi

En moi

Et au silence

 

*

 

Quelque chose comme un bruit

Un bruit de caillou qui tombe dans l’eau

Se fera finalement entendre

Il sera l’heure pour moi d’imaginer des transparences

Pour y voir plus clair

Pour t’aimer comme on aime un caillou

Un nuage

Avant d’aimer la vérité

 

*

Quelqu’un a fait sonner un mot

Trop tard peut-être

Mais le bruit fut exact sans nul doute.

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